Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
T

Turin (Comité de),

conseil contre-révolutionnaire (1789-1790) formé en Italie par le comte d'Artois, frère de Louis XVI.

Émigré dès le 16 juillet 1789, le comte d'Artois (futur Charles X) entraîne avec lui nobles et grands seigneurs hostiles à tout compromis avec la révolution naissante et partisans du coup de force. Le comité qu'il met en place dès septembre 1789 est ainsi composé du prince de Condé et de son fils, le duc de Bourbon, d'un certain nombre de nobles (de Sérent, d'Autichamp, de la Rouzière...) et de l'abbé Marie, son précepteur, bientôt rejoints par l'évêque d'Arras, monseigneur de Conzié, et surtout, en novembre 1790, par Calonne, qui devient la tête politique de l'émigration. Turin, terre de Victor-Amédée III, roi de Sardaigne et beau-père du comte d'Artois, a alors l'avantage d'être proche de la France et de son turbulent Sud-Est. Le comité constitue un réseau d'agents et d'agitateurs dans toute la France et demeure en liaison avec la cour de Louis XVI. Son dessein est de libérer la famille royale et de rendre au roi son pouvoir en organisant sa fuite ou en l'enlevant, mais aussi de provoquer une insurrection armée dans les provinces. C'est ainsi qu'il propose au roi de multiples plans de fuite, et entretient, en mettant notamment à profit le conflit religieux, une importante agitation contre-révolutionnaire. Cependant, à la suite du retentissant échec de la conspiration de Lyon (décembre 1790), qu'il a organisée et à laquelle Louis XVI était hostile, le comte d'Artois est contraint de quitter Turin en janvier 1791. Il rejoint bientôt la Rhénanie, où s'organise l'émigration militaire avec pour but la reconquête du royaume depuis l'étranger.