Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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TAAF,

initiales de Terres australes et antarctiques françaises, territoire d'outre-mer de la République française institué par une loi du 6 août 1955, et subdivisé en quatre districts : trois archipels subantarctiques de l'océan Indien - les îles Crozet, les îles Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam, les îles Kerguelen - et une portion du continent Antarctique - la Terre Adélie.

Si les îles Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam sont découvertes au milieu du XVIe siècle par les Portugais, ce n'est qu'en 1772 que le navigateur français Yves Kerguelen de Trémarec reconnaît l'archipel qui, depuis, porte son nom. La même année, le capitaine Nicolas Thomas Marion-Dufresne découvre un autre archipel, auquel il donne le nom de l'historien de l'expédition, Julien Marie Crozet. Au cours d'une mission d'exploration des régions antarctiques, Dumont d'Urville découvre en 1840 la Terre Adélie, ainsi baptisée en hommage à sa femme. En 1842-1843, le gouvernement français ordonne la prise de possession des trois archipels. La Terre Adélie est, quant à elle, attribuée à la France par une conférence internationale, en 1934 ; cette attribution est confirmée par le traité de Washington (1959), qui prescrit la démilitarisation de l'ensemble du continent antarctique.

Les Terres australes et antarctiques françaises sont dépourvues de population permanente : en conséquence, ce territoire d'outre-mer n'a ni représentation parlementaire ni institutions représentatives. Il est placé sous l'autorité d'un administrateur supérieur (l'adsup) résidant à Paris et accomplissant de fréquentes tournées dans le territoire. Un pavillon dérogatoire de la marine marchande, domicilié aux Kerguelen (Port-aux-Français), est institué depuis 1986. Des missions scientifiques (météorologie, océanographie, physique du globe, glaciologie, biologie) séjournent dans chaque district et sont ravitaillées par des bâtiments de la marine nationale. Ces territoires garantissent à la France une vaste zone de pêche et sont d'une grande importance géopolitique.

tabac.

Dénommée tabaco par les Espagnols de Saint-Domingue, et petum par les Portugais du Brésil, la plante est rapportée du Canada par Jacques Cartier (1536), puis du Brésil par le moine franciscain André Thevet (1556).

Elle devient en France une panacée prise en décoction, bain ou fumigation, après qu'en 1561 Catherine de Médicis eut fait usage, contre la migraine, des feuilles de cette nouvelle plante expédiées par le représentant du roi de France à Lisbonne, Jean Nicot. Mais elle est le plus souvent « prisée » par les hommes et par les femmes des classes aisées qui, du XVIIe au XIXe siècle, adoptent l'usage des tabatières ornées. Le peuple, surtout les marins et les soldats, chique plutôt, ou fume au moyen de pipes en argile, os ou corne - les pipes en racine de bruyère, confectionnées depuis 1858, sont une spécialité jurassienne -, parfois dans des « tabacs » ou « tabagies », cabarets spécialisés apparus sous Louis XIII. La consommation de cette drogue stimulante, qui est aussi un coupe-faim compensateur des insuffisances alimentaires, décuple au XVIIIe siècle, puis passe de 1 kilo par adulte et par an en 1865 à 1,6 en 1925 et 2,4 en 1985. À la suite des expéditions militaires françaises en Espagne (1808-1813, 1823), le cigare est introduit dans les fumoirs de la bonne société masculine ; enfin, produite en France depuis 1842, la cigarette devient en 1919 la principale forme de consommation de tabac. Tous deux font, entre 1880 et 1950, le bonheur des « mégotiers ».

L'État tire profit de la taxation des importations de tabac dès 1624, ensuite de leur monopole (de 1664 à nos jours) ; ceux du débit (1674) et de la fabrication (1681) sont attribués jusqu'en 1774 à une puissante Ferme du tabac, puis sont mis en régie. La culture, d'abord répandue en Guyenne, en Provence et en Normandie, est réservée en 1719 aux provinces du Nord et de l'Est, conquises sous Louis XIV. De sorte qu'une contrebande intérieure massive se développe, quoique punie des galères ou de mort. En 1791 est rétablie la liberté de culture, de fabrication et de vente, mais Napoléon Bonaparte institue un nouveau monopole d'État pour la fabrication et la distribution (1810). À la Régie des tabacs se substitue en 1926 le Service - depuis 1980, la Société - d'exploitation industrielle des tabacs, qui reçoit en 1935 le monopole des allumettes (Seita). Également tournée vers l'exportation, elle ravitaillait 43 000 débitants en 1985 (autant qu'en 1785) en marques étrangères et françaises (Gitanes et Gauloises sont créées en 1910).

Si, dès le XVIIe siècle, l'Église et quelques médecins s'inquiètent des consommations immodérées, c'est en 1868 que moralistes, hygiénistes et médecins, dénonçant les effets malfaisants de l'« opium occidental », fondent une Association française contre l'abus du tabac. Un siècle plus tard, le Comité national contre le tabagisme incite l'État à développer une législation contraignante, mise en œuvre dès lors que les dépenses de sécurité sociale liées au tabac (cancers, maladies cardio-vasculaires) contrebalancent les recettes de son commerce.

Taillebourg

et Saintes (batailles de), batailles remportées par Louis IX sur le roi d'Angleterre Henri III Plantagenêt, les 21 et 22 juillet 1242.

Durant la première moitié du règne de Louis IX, les Plantagenêts maintiennent leurs prétentions sur le Poitou. En 1241, lorsqu'Alphonse de Poitiers reçoit le Poitou en apanage, le frère du roi d'Angleterre, Richard de Cornouailles, porte le titre de comte de Poitou. Les barons poitevins font d'abord hommage à Alphonse, y compris le comte de la Marche Hugues X de Lusignan, longtemps chef de l'opposition au pouvoir royal. Mais son épouse, Isabelle d'Angoulême, naguère reine d'Angleterre, l'incite à soulever les barons du Poitou, et fait miroiter à son fils Henri III Plantagenêt la perspective d'une conquête facile. À Noël 1241, les Lusignan défient publiquement Alphonse de Poitiers. Au printemps 1242, l'armée royale s'avance depuis Chinon, tandis qu'Henri III débarque à Royan le 20 mai. Profitant des griefs du sire de Taillebourg contre Hugues de Lusignan, Louis IX, à la tête de son armée, pénètre dans Taillebourg avant Henri III, qui parlementait en vain avec le maître des lieux. Le 21 juillet 1242, l'armée anglaise bat en retraite pour chercher un meilleur terrain de combat. Au cours de la bataille, qui a lieu le lendemain à Saintes, Louis IX met Henri III en déroute. Les barons poitevins s'avouent immédiatement vaincus, tandis que le roi d'Angleterre obtient une trêve, tente d'assiéger La Rochelle, puis rembarque définitivement pour l'Angleterre.