collège, (suite)
Au début de la période moderne, les collèges sont fréquentés par des enfants d'artisans en ville, et par des fils de paysans aisés dans les campagnes. Au début du XVIIe siècle, on compte 60 000 élèves, dont 40 000 dans les institutions des jésuites, alors attachés à la gratuité de l'enseignement et réticents à l'égard du pensionnat. Mais cette ouverture sociale se restreint au cours de la seconde moitié du siècle : les élèves sont issus de plus en plus majoritairement des élites urbaines ou de l'aristocratie. Cette tendance s'accompagne de la multiplication des internats, où le prix des pensions est souvent élevé.
Critiques et déclin.
• Au siècle des Lumières, malgré certains établissements prestigieux, tel le collège Louis-le-Grand, où Voltaire fut élève, la prépondérance des langues mortes, une pédagogie fondée essentiellement sur la mémoire, ainsi qu'une discipline trop rigide, suscitent les critiques des Philosophes. Aussi, suivant l'exemple des écoles militaires ouvertes à des disciplines nouvelles, les plus grands collèges accordent-ils une place aux langues vivantes, à la géographie et aux sciences, tandis que les établissements provinciaux les plus modestes, trop lents à s'adapter, sont délaissés par les élèves.
En 1762, l'expulsion des jésuites, remplacés en partie par les oratoriens et les bénédictins, s'accompagne de nombreux projets de réformes réclamant une uniformisation de l'enseignement et son contrôle par l'État. Ces projets sont partiellement réalisés sous la Révolution : déjà largement démantelés en 1793, les collèges sont officiellement supprimés le 6 ventôse an III (25 février 1795) et remplacés par des écoles centrales. Dorénavant, l'instruction devient publique. Les lycées, qui se sub-stituent à leur tour aux écoles centrales par la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802), reprennent certaines caractéristiques de la pédagogie des collèges, tout en conservant les apports de la période révolutionnaire. Mais le terme « collège » perd sa force et son originalité : il n'est plus utilisé, au XIXe siècle, que pour désigner un lycée fondé par une municipalité. Au XXe siècle, il faut attendre les années soixante pour qu'il soit à nouveau employé, dans une acception spécifique.