Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Lendit (foire du), (suite)

Plusieurs facteurs contribuent au déclin de la foire du Lendit à partir du XIVe siècle : la guerre de Cent Ans et les troubles économiques qu'elle provoque, le développement de l'usage du papier et l'abandon progressif du parchemin, mais aussi les interdictions faites aux écoliers de venir troubler la foire. Désormais, des foires permanentes et l'important pôle commercial qu'est devenu Paris font concurrence à la foire du Lendit qui entre en décadence. Sous le règne de Charles VII (1422-1461), elle retrouve son animation, mais sans le rayonnement d'autrefois, et, en 1556, Henri II décide de la transférer à l'intérieur de la ville. Depuis le XVIe siècle, une foire à caractère purement local se tient, au mois d'octobre, à Saint-Denis.

Lenoir (Jean Charles Pierre),

magistrat (Paris 1732 - id. 1807).

Fils d'un lieutenant particulier au Châtelet, il se destine rapidement à une carrière judiciaire. Après avoir occupé une charge de conseiller au Châtelet, il devient lieutenant général de police en 1774. Un différend avec Turgot, portant sur l'organisation de l'approvisionnement de la capitale, entraîne une courte disgrâce (août 1775-juin 1776). Vite rappelé, Lenoir développe une action qui concerne des secteurs très divers. Il prend notamment d'importantes initiatives dans le domaine du commerce, en améliorant très sensiblement l'infrastructure des halles parisiennes. Il s'efforce également de rendre la ville plus salubre - en faisant fermer le cimetière des Innocents ou en interdisant les comptoirs en plomb chez les marchands de vin -, et impose l'éclairage ininterrompu des rues de la capitale. Quant à la création du mont-de-piété, en 1777, elle traduit une volonté de trouver des solutions ponctuelles aux problèmes de la population la plus déshéritée. Mais Lenoir est aussi un habile politique, qui se voit confier des missions délicates par le pouvoir : il est ainsi chargé de rétablir le parlement de Pau et de sévir contre celui de Provence. Les postes prestigieux de bibliothécaire du roi et de président de la Commission des finances couronnent sa carrière sous l'Ancien Régime. En 1790, il émigre en Suisse, puis se réfugie à Vienne. Ruiné lors de son retour à Paris, en 1802, il bénéficiera jusqu'à sa mort d'une pension versée par le mont-de-piété.

Leoben (préliminaires de),

préliminaires de paix entre l'Autriche et la France signés le 18 avril 1797.

Après la victoire de Rivoli, puis la capitulation autrichienne à Mantoue en février 1797, Bonaparte menace Vienne. La paix tant désirée par l'opinion française semble proche. En novembre 1796, le Directoire avait envoyé le général Clarke pour accélérer les négociations. Ses instructions reflétaient les divergences parmi les directeurs : Reubell souhaitait par-dessus tout obtenir la rive gauche du Rhin, tandis que Carnot se serait contenté de la cession définitive de la Belgique. Bonaparte, qui entend recueillir seul les fruits de ses victoires, prend l'initiative d'ouvrir des pourparlers directs avec l'Autriche le 5 avril 1797. Les émissaires autrichiens rejettent les conditions fixées par le Directoire. Alors qu'il n'a aucun pouvoir pour le faire, Bonaparte leur propose une autre solution : la Lombardie et la Belgique reviendraient à la France, Mantoue et une partie de la Vénétie, à l'Autriche. Le 18 avril, au château d'Eggenwald, près de Leoben, l'Autriche accepte cette proposition. La conclusion d'une paix définitive est renvoyée à une conférence ultérieure. Bonaparte met le Directoire devant le fait accompli en faisant connaître à Paris les préliminaires de Leoben avant leur notification officielle. Seul Reubell se prononce contre la ratification. Bonaparte vient de remporter sa première victoire sur le Directoire.

Le Pen (Jean-Marie),

homme politique (La Trinité-sur-Mer 1928).

« Monté » à Paris faire son droit, il milite dans les rangs de l'extrême droite nationaliste et devient, en 1949, président de la « corpo », syndicat des étudiants en droit. En 1952, il se porte volontaire dans l'armée et est envoyé en Indochine fin mai 1954, peu de semaines avant la fin de la guerre. Rentré en France, il s'engage aux côtés de Pierre Poujade et est élu député en janvier 1956, à l'âge de 28 ans. Ardent défenseur de l'« Algérie française », il reprend du service dans l'armée de 1956 à 1957, d'abord en Égypte, puis en Algérie où, en tant qu'officier parachutiste, il participe à des interrogatoires de membres du Front de libération nationale (FLN) pendant la bataille d'Alger. Il s'éloigne alors du mouvement poujadiste pour devenir secrétaire national du Front national combattant, et il est réélu député en 1958 sous l'étiquette du Centre national des indépendants et paysans (CNIP). L'accession de l'Algérie à l'indépendance en 1962 marginalise l'extrême droite, et Jean-Marie Le Pen est écarté de la scène politique pendant dix ans. C'est en 1972 qu'il y revient, à la tête du Front national. De 1972 à 1983, les scores électoraux de ce parti restent médiocres : Le Pen n'obtient que 0,75 % des voix à l'élection présidentielle de 1974 et ne peut se présenter à celle de 1981. Mais il parvient à unifier les différentes tendances de l'extrême droite autour de mots d'ordre ayant essentiellement pour cible les immigrés. À partir de 1983, il ressort de l'ombre : il obtient 11,3 % des voix dans le XXe arrondissement de Paris aux municipales de mars, conduit une liste qui recueille 11 % des suffrages aux européennes de 1984, entre à l'Assemblée nationale à la tête d'un groupe de trente-cinq députés en 1986, et obtient 14,4 % des voix au premier tour du scrutin présidentiel de 1988, puis 15 % en 1995. En 2002, avec 16,86% des suffrages, il devance le candidat socialiste et accède au deuxième tour, avant d'être largement battu par Jacques Chirac. Ses talents de tribun lui permettent d'exploiter l'aggravation de la crise sociale et politique, mais le succès ne modère pas ses prises de position extrémistes (sur les chambres à gaz, qualifiées de « point de détail » en 1987 ou sur l'« inégalité des races », en 1997, par exemple) et il reste l'homme public le plus impopulaire du pays. Il dirige d'une main de fer son parti mais, l'âge venant, la question de sa succession est posée.