Union française, (suite)
L'Union française est une construction bâtarde, fruit d'une tentative de synthèse entre deux tendances incompatibles : l'assimilation et l'association. Elle ne correspond à aucune catégorie connue du droit constitutionnel (confédération, fédération, État fédéral) ; aussi est-elle qualifiée par un contemporain de « monstruosité juridique ». L'historienne Denise Bouche estime qu'« au terme d'une gestation pénible, l'Union française n'était pas née viable », et le juriste Pinto écrit : « En fermant aux nationalistes [...] les voies pacifiques d'une transformation progressive, la Constitution ouvrait le cycle infernal des insurrections et des guerres civiles. »
Les institutions fonctionnent en effet très mal, et le Haut Conseil ne se réunit que de 1951 à 1954. L'Assemblée, dont les membres métropolitains sont souvent désignés parmi des candidats battus aux législatives et n'ont pas de compétence en la matière, offre surtout un « lot de consolation pour recalés du suffrage universel ». Elle élabore divers projets de réorganisation, qui ne sont finalement pas étudiés par le législateur. L'échec de l'Union française est particulièrement net en Indochine, où les États associés cherchent rapidement à s'affranchir du régime qui leur est imposé. L'Union française disparaît en septembre 1958, avec l'adoption de la Constitution de la Ve République, et fait place à une nouvelle structure à l'existence éphémère (1958-1960), la Communauté.