Cavaignac (Louis Eugène),
général et homme politique (Paris 1802 - château d'Ourne, Sarthe, 1857).
Fils du conventionnel Jean-Baptiste Cavaignac et frère de Godefroy Cavaignac, opposant à la monarchie, il est issu d'un milieu républicain qui le marque profondément. Polytechnicien, il entre dans le génie en 1824, et participe à l'expédition de Morée en 1829. Mais, en raison de son opposition affichée au régime de Juillet, il est mis en disponibilité pendant deux ans, avant d'être envoyé en 1832 en Algérie, où ses faits d'armes - expédition de Mascara, tenue du Méchouar de Tlemcen face à Abd el-Kader - lui valent une rapide promotion. Lorsque la révolution de 1848 éclate, il est gouverneur de la province d'Oran. Le Gouvernement provisoire le nomme général de division et gouverneur général de l'Algérie. Louis Eugène Cavaignac est alors un militaire, soucieux d'ordre, formé à l'école coloniale : il est antisocialiste mais profondément républicain. Il siège à l'Assemblée constituante et accepte, en mai, le ministère de la Guerre. Pressentant les troubles, il organise la défense de Paris avant même la fermeture des Ateliers nationaux et les émeutes de juin 1848. Le 23 juin, dès le début du soulèvement, il reçoit le commandement des forces armées. La légende noire, colportée par Lamartine, veut qu'il ait alors laissé l'insurrection s'étendre afin de se rendre indispensable et d'imposer sa dictature : une attitude qui cadre mal avec son passé et son action à venir. En fait, il agit en militaire plus qu'en homme politique, préparant sa riposte stratégique après avoir pris connaissance des forces et positions de l'adversaire. La répression n'en est pas moins féroce, les 25 et 26 juin. Cavaignac tente bien, après la bataille, d'éviter les exécutions sommaires - mais son nom reste attaché aux massacres - qui le coupent définitivement de la gauche radicale. Le 29 juin, il remet ses pouvoirs à l'Assemblée constituante, qui lui confie la direction de l'exécutif. Les résultats de son action à la tête du pays sont mitigés. Républicain, il abolit l'esclavage, maintient le suffrage universel et le droit d'association, et on alloue plusieurs millions de francs pour secourir les indigents. Mais, piètre politique, il tente de se concilier tantôt la droite, tantôt la gauche, par des mesures contradictoires, qui lui aliènent l'un et l'autre camp. Aisément battu à l'élection présidentielle de décembre par Louis Napoléon Bonaparte, il quitte le pouvoir. Opposant au prince-président, il est arrêté le 2 décembre 1851, puis relâché. Élu deux fois au Corps législatif, en 1852 et en 1857, il refuse de prêter serment à l'empereur et ne peut siéger. Retiré dans son château de la Sarthe, il meurt subitement en 1857.
Cavaignac (Godefroy),
homme politique (Paris 1853 - château d'Ourne, Sarthe, 1905).
Fils de Louis Eugène Cavaignac, Godefroy est élevé dans le souvenir de son père et de son attachement aux idéaux républicains. Polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, membre du Conseil d'État (1881), il est élu député de la Sarthe en 1882, figurant alors parmi les représentants de l'Union républicaine - l'ancien groupe politique fondé par Gambetta - qui rassemble caciques du régime, opportunistes et radicaux modérés. Sa carrière ministérielle s'ouvre en 1885 : il est sous-secrétaire d'État au ministère de la Guerre, un portefeuille qu'il détiendra encore à deux reprises, en 1895-1896, puis en 1898.
C'est alors qu'il prend part à l'affaire Dreyfus, et va donner, à son corps défendant, un tour décisif aux événements. Antidreyfusard, doctrinaire et défenseur intransigeant de l'armée, il croit abattre les partisans de la révision du procès en citant à la tribune de la Chambre les pièces produites par le commandant Henry pour accabler Dreyfus. Mais une expertise révèle la falsification opérée par Henry, qui, au lendemain de son arrestation, se suicide. Cavaignac doit démissionner, non sans continuer d'affirmer sa conviction de la culpabilité de Dreyfus. Sa carrière politique est terminée. Son attitude dans l'Affaire illustre le parti pris de bon nombre de républicains, même radicaux, en faveur de l'armée, arche sainte à laquelle l'on ne peut porter atteinte : elle y témoigne aussi de la division des groupes politiques, par-delà le clivage entre la gauche et la droite.
cavalerie,
troupes à cheval, puis, depuis le XXe siècle, ensemble des troupes blindées.
S'il existe des guerriers à cheval avant le XIe siècle, ce n'est qu'à cette époque que le rôle du cavalier commence à prévaloir sur celui du fantassin, et que la cavalerie se transforme en chevalerie, institution militaire au recrutement aristocratique.
D'une organisation féodale à un corps d'armée.
• Le chevalier est d'abord revêtu d'une simple cotte de mailles, puis apparaît, au XIVe siècle, l'armure qui le protège intégralement. Sa monture, quant à elle, reste vulnérable. L'arme de prédilection du chevalier - la lance - est destinée, lors de la charge, à rompre les lignes ennemies. Les chevaliers sont de bons guerriers, mais indisciplinés, qui ne connaissent que le combat individuel. À Courtrai (1302), ils sont décimés par la piétaille flamande, et, au cours de la guerre de Cent Ans, les fantassins anglais leur infligent de lourdes pertes (Crécy, 1346 ; Poitiers, 1356 ; Azincourt, 1415). En 1445, pour pallier les insuffisances du recrutement féodal, Charles VII opte pour une cavalerie soldée avec la création de compagnies d'ordonnance, chaque compagnie comportant 100 lances, et chaque lance, 6 hommes. Au début du XVIe siècle, la cavalerie subit durement la concurrence de l'infanterie, composée de piquiers et d'arquebusiers. Si, en 1494, elle représente encore les deux tiers de l'armée de Charles VIII, trente ans plus tard, sous François Ier, elle n'en constitue plus que le dixième. Une diversification voit également le jour : à côté de la cavalerie lourde, toujours composée de membres de la noblesse, apparaît une cavalerie légère, formée d'arquebusiers, de « carabins » et de « pistoliers », qui harcèlent l'ennemi de coups de feu avant de charger à l'épée.