Isabeau de Bavière,
reine de France de 1385 à 1422 (Munich 1371 - Paris 1435).
Fille du duc de Bavière Étienne II de Wittelsbach et de Tadea Visconti, elle épouse le roi de France Charles VI en 1385. De cette union naissent huit enfants : trois fils, les dauphins successifs, Louis, Jean et Charles (le futur Charles VII), et cinq filles.
À partir de 1392, la maladie du roi oblige Isabeau à exercer des responsabilités politiques auxquelles elle n'était pas préparée. Dans le conflit qui oppose les princes pour l'exercice du pouvoir, elle se rapproche d'abord de Louis, duc d'Orléans et frère du roi. Des rumeurs circulent sur la nature de leurs relations. Outre cette hypothétique liaison, on reproche à la reine ses origines étrangères, ses liens familiaux avec les Visconti, ainsi que le temps qu'elle consacre aux amusements de la cour, alors que le royaume de France connaît de nombreuses difficultés. Lorsque la guerre civile s'aggrave, Isabeau, après bien des hésitations et des renoncements, finit par rallier le parti du duc de Bourgogne Jean sans Peur, qui est assassiné en 1419. Elle est même présente lors de la signature du traité de Troyes avec les Anglais et les Bourguignons (21 mai 1420), acceptant de remettre en cause la légitimité de son fils Charles et de marier sa fille Catherine au roi d'Angleterre, Henri V, qui devient ainsi l'héritier du trône de France.
Après la mort à la fin de l'année 1422 de Charles VI, Isabeau ne joue plus guère de rôle politique, et termine sa vie dans sa résidence parisienne de l'hôtel Saint-Paul.
Isly (bataille de l'),
victoire remportée, lors de la conquête de l'Algérie, le 14 août 1844 sur l'Isly (oued du Maroc oriental) par les troupes françaises du général Bugeaud sur les troupes marocaines alliées à l'émir Abd el-Kader.
Au début des années 1840, Abd el-Kader, qui préfère les coups d'éclat à la bataille rangée, est traqué par l'armée de Bugeaud qui quadrille l'Algérie. En 1843, le duc d'Aumale s'empare de la smala de l'émir, qui doit solliciter l'aide du Maroc en 1844. Le sultan Abd ar-Rahman accepte, et lui fournit une base arrière pour ses approvisionnements, appuyant la résistance kabyle dirigée par Bensalem, beau-père d'Abd el-Kader. Une ambassade française tente une première fois de rappeler au Maroc son obligation de neutralité, mais sans succès. Bugeaud franchit alors la frontière algéro-marocaine avec une partie du corps expéditionnaire français. Face à lui, Moulay Mohammed, fils du sultan, à la tête de l'armée chérifienne, installée derrière l'oued de l'Isly. Après un semblant de négociation, outrepassant les ordres reçus, le général français engage le combat ; malgré leur infériorité en nombre, ses troupes bousculent sans difficulté les bataillons arabes. Pendant ce temps, la marine française bombarde Tanger et Mogador. Bugeaud, que le roi fera duc d'Isly en septembre, consolide ainsi la frontière et prend un avantage important sur son adversaire : le sultan chérifien doit demander la paix, lourde de conséquences pour Abd el-Kader. Privé de son allié, chassé du Maroc après avoir essayé de reconstituer ses bases dans le Rif, ce dernier doit bientôt se rendre aux Français. La bataille d'Isly, seule bataille rangée de la colonisation de l'Algérie, accélère la conquête du pays.
Istiqlal,
en arabe Al-hizb al-istiqlal (« parti de l'Indépendance »), principal parti nationaliste marocain, fondé en 1943.
En 1934, le mécontentement des jeunes Marocains à l'égard des dérives du protectorat et l'opposition au dahir berbère de 1930 - un décret du sultan qui soustrait la population berbère à la juridiction musulmane - entraînent des manifestations à Fès, ainsi que la fondation par quelques intellectuels de cette ville de l'Action marocaine, dont la figure marquante est Allal al-Fassi, professeur à l'université Qarawiyyin. Ce groupe élabore un programme de réformes prévoyant un allègement des structures du protectorat et l'élection d'une Assemblée. Mais ces revendications se heurtent à une fin de non-recevoir. Allal al-Fassi est exilé, et le groupe se scinde en deux tendances rivales. À la fin de l'année 1943, les partisans d'Allal al-Fassi réorganisent le mouvement, sous le nom du parti de l'Istiqlal, dont le manifeste (11 janvier 1944) réclame l'indépendance et la réunification du Maroc. En raison des très nombreuses adhésions recueillies dans toutle pays, le parti doit affronter l'hostilité de la Résidence, du colonat et des grands caïds conservateurs (dont le pacha el-Glaoui), mais il s'attire bientôt l'active sympathie du sultan Mohammed ben Youssef, qui, sommé de le désavouer, doit s'incliner (1948). Après la déposition du sultan et pendant son exil (août 1953-fin 1955), le parti joue un rôle central dans le mouvement de résistance populaire qui aboutit au retour du souverain et à l'indépendance. Il détient tous les portefeuilles dans le gouvernement de transition formé par Si Bekkaï (novembre 1955).
Après l'indépendance, le parti, affaibli par une scission de gauche en 1959, perd beaucoup d'influence dans l'opinion, en raison des revendications territoriales d'Allal al-Fassi, dont les aspirations à reconstituer le « Grand Maroc » sont qualifiées par le Palais de « divagations islamo-historiques ».
Italie (campagnes d'),
campagnes militaires menées par le général Bonaparte en Italie entre 1796 et 1800.
Les victoires de Bonaparte entre 1796 et 1797 révèlent son génie militaire et politique ; et la campagne de 1800 renforce son prestige de Premier consul. En 1796, la coalition antifrançaise de 1792 est réduite à l'Angleterre, à l'Autriche et au royaume de Sardaigne. Sous le Directoire, deux armées de 80 000 hommes chacune sont lancées sur Vienne, mais elles sont stoppées en Allemagne. Chargés d'opérer une simple diversion, les 40 000 soldats républicains de l'armée d'Italie, commandés par Bonaparte, entrent en action.
Avec 70 000 hommes, les armées sarde et autrichienne sont supérieures en nombre. Mais le 12 avril 1796, la victoire de Montenotte les sépare, et les Français prennent l'avantage en les attaquant tour à tour. Dès le 28 avril, le roi de Sardaigne signe un armistice avec le général, qui outrepasse ainsi ses pouvoirs. Isolés, les Autrichiens se replient. Le 10 mai, la victoire française de Lodi permet à Bonaparte de pénétrer en Lombardie : c'est lors de ce combat audacieux que ses soldats le surnomment le « petit caporal ». De juillet 1796 à janvier 1797, il déjoue quatre tentatives autrichiennes pour débloquer Mantoue assiégée et, drapeau à la main, se distingue au pont d'Arcole en novembre 1796. Le 14 janvier 1797, la victoire de Rivoli, puis la capitulation de Mantoue lui ouvrent la route de Vienne. Son irrésistible progression aboutit à la signature d'un armistice, confirmé par le traité de Campoformio (17 octobre 1797).