Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Arthur III,

connétable de France et duc de Bretagne de 1457 à 1458 (1393 - 1458). Second fils du duc Jean IV, il hérite à la mort de son père, en 1399, du comté anglais de Richmond, dont il porte le titre, francisé en Richemont.

Capturé par les Anglais à Azincourt (1415), il est libéré en 1420 pour avoir aidé à convaincre son frère, Jean V, duc de Bretagne, d'adhérer au traité de Troyes, signé par Henri V d'Angleterre et le roi de France Charles VI, et qui fait du souverain anglais l'héritier du trône de France. Marié à une sœur de Philippe III le Bon, duc de Bourgogne, il réintègre l'alliance française à la suite du duc de Bretagne, en 1425. Promu connétable de France, Richemont se révèle un organisateur efficace et un habile tacticien, mettant sur pied ce qui deviendra dans les décennies suivantes l'armée de la victoire. Porté aux intrigues de cour, il est écarté du pouvoir, en 1428, par Charles VII, au profit de La Trémoille, et se retire dans ses seigneuries du Poitou. En 1433, il est rappelé par le roi, qui veut isoler diplomatiquement le duc de Bedford, régent du royaume de France. Il travaille alors à une réconciliation avec la Bourgogne, dont le succès, consacré par le traité d'Arras en 1435, ouvre la route de Paris aux armées royales. Promu lieutenant du roi pour tous les pays reconquis, il mène victorieusement l'offensive française dans le Maine et en Normandie.

En septembre 1457, ses neveux François Ier et Pierre II étant morts sans héritier direct, il devient duc de Bretagne. Il cherche, à l'image de ses prédécesseurs, malgré la charge de connétable et le rôle politique qu'il conserve à la cour de France, à préserver l'autonomie du duché contre l'influence française grandissante.

artillerie.

L'arme principale de l'artillerie, le canon, apparaît au début de la guerre de Cent Ans, lors de la bataille de Crécy (1346), et devient très vite l'instrument décisif de la guerre de siège.

Charles V ordonne ainsi que ses « bonnes villes » soient dotées de bouches à feu et crée un premier corps d'artillerie. Sous Charles VII, les frères Bureau développent cette artillerie lourde qui permet, en un an, de faire tomber les villes et les forteresses de Normandie. Ils sont également à l'origine d'une artillerie de campagne, capable d'opérer sur le champ de bataille en dépit du poids encore imposant des pièces. À son entrée en Italie, en 1494, Charles VIII dispose de 140 canons lourds et de 226 pièces légères. Mais il faut encore 20 chevaux pour tirer les premiers, et 7 pour les secondes. À Marignan comme à Pavie, l'artillerie permet de faire la différence.

Organisation et professionnalisation.

• Sous Richelieu, puis sous Louis XIV, cette arme connaît un développement considérable. Les Français adoptent alors les procédés mis au point par les Hollandais et les Suédois pour accroître la mobilité des pièces et la rapidité de chargement. Cet essor s'accompagne d'une prolifération des calibres, que Vallières, en 1732, s'efforce de restreindre, ramenant leur nombre à sept. En 1765, Gribeauval est à l'origine d'une nouvelle réforme : il réduit encore le nombre de calibres, allège les pièces, et développe des procédés rapides de pointage. L'adoption de gargousses en papier ou en toile facilite le chargement et augmente la cadence de tir. Pendant de nombreuses années, cette artillerie sera considérée comme la meilleure d'Europe, et servira, sans modifications notables, durant les guerres de la Révolution et de l'Empire. Simultanément, elle cesse d'être un organisme servi par des spécialistes civils : elle utilise le concours occasionnel de fantassins pour devenir un corps militaire. À la fin de l'Ancien Régime, l'armée royale compte ainsi 7 régiments d'artillerie, soit près de 1 000 officiers et 11 000 hommes. La Révolution complétera cette organisation par une artillerie « volante » ou à cheval agissant en liaison avec la cavalerie. De 1792 à 1815, le nombre de canons ne cesse d'augmenter. Lui-même ancien artilleur, Napoléon accorde un rôle croissant à l'artillerie : on compte 80 canons à Austerlitz, 100 à Wagram, 120 à la Moskova.

Une modernisation progressive.

• Par la suite, les innovations importantes adviennent sous le Second Empire : essais de nouveaux matériels, canons-obusiers, pièces rayées, canons se chargeant par la culasse. Toutefois, en 1870, l'artillerie française reste composée, pour l'essentiel, de pièces se chargeant par la bouche. Cependant, elle demeure nettement inférieure, en nombre et en qualité, à celle d'outre-Rhin dotée de canons en acier se chargeant par la culasse, d'une portée et d'une précision plus grandes.

Après 1871, un gros effort de rénovation est entrepris. Inspirés des réalisations allemandes, les canons Lahitolle de 80 et de 95 mm et les pièces de Bange de 90, 120 et 155 mm, d'une portée de 7 à 9 kilomètres, apparaissent. Les explosifs sont également améliorés. Le plus grand succès français concerne alors la mise au point du canon de 75, adopté en 1897, pourvu d'un frein hydraulique et tirant un obus à forte capacité explosive. Toutefois, au début de la Première Guerre mondiale, l'artillerie lourde française est nettement surclassée ; elle ne rattrapera son retard qu'en 1917-1918, avec des canons de 105 et 155. Dans les deux camps, le conflit est marqué par des préparations d'artillerie de plus en plus intenses, pour neutraliser les positions fortifiées de l'adversaire. Lors de la signature de l'armistice, la France dispose de plus de 13 500 canons et d'un effectif supérieur à 450 000 hommes ; plus de 300 000 obus sont produits quotidiennement, au lieu de 15 000 en 1914.

Dans l'entre-deux-guerres, l'artillerie de campagne et l'artillerie lourde ne sont pas modernisées. Les innovations portent sur le développement de pièces antichars de 25 ou de 47, mais la défense antiaérienne (DCA) légère est négligée, et la motorisation reste encore très limitée. Ce manque de mobilité constitue la raison essentielle du rôle décevant de l'artillerie pendant la campagne de 1940.

Avec le réarmement des troupes françaises d'Afrique en 1943, l'artillerie est dotée de canons américains de 105 ou de 155. Ils seront largement utilisés dans d'autres conflits, notamment en Indochine, avant d'être remplacés par des matériels français de 155, automoteurs ou tractés.