droits de l'homme et du citoyen (Déclaration des), (suite)
Principes politiques et systèmes de gouvernement.
• Les ambiguïtés du texte sont cependant bien réelles. Les principes sont posés, mais quel système politique et institutionnel permettra de les appliquer au mieux ? La Déclaration n'implique, de façon explicite, aucune forme d'organisation des pouvoirs. C'est une force, car elle peut être source de légitimité universelle ; c'est aussi une faiblesse, car tous, même ceux qui, dans les faits, la bafouent obstinément, peuvent s'en réclamer. La Déclaration s'offre donc comme un texte de référence à l'aune duquel tous les hommes engagés sur la scène publique peuvent être jugés, en conformité ou en contradiction avec les principes fondateurs. Le respect des droits de l'homme devient une source de reconnaissance et une forme de revendication politiques. Mais aucune autorité supérieure aux enjeux de pouvoir, et chargée de veiller à l'application réelle des principes énoncés, n'a été mise en place. La grande question, posée mais non résolue par cette Déclaration, sera donc de penser le passage des principes à la Constitution, puis des principes à l'action politique. Les différentes Déclarations qui lui succéderont peuvent être comprises de ce point de vue. En 1793 (Déclaration de l'an I), le droit à l'insurrection contre un pouvoir arbitraire, les droits sociaux (secours publics, instruction), sont intégrés au document, témoignant de la radicalisation du mouvement révolutionnaire. En 1795 (Déclaration de l'an III), le texte écarte les droits les plus revendicatifs, tout en réaffirmant son attachement aux « principes de 1789 ». Depuis lors, cette formule figure en tête de la plupart des textes constitutionnels français ou internationaux de tradition démocratique - notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme (adoptée en 1948 par l'Unesco, sous l'influence de René Cassin) et la Constitution de la Ve République, votée en 1958.