de),dit le Balafré, troisième duc de Guise, grand capitaine (1550 - Blois 1588).
Petit-fils de Claude Ier de Lorraine, fils du triumvir François de Guise assassiné en 1563, Henri de Guise se trouve très jeune à la tête d'un ensemble territorial considérable impliquant une puissante clientèle nobiliaire et se voit investi du gouvernement de Champagne et de Brie, des offices de grand maître et de grand chambellan. Il perpétue l'imaginaire familial de croisade en combattant le Turc en Hongrie (1566), puis en participant aux opérations militaires antihuguenotes (défense de Poitiers en 1569). En 1570, il épouse Catherine de Clèves, fille du duc de Nevers. Son rôle dans le premier massacre de la Saint-Barthélemy fut sans doute capital : il aurait à la fois accompli une vengeance contre Coligny, jugé par son lignage responsable de la mort de son père, et servi de bras armé à un crime politique décidé par la royauté. Au début du règne d'Henri III, il façonne son image de défenseur de la foi en battant une armée de mercenaires allemands à Dormans (1575), puis en soutenant à distance la première Ligue (1576), enfin en nouant des liens avec l'Espagne (1578).
Son véritable engagement est consécutif à la mort du duc d'Anjou, alors que l'ascendance carolingienne de la maison de Guise est exaltée : à l'issue d'une réunion des chefs nobiliaires catholiques (septembre 1584) est fondée la seconde Ligue, vouée à l'extirpation de l'« hérésie », soutenue par des fonds espagnols et structurée idéologiquement par la publication du Manifeste de Péronne (mars 1585).
Par une prise d'armes qu'inspirent une conception aristocratique de la monarchie participative et un refus de la politique alternative d'Henri III (rôle des mignons) plus que des vélléités subversives, Henri de Guise impose au roi le traité de Nemours de 1585 (périodicité des États généraux...) et l'édit du 18 juillet (interdiction du culte réformé et entérinement de la déchéance d'Henri de Navarre de ses droits sur la couronne de France). Confronté à la stratégie savante du roi, à la prédominance politique du duc d'Épernon et aux succès militaires d'Henri de Navarre, il amplifie son image de nouveau David protecteur de la foi en écrasant des mercenaires protestants (Vimory et Auneau, 1587) et en renforçant son alliance espagnole. Puis, tout en marquant ses distances à l'égard des activistes de la capitale, il tente de prendre le contrôle de Paris et de capturer le duc d'Épernon : malgré l'interdiction royale, il entre dans la ville le 9 mai 1588, empêchant ensuite que la journée des Barricades ne dégénère en bain de sang et cherchant à négocier avec Henri III.
Le roi, après avoir signé l'édit d'Union par lequel il s'alignait sur les exigences de la Ligue, lui confère le titre de lieutenant général du royaume (4 août) en vue d'une guerre d'éradication de la Réforme. C'est à Blois, durant la réunion des États généraux dominés par ses partisans, qu'Henri de Guise est assassiné, le 23 décembre 1588. Cet événement est un coup d'État, dirigé peut-être moins contre une pratique dictée par l'ambition personnelle que contre une tentative ligueuse visant à infléchir l'autorité monarchique dans un sens délibératif, tentative sur laquelle s'était appuyé Henri de Guise en cherchant à imposer à Henri III son rêve de croisade.