Fouquet ou Foucquet (Nicolas), (suite)
La chute.
• Face à autant d'ambitions maritimes, Colbert, chargé des marines du Levant et du Ponant depuis janvier 1661 - en attendant d'être secrétaire d'État à la Marine en 1669 -, décide de perdre Fouquet. Après la mort de Mazarin (7 mars 1661), il convainc le roi de mettre fin à la puissance du surintendant. Une légion d'ouvriers travaille à Belle-Isle pour Fouquet, et la mère de ce dernier a des amis protestants. Or, deux ans après avoir pardonné au frondeur Condé, Louis XIV ne peut courir le risque d'une nouvelle insurrection, menée cette fois à partir de Belle-Isle. D'autres ports n'ont-ils pas été naguère des foyers de rébellion (La Rochelle en 1621-1628, Brouage en 1649-1653) ? Aussi, Colbert dépêche-t-il Duquesne à Concarneau : dix vaisseaux du surintendant sont saisis et 70 canons mis sous séquestre (le roi, à Rocroi, en 1643, n'en avait que 14 !).
Fouquet fut donc puni, non pour avoir fait le mal mais parce qu'il était susceptible d'en faire. Nombre d'historiens, trop influencés par des personnalités de l'époque - certaines favorables à Fouquet, tels Lefèvre d'Ormesson, La Fontaine, Saint-Évremond, Mme de Sévigné, Melle de Scudéry, Pellisson ; d'autres hostiles, tels Henri Pussort (oncle de Colbert) ou Denis Talon –, n'ont pas compris que l'« affaire Fouquet » était liée à la détermination de Colbert de devenir - comme Richelieu - le maître du littoral. La lutte acharnée qu'a livrée la « couleuvre à l'écureuil » (Fouquets signifie « écureuil » en patois angevin) était, en réalité, le prolongement de celle menée par Richelieu contre les amiraux de Vendôme, de Guise et de Montmorency pour exactement la même raison. Richelieu et Colbert parvinrent, difficilement, à satisfaire leurs ambitions maritimes. Fouquet, pour avoir eu la même volonté, acheva sa vie à Pignerol.