palais situé dans le IIe arrondissement de Paris.
Ancien palais du cardinal Richelieu, que celui-ci acquiert lorsqu'il est nommé Premier ministre de Louis XIII en 1624, il comporte un hôtel et des terrains situés en face du Louvre, où la cour du roi s'est installée depuis le XVIe siècle.
La construction du pavillon de l'Horloge par l'architecte Lemercier (1624) incite le Cardinal à confier à ce dernier l'aménagement de son hôtel en palais (1633) - comme il lui avait confié, auparavant, la reconstruction de la Sorbonne (1626) -, dans un style baroque qui demeure toutefois plus influencé par les principes de Palladio et de la Renaissance que par ceux des maîtres italiens contemporains. Sous la direction de Desgots, jardinier du roi, les jardins du Palais-Cardinal - ainsi d'abord nommés - deviennent les plus vastes du Paris de l'époque. Prudemment, en 1636, le Cardinal lègue au roi de France sa propriété, qui devient alors le Palais-Royal, résidence d'Anne d'Autriche et de son enfant, le futur Louis XIV.
Après les troubles de la Fronde, qui conduisent la famille royale à se réfugier au Louvre, le palais est attribué à Henriette-Marie de France, veuve de Charles Ier d'Angleterre, avant que le mariage de sa fille Henriette-Anne avec Monsieur, frère de Louis XIV, ne fasse entrer le domaine dans les biens de la maison d'Orléans (il le demeurera jusqu'en 1854). Le Régent, Philippe II d'Orléans, qui hérite le palais de son père, poursuit les travaux entrepris par celui-ci, constitue une collection de tableaux exceptionnelle et fait de la demeure un lieu de plaisirs réputés (les « soupers du Palais-Royal » sont restés fameux). Le petit-fils du Régent, Louis-Philippe, choisit après l'incendie de l'Opéra du Palais (1763) d'entreprendre une grande opération immobilière qui doit lui permettre de rétablir ses finances compromises par sa prodigalité extravagante : sur les trois côtés du jardin, réduit d'un tiers, le duc fait construire un ensemble de maisons de rapport, dont le rez-de-chaussée est occupé par des galeries et des boutiques. La réalisation en est confiée à Victor Louis, l'architecte de l'Opéra de Bordeaux. C'est une réussite esthétique autant que commerciale. Bordés des rues qui prennent les noms des fils du duc - Montpensier, Beaujolais et Valois -, les galeries et jardins du palais deviennent le lieu de promenade favori des Parisiens. Après un second incendie (1781), Louis-Philippe confie au même architecte la réalisation de la salle du Théâtre-Français, où s'installera la Comédie-Française (1799).
Domaine princier et, à ce titre, interdit d'accès à la police, le Palais-Royal est devenu un lieu de libertés, de débauches même, autant qu'un foyer de contestation. Depuis le café Foy, le 13 juillet 1789, Camille Desmoulins y improvise une manifestation qui prélude à la prise de la Bastille. Sous l'Empire, le palais, qui avait été le siège du Tribunat en 1799, devient celui de la Bourse et du Tribunal de commerce (1809), sans perdre cependant la fréquentation des « demoiselles » dont la galanterie attire une clientèle cosmopolite. À la Restauration, le duc d'Orléans, futur « roi des Français », décide de faire place nette : les tripots sont fermés et l'architecte Fontaine supprime les vieilles galeries de bois, qu'il remplace par un grand portique à deux colonnes, construit l'aile Montpensier et rénove celle de Valois. Cet « assainissement » provoque, paradoxalement, le déclin du lieu.
Après avoir été confisqué à la famille d'Orléans par l'empereur Napoléon III au profit du roi Jérôme de Westphalie, le palais est partiellement incendié pendant la Commune. Restauré, il est désormais le siège du Conseil d'État et du ministère de la Culture, les Sages du Conseil constitutionnel occupant l'aile de la rue Montpensier. Le palais et ses jardins sont devenus un havre de paix, que seule est venue troubler la polémique née de l'installation dans la cour d'honneur, au début des années 1980, des colonnes blanches et noires de l'artiste contemporain Daniel Buren.