nom donné à plusieurs établissements disséminés en Inde, qui constituent une colonie à partir de 1673, puis un territoire d'outre-mer de 1946 à 1954, avant d'être intégrés à l'Union indienne.
Menées françaises, et intérêts anglais.
• L'implantation française en Inde remonte à 1673, lorsque François Martin, agent de la Compagnie des Indes orientales, fonde le comptoir de Pondichéry sur la côte du Coromandel, puis, en 1686, celui de Chandernagor, sur un bras de l'Hooghly, proche de Calcutta. En 1719, ces établissements, centres d'un commerce actif, sont placés sous l'autorité de la Compagnie française des Indes, créée par John Law, qui nomme un gouverneur général résidant à Pondichéry. Trois autres comptoirs, de moindre importance, sont fondés au XVIIIe siècle : Mahé en 1721, Karikal en 1738 et Yanaon en 1751. L'Inde française connaît une expansion spectaculaire, quoique éphémère, sous le gouvernement de Dupleix (1742-1754) ; ce dernier, désireux d'édifier un vaste empire, s'empare de Madras, conclut de nombreux traités avec les princes indiens - notamment les souverains des royaumes de Hyderabad et du Carnatic -, passe des alliances et acquiert des territoires pour garantir à la France plus de 900 kilomètres de côtes, du Bengale au cap Comorin. Mais Dupleix, après quelques succès, se heurte aux intérêts anglais, et il est rappelé en France par Louis XV. Son successeur, Lally, doit capituler devant les Anglais à Pondichéry. Cette défaite sonne le glas de l'expansion française en Inde. Le traité de Paris, conclu en 1763, ne laisse à la France que ses cinq comptoirs, qui sont pris en main par l'administration royale en 1769. Ces établissements, dispersés et difficiles à défendre, vont subir l'occupation des troupes anglaises pendant la guerre de l'Indépendance américaine, de 1778 à 1783, puis de 1793 à 1802 et de 1803 à 1816.
De la réorganisation à l'indépendance.
• La colonie fait alors l'objet d'une réorganisation : elle est subdivisée en cinq districts, correspondant aux cinq comptoirs, auxquels s'ajoutent des « loges », ou entrepôts commerciaux, acquis au XVIIe siècle (Balasore, Cassimbazar, Jougdia, Dacca, Patna, Masulipatam, Calicut, Iskitipitsch et Surat). Malgré quelques tentatives d'implantations d'industries textiles, elle traverse une période de léthargie résultant de la stagnation du commerce, due à la concurrence anglaise. À partir de 1848, et en conséquence de l'abolition de l'esclavage dans l'empire colonial français, elle devient un centre de recrutement de main-d'œuvre indienne dite « libre » (les coolies) pour les plantations sucrières des Antilles et de la Réunion. On estime que, de 1848 à 1863, environ 70 000 travailleurs se sont ainsi embarqués pour la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion et, dans une moindre mesure, la Guyane. Cependant, ces engagements n'ont pas toujours été volontaires.
Sous la IIIe République, l'Inde française, assimilée aux « vieilles colonies », bénéficie d'une représentation parlementaire (un député et un sénateur), les autochtones étant électeurs, tout en conservant leur statut personnel coutumier. Mais la corruption électorale sévit ; le magnat de la presse Pierre Alype, élu député à quatre reprises de 1881 à 1893, a pu être considéré comme « le propriétaire du suffrage universel ». Un double collège existe pour les élections ; cette situation favorise la formation, sous l'impulsion de Pounoutamby-Laporte, d'un parti dit des « renonçants » (autochtones, souvent chrétiens, abandonnant leur statut pour bénéficier des mêmes droits que les Français de souche et pouvoir accéder à tous les emplois publics). À la fin du siècle, on assiste à un certain essor des industries textiles (usines Gaebelé en 1878, Rodier en 1899, tissage du jute à Chandernagor). Des nationalistes indiens, opposants à la domination britannique, trouvent ensuite refuge dans la colonie : l'installation à Pondichéry, en 1914, de l'ashram du philosophe Sri Aurobindo en constitue un exemple.