Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
I

impôt sur le revenu. (suite)

L'impôt sur le revenu n'a jamais été véritablement accepté en France. Il a été constamment combattu dans son principe par les groupes parlementaires de droite pendant l'entre-deux-guerres. Alors qu'il est certainement l'impôt le plus équitable, il ne représente aujourd'hui que 18 % (310 milliards de francs) des ressources de l'État, loin derrière les impôts indirects et, en premier lieu, la TVA ( 634 milliards ; 43 %), créée en 1954. Mais, parce que l'obligation de déclaration et l'absence de retenue à la source le rendent particulièrement « douloureux », le législateur a multiplié les catégories d'abattements, de sorte qu'un contribuable sur deux est aujourd'hui totalement exonéré de l'impôt progressif sur le revenu.

incroyables, muscadins

et merveilleuses, membres de la jeunesse dorée, tenant le haut du pavé au sortir de la Terreur révolutionnaire et exprimant un certain défoulement collectif.

Ils forment, jusqu'au printemps 1795, les hommes de main et l'avant-garde de la réaction thermidorienne. Parlant en escamotant les r dans une attitude pâmée, parfumés de musc et affichant, en opposition à l'austérité républicaine, une tenue vestimentaire excentrique, ces jeunes gens ont aussi à la main un bâton plombé (le « rosse-coquin »). Petits commis, fils de famille ou trafiquants enrichis, ayant souvent échappé à la conscription, ils opèrent en bande dans des « promenades civiques », faisant la chasse au jacobin et au sans-culotte, s'en prenant aux symboles de l'an II, et provoquant impunément troubles et bagarres qui permettent de sévir contre les démocrates. Prenant leurs ordres dans le journal de Louis Fréron, terroriste transfuge, ils obtiennent ainsi la fermeture du Club des jacobins ou encore la dépanthéonisation de Marat.

Cependant, cette politique de provocation, qui mène à l'insurrection populaire du 12 germinal an III (1er avril 1795), devient vite encombrante pour les thermidoriens. Après l'échec de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), à laquelle ils participent, les muscadins ne représentent plus qu'un phénomène de mode. Le Directoire est alors le temps des merveilleuses déambulant nues dans des fourreaux de gaze transparents, « à l'antique », actrices et égéries, mondaines et demi-mondaines vouées au plaisir et à la frivolité, et dont les plus fameuses restent Mme Tallien, Mme Récamier, Joséphine de Beauharnais ou Pauline Bonaparte.

Inde française,

nom donné à plusieurs établissements disséminés en Inde, qui constituent une colonie à partir de 1673, puis un territoire d'outre-mer de 1946 à 1954, avant d'être intégrés à l'Union indienne.

Menées françaises, et intérêts anglais.

• L'implantation française en Inde remonte à 1673, lorsque François Martin, agent de la Compagnie des Indes orientales, fonde le comptoir de Pondichéry sur la côte du Coromandel, puis, en 1686, celui de Chandernagor, sur un bras de l'Hooghly, proche de Calcutta. En 1719, ces établissements, centres d'un commerce actif, sont placés sous l'autorité de la Compagnie française des Indes, créée par John Law, qui nomme un gouverneur général résidant à Pondichéry. Trois autres comptoirs, de moindre importance, sont fondés au XVIIIe siècle : Mahé en 1721, Karikal en 1738 et Yanaon en 1751. L'Inde française connaît une expansion spectaculaire, quoique éphémère, sous le gouvernement de Dupleix (1742-1754) ; ce dernier, désireux d'édifier un vaste empire, s'empare de Madras, conclut de nombreux traités avec les princes indiens - notamment les souverains des royaumes de Hyderabad et du Carnatic -, passe des alliances et acquiert des territoires pour garantir à la France plus de 900 kilomètres de côtes, du Bengale au cap Comorin. Mais Dupleix, après quelques succès, se heurte aux intérêts anglais, et il est rappelé en France par Louis XV. Son successeur, Lally, doit capituler devant les Anglais à Pondichéry. Cette défaite sonne le glas de l'expansion française en Inde. Le traité de Paris, conclu en 1763, ne laisse à la France que ses cinq comptoirs, qui sont pris en main par l'administration royale en 1769. Ces établissements, dispersés et difficiles à défendre, vont subir l'occupation des troupes anglaises pendant la guerre de l'Indépendance américaine, de 1778 à 1783, puis de 1793 à 1802 et de 1803 à 1816.

De la réorganisation à l'indépendance.

• La colonie fait alors l'objet d'une réorganisation : elle est subdivisée en cinq districts, correspondant aux cinq comptoirs, auxquels s'ajoutent des « loges », ou entrepôts commerciaux, acquis au XVIIe siècle (Balasore, Cassimbazar, Jougdia, Dacca, Patna, Masulipatam, Calicut, Iskitipitsch et Surat). Malgré quelques tentatives d'implantations d'industries textiles, elle traverse une période de léthargie résultant de la stagnation du commerce, due à la concurrence anglaise. À partir de 1848, et en conséquence de l'abolition de l'esclavage dans l'empire colonial français, elle devient un centre de recrutement de main-d'œuvre indienne dite « libre » (les coolies) pour les plantations sucrières des Antilles et de la Réunion. On estime que, de 1848 à 1863, environ 70 000 travailleurs se sont ainsi embarqués pour la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion et, dans une moindre mesure, la Guyane. Cependant, ces engagements n'ont pas toujours été volontaires.

Sous la IIIe République, l'Inde française, assimilée aux « vieilles colonies », bénéficie d'une représentation parlementaire (un député et un sénateur), les autochtones étant électeurs, tout en conservant leur statut personnel coutumier. Mais la corruption électorale sévit ; le magnat de la presse Pierre Alype, élu député à quatre reprises de 1881 à 1893, a pu être considéré comme « le propriétaire du suffrage universel ». Un double collège existe pour les élections ; cette situation favorise la formation, sous l'impulsion de Pounoutamby-Laporte, d'un parti dit des « renonçants » (autochtones, souvent chrétiens, abandonnant leur statut pour bénéficier des mêmes droits que les Français de souche et pouvoir accéder à tous les emplois publics). À la fin du siècle, on assiste à un certain essor des industries textiles (usines Gaebelé en 1878, Rodier en 1899, tissage du jute à Chandernagor). Des nationalistes indiens, opposants à la domination britannique, trouvent ensuite refuge dans la colonie : l'installation à Pondichéry, en 1914, de l'ashram du philosophe Sri Aurobindo en constitue un exemple.