Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

Moulins (ordonnance de),

ordonnance promulguée par Charles IX en février 1566.

Élaborée au sein d'un Conseil élargi réuni à Moulins en janvier 1566, elle porte la marque du chancelier Michel de L'Hospital, qui en est le principal inspirateur. Comme les autres grandes ordonnances de « réformation », elle intervient sur des matières très variées : elle complète les dispositions antérieures concernant l'organisation de la justice (limitation de la compétence des justices urbaines, modalités de recrutement des juges, uniformisation des procédures) ; elle redéfinit le droit de remontrance des parlements, leur déniant la faculté de s'opposer à l'enregistrement ou à l'application d'un édit ; elle restreint les pouvoirs des gouverneurs de provinces à leurs fonctions militaires ; elle réaffirme le principe d'inaliénabilité du domaine royal, et précise les conditions de constitution des apanages.

L'ordonnance de Moulins, promulguée au terme d'un « tour de France » (1564-1566) qui a permis au roi et à la reine mère Catherine de Médicis de s'enquérir de l'état du royaume, couronne l'intense activité législative déployée par la monarchie sous l'impulsion de Michel de L'Hospital, dans les années 1560-1568. À un moment où le pouvoir royal est menacé de dissolution en raison des luttes entre factions, elle manifeste la volonté de préserver l'intégrité de l'État et d'affirmer la primauté de la loi du roi sur les particularismes.

Mounier (Jean-Joseph),

homme politique (Grenoble 1758 - Paris 1806).

Juriste brillant, avocat et juge royal à Grenoble, il joue un rôle important dans le mouvement des idées qui agite le Dauphiné en 1787-1788 en étant l'un de ceux qui préconisent la réunion des trois ordres dans un projet de réforme de la société. Dans une vision inspirée des expériences anglaise et américaine, il propose déjà d'instaurer un système bicaméral, qui respecterait le pouvoir royal et accorderait l'égalité politique. Représentant du tiers état, il se tient en retrait par rapport aux positions plus radicales de Mirabeau ou de Sieyès. Plus proche, à partir de juillet 1789, d'hommes comme Malouet, il défend l'établissement de deux Chambres, craignant le « despotisme » d'une seule Assemblée et le pouvoir du peuple. Ses propositions (pouvoir législatif conféré à l'Assemblée et veto absolu accordé au roi) sont repoussées par les députés en novembre 1789. Après la marche sur Versailles, les 5 et 6 octobre 1789, refusant la violence populaire, il démissionne de l'Assemblée et émigre, alors qu'une campagne de pamphlets se déchaîne contre « Monsieur Veto ». Combattu par les contre-révolutionnaires, qui ne lui pardonnent pas ses idées libérales, il ne joue aucun rôle pendant la Révolution et rentre en France en 1801, avant de devenir préfet puis conseiller d'État.

mousquet,

arme à feu utilisée aux XVIe et XVIIe siècles.

Le mousquet apparaît dans les armées dans la première moitié du XVIe siècle. Intermédiaire entre les anciennes hacquebutes ou autres arquebuses - largement utilisées dès le XVe siècle - et les futurs fusils, cette arme à feu portative reste lourde (de 7 à 8 kilos) et peu maniable : de calibre et de poids plus importants que l'arquebuse, le mousquet nécessite l'emploi d'une fourquine sur laquelle s'appuie le canon. Son tir est donc lent à mettre en œuvre et, en outre, peu précis, même si sa puissance permet de percer les cuirasses. Les fantassins dotés de cette arme ne constituent d'abord qu'une force d'appoint chargée de harceler l'adversaire avant le choc frontal des carrés d'infanterie lourde, et leur influence reste secondaire. Au XVIIe siècle, le mousquet est perfectionné et allégé. Il devient alors l'une des armes essentielles du champ de bataille, équipant parfois jusqu'à un tiers des effectifs en présence : l'ordonnancement des troupes s'en trouve modifié, au profit de corps de bataille moins compacts et plus mobiles. La suppression des compagnies de mousquetaires en 1775 illustre le déclin d'une arme désormais désuète, supplantée par le fusil - plus léger et plus maniable - à partir du début du XVIIIe siècle.

mousquetaires,

sous l'Ancien Régime, soldats d'infanterie, puis de cavalerie.

Par l'entremise d'Alexandre Dumas, le mousquetaire est entré dans l'histoire et dans la légende. Grâce aux Trois Mousquetaires (1844) - qui étaient en réalité quatre -, personne ne peut oublier l'« affaire des ferrets de la reine », ni les affrontements avec les gardes du cardinal de Richelieu, ni l'infâme Milady. Ce succès d'édition considérable est suivi de Vingt ans après (1845) et du Vicomte de Bragelonne (1848-1850). En fait, Alexandre Dumas a pris avec l'histoire des libertés bien pardonnables. Dans la réalité, selon le chroniqueur Pierre de Brantôme, les mousquetaires sont des soldats d'infanterie qui guerroient au début du XVIIe siècle, associés aux piquiers. Ils sont armés du mousquet, un engin lourd qui exige une fourche pour le tir, et dont la mise à feu s'effectue au moyen d'une mèche incandescente. À la fin du XVIIe siècle, l'invention du fusil doté de la baïonnette à douille, combinant arme à feu et arme blanche, entraînera la disparition du mousquetaire servant dans l'infanterie.

Toutefois, à partir de 1622, le terme « mousquetaires » désigne aussi des cavaliers d'élite armés d'épées et de pistolets. Tels sont ceux dont s'inspire Alexandre Dumas. Ils s'intègrent dans la Garde et, surtout, dans la Maison du roi, qui atteint son apogée à la fin du règne de Louis XIV. Forte de 10 000 hommes, la Maison constitue l'élite de l'armée : quatre compagnies de gardes du corps, une de gendarmes de la Garde, deux de gendarmes et de chevau-légers, les cent-suisses, les gendarmes du roi ; enfin, deux compagnies de mousquetaires, la première créée en 1622, sous le règne de Louis XIII, et la seconde en 1660. La couleur de la robe de leurs chevaux distingue ces deux compagnies : on parle ainsi des « mousquetaires gris » et des « mousquetaires noirs ». Supprimées en 1775, restaurées en 1814, ces dernières disparaîtront définitivement en 1815. Les mousquetaires ont donné leur nom à des éléments d'habillement, gants à crispin, bottes à revers, poignets d'une chemise, ainsi qu'à une forme de coiffure féminine propre au XVIIIe siècle.