Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Guise (François Ier (suite)

À l'avènement de Charles IX, François de Guise est écarté par la régente Catherine de Médicis. Il forme alors avec le connétable de Montmorency et le maréchal de Saint-André un « triumvirat » opposé à la politique de conciliation religieuse que mène le pouvoir royal sous l'impulsion de Michel de L'Hospital. Il n'a peut-être pas prémédité, comme on l'a dit parfois, le massacre des protestants à Wassy (1er mars 1562), mais il s'accommode facilement de cet événement, qui rend inévitable la première guerre de Religion. La même année, après avoir repris Rouen aux protestants, il bat les troupes de Condé à Dreux, s'imposant ainsi comme l'arbitre de la situation. Mais, en 1563, au cours du siège d'Orléans, il est assassiné par Poltrot de Méré, gentilhomme huguenot qui a peut-être agi à l'instigation de l'amiral de Coligny. Après sa mort, la famille de Guise retrouve son crédit à la cour, grâce à l'influence qu'exerce le cardinal de Lorraine sur Catherine de Médicis.

Guise (Henri Ier

de),dit le Balafré, troisième duc de Guise, grand capitaine (1550 - Blois 1588).

Petit-fils de Claude Ier de Lorraine, fils du triumvir François de Guise assassiné en 1563, Henri de Guise se trouve très jeune à la tête d'un ensemble territorial considérable impliquant une puissante clientèle nobiliaire et se voit investi du gouvernement de Champagne et de Brie, des offices de grand maître et de grand chambellan. Il perpétue l'imaginaire familial de croisade en combattant le Turc en Hongrie (1566), puis en participant aux opérations militaires antihuguenotes (défense de Poitiers en 1569). En 1570, il épouse Catherine de Clèves, fille du duc de Nevers. Son rôle dans le premier massacre de la Saint-Barthélemy fut sans doute capital : il aurait à la fois accompli une vengeance contre Coligny, jugé par son lignage responsable de la mort de son père, et servi de bras armé à un crime politique décidé par la royauté. Au début du règne d'Henri III, il façonne son image de défenseur de la foi en battant une armée de mercenaires allemands à Dormans (1575), puis en soutenant à distance la première Ligue (1576), enfin en nouant des liens avec l'Espagne (1578).

Son véritable engagement est consécutif à la mort du duc d'Anjou, alors que l'ascendance carolingienne de la maison de Guise est exaltée : à l'issue d'une réunion des chefs nobiliaires catholiques (septembre 1584) est fondée la seconde Ligue, vouée à l'extirpation de l'« hérésie », soutenue par des fonds espagnols et structurée idéologiquement par la publication du Manifeste de Péronne (mars 1585).

Par une prise d'armes qu'inspirent une conception aristocratique de la monarchie participative et un refus de la politique alternative d'Henri III (rôle des mignons) plus que des vélléités subversives, Henri de Guise impose au roi le traité de Nemours de 1585 (périodicité des États généraux...) et l'édit du 18 juillet (interdiction du culte réformé et entérinement de la déchéance d'Henri de Navarre de ses droits sur la couronne de France). Confronté à la stratégie savante du roi, à la prédominance politique du duc d'Épernon et aux succès militaires d'Henri de Navarre, il amplifie son image de nouveau David protecteur de la foi en écrasant des mercenaires protestants (Vimory et Auneau, 1587) et en renforçant son alliance espagnole. Puis, tout en marquant ses distances à l'égard des activistes de la capitale, il tente de prendre le contrôle de Paris et de capturer le duc d'Épernon : malgré l'interdiction royale, il entre dans la ville le 9 mai 1588, empêchant ensuite que la journée des Barricades ne dégénère en bain de sang et cherchant à négocier avec Henri III.

Le roi, après avoir signé l'édit d'Union par lequel il s'alignait sur les exigences de la Ligue, lui confère le titre de lieutenant général du royaume (4 août) en vue d'une guerre d'éradication de la Réforme. C'est à Blois, durant la réunion des États généraux dominés par ses partisans, qu'Henri de Guise est assassiné, le 23 décembre 1588. Cet événement est un coup d'État, dirigé peut-être moins contre une pratique dictée par l'ambition personnelle que contre une tentative ligueuse visant à infléchir l'autorité monarchique dans un sens délibératif, tentative sur laquelle s'était appuyé Henri de Guise en cherchant à imposer à Henri III son rêve de croisade.

Guise (maison de),

branche de la maison de Lorraine, dont plusieurs membres jouent un rôle politique de premier plan durant les guerres de Religion.

Héritier du comté de Guise (Aisne), Claude de Lorraine (1496-1550) est récompensé de ses faits d'armes par François Ier, qui érige le comté en duché-pairie en 1528 : il devient ainsi le premier duc du nom. Ses fils et petits-fils, chefs de guerre et hommes d'Église, vont s'imposer sur la scène politique à la faveur d'une des crises les plus graves qu'ait traversées l'État monarchique. Amorcée sous le règne d'Henri II, l'ascension de la maison de Guise se déroule ensuite sur fond de dégradation constante du pouvoir royal, et ne s'interrompt qu'en 1588, avec le double assassinat d'Henri et de Louis, commandité par Henri III. Deux générations d'acteurs politiques se succèdent entre 1560 et 1588 : la phase initiale des troubles religieux est dominée par le duc François (1519-1563) et son frère le cardinal Charles de Lorraine (1524-1574), qui s'érigent en chefs de file des catholiques intransigeants, à la mort d'Henri II ; à partir du règne d'Henri III, le fils de François, le duc Henri (1550-1588), secondé dans la Ligue catholique par son frère le cardinal Louis (1555-1588), exerce une suprématie politique croissante, qui fait de lui le véritable rival du souverain.

Durant ces décennies tourmentées, la maison de Guise dispose de plusieurs atouts essentiels : l'importance de sa clientèle nobiliaire, l'alliance, chez ses membres les plus en vue, du prestige militaire et de l'autorité ecclésiastique, et, surtout, l'inflexibilité de son engagement religieux, qui tranche sur les incertitudes et les louvoiements de la politique royale. Forts de l'assentiment populaire au moment où la crise dynastique atteint son paroxysme, n'ont-ils pas, en tant que descendants des derniers rois carolingiens, envisagé sérieusement leurs droits à la succession ? Leur principale erreur, et la raison de leur chute, est sans doute d'avoir attisé un fanatisme conduisant à une impasse politique : la collusion trop évidente de la Ligue avec l'Espagne, ajoutée à ses excès et à la lassitude générale, ne pouvait que lui aliéner une grande partie du camp catholique.