culture néolithique apparue vers le milieu du Ve millénaire avant J.-C. dans le Midi, qui s'est ensuite répandue en peu de siècles dans une grande partie du territoire correspondant à la France d'aujourd'hui, et a perduré jusqu'au IVe millénaire avant notre ère.
Le chasséen se forme à partir d'une évolution du cardial ; mais, en contraste avec ce dernier, sa poterie se caractérise par une quasi-disparition du décor, à l'exception de certains motifs géométriques gravés - parfois après cuisson - sur quelques récipients particuliers (assiettes à large rebord, « vases-supports » cylindriques ou quadrangulaires) ; de même, à des poteries arrondies succèdent des formes au profil aigu. On ne sait si la présence de cette poterie très spécifique sur presque tout le territoire résulte d'une migration progressive importante de la population, ou seulement de la diffusion de styles nouveaux.
De fait, dans le Bassin parisien, le chasséen se développe partiellement à partir des évolutions tardives de la culture locale du « rubané ». On distingue donc au moins, outre le chasséen méridional classique, un chasséen septentrional - auquel appartient le site éponyme de Chassey-le-Camp -, présent en Bourgogne et dans le sud-ouest du Bassin parisien, et un chasséen de l'Ouest, dont relèvent la plupart des dolmens à couloir armoricains.
Au cours de son évolution millénaire, le chasséen voit apparaître peu à peu des formes de hiérarchisation sociale, avec des tombes princières (à Saint-Michel-du-Touch, près de Toulouse, par exemple), des indices de productions et d'échanges intensifs (mines de silex), et, surtout, de grandes différences fonctionnelles entre les sites. Particulièrement remarquables sont les grandes enceintes cérémonielles, longues de plusieurs centaines de mètres, composées de fossés à interruptions fréquentes et renforcés de palissades, attestées aussi bien dans le Midi (Saint-Michel-du-Touch, Saint-Paul-Trois-Châteaux) que dans le Bassin parisien (Noyen-sur-Seine) ou en Picardie (Bazoches-sur-Vesles, etc.). Au chasséen succèdent des cultures stylistiquement beaucoup plus disparates.
chasseurs-cueilleurs. Pendant plus de 99 % de son histoire comme espace peuplé d'êtres humains, le territoire correspondant à la France a été occupé par des chasseurs-cueilleurs.
On considère que trois ruptures fondamentales ont marqué l'évolution humaine : l'apparition d'une « économie de production », avec le néolithique ; l'émergence des premières sociétés hiérarchisées, avec le chalcolithique ; enfin, la révolution industrielle du XIXe siècle. Des ethnologues ont pu avancer que les sociétés de chasseurs-cueilleurs ont été les seules « sociétés d'abondance », celles où le rapport entre le temps de travail investi dans l'alimentation et le temps de loisirs fut le plus favorable !
Les activités de chasse et de cueillette ont laissé des traces archéologiques diverses, soit par leurs produits, soit par leurs outils. La chasse offre, avec les ossements des animaux tués et consommés et les outils de pierre, des vestiges visibles ; en revanche, la pêche ou, plus encore, la cueillette sont moins observables, sauf lorsque les végétaux ont été carbonisés. D'autres activités telles que la collecte du miel ne fournissent aucun témoignage direct. L'analyse chimique des os humains peut néanmoins livrer quelques renseignements sur le mode d'alimentation. Une question reste ouverte : les tout premiers hommes, qui ne maîtrisaient pas encore la chasse, ne furent-ils pas simplement des « charognards » ? Toutefois, à l'évidence, avec leur développement psychomoteur et les progrès de l'outillage, la chasse s'est imposée. Au paléolithique supérieur, les populations vivent essentiellement de la chasse aux grands troupeaux d'herbivores (rennes, mais aussi chevaux, bovidés, voire mammouths), tandis que les harpons en os témoignent des activités de pêche. L'arc est inventé à cette époque. Lorsque le climat se réchauffe, vers 10 000 ans avant notre ère, le même mode de vie se perpétue dans un environnement tempéré, avec une faune comparable à celle d'aujourd'hui (cerfs, chevreuils, aurochs, sangliers, etc.). Avec l'apparition des agriculteurs sédentaires néolithiques de tradition proche-orientale, la chasse passe à l'arrière-plan, mais elle interviendra encore fréquemment pour un quart des ressources carnées. La pêche est également attestée par des hameçons et des poids de filets. C'est seulement avec le développement de l'économie urbaine, qui fait fortement régresser l'espace sauvage, que la chasse est définitivement marginalisée ou, du moins, réservée à l'aristocratie. En revanche, la pêche et, plus discrètement, la cueillette constitueront, jusqu'à nos jours, des ressources d'appoint.