Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

Faisceau (le), (suite)

Valois espérait une « nouvelle alliance du patriotisme et de la vie ouvrière », rêvait d'un syndicalisme anti-individualiste, plaidait pour de hauts salaires et un État coordinateur, blâmait Mussolini de s'être compromis avec les possédants. De telles positions ne pouvaient que heurter son public, qui voyait dans le fascisme une milice conservatrice. Il n'a pas davantage réussi à convaincre le monde ouvrier, malgré la spectaculaire adhésion à son mouvement de Marcel Delagrange, maire communiste de Périgueux. Cette vision idéaliste et sociale du fascisme, fort éloignée de sa réalité historique, ne pouvait se concrétiser durablement.

Fallières (Armand),

homme politique, président de la République de 1806 à 1813 (Mézin, Lot-et-Garonne, 1841 - id. 1931).

La carrière politique de Fallières est typique de la IIIe République ; d'origine paysanne, avocat, républicain, il suit le parcours habituel à partir de 1870 : conseiller municipal, maire (révoqué en 1873), conseiller général (1871), député (1876), sénateur (1890). Plusieurs fois ministre - de l'Intérieur, des Cultes, de la Justice, de l'Instruction publique et des Beaux-arts (1880-1885, 1887-1892) -, il est le premier président du Conseil (29 janvier 1883-20 février 1883) renversé par le Sénat, dont il devient président, à la suite de Loubet, le 3 mars 1899, avant de lui succéder à la présidence de la République, le 18 février 1906. Ce républicain modéré - que les gauches ont préféré à l'ancien radical Doumer -, cultivé et discret, jouit d'une réelle popularité, à laquelle contribuent sa simplicité, son physique avenant, son accent. Président-arbitre hostile à la peine de mort, bien informé et au jugement sûr, il désigne à la tête du gouvernement plusieurs personnalités éminentes : Clemenceau, Briand, Caillaux, Poincaré, qui doivent faire face à une situation intérieure souvent troublée (querelle des Inventaires, agitation sociale). Ses visites officielles à l'étranger (Angleterre, Belgique...) confortent la position diplomatique de la France (Triple-Entente en 1907). En février 1913, Fallières se retire définitivement de la vie politique.

Falloux (loi),

loi votée en 1850 qui organise la liberté de l'enseignement confessionnel et congréganiste.

Le contexte de son élaboration.

• La question scolaire est pour les républicains de 1848 une question décisive. Hippolyte Carnot dépose le 30 juin un projet de décret relatif à l'obligation et à la gratuité de l'enseignement primaire. Les conservateurs, qui rendent les instituteurs responsables des risques de révolution, font du retrait de ce projet l'une des conditions de leur soutien à Louis Napoléon Bonaparte. À peine élu, celui-ci leur donne satisfaction. Dans le ministère du 20 décembre, le comte de Falloux, qui est ministre de l'Instruction publique, représente, plus encore que les légitimistes, les évêques. Pour préparer la nouvelle loi, il nomme une commission dont la présidence est confiée à Adolphe Thiers. Naguère voltairien et anticlérical, celui-ci veut désormais confier l'instruction primaire à l'Église. Ce revirement trahit la grande peur qui a saisi les bourgeois après les journées de juin 1848. Mais, pour le catholique libéral Montalembert ou le philosophe Victor Cousin, qui sont membres de la commission, ce serait violer le principe de la liberté que d'attribuer au clergé ce monopole. Le projet de loi est mis en discussion au début de l'année 1850, alors que Louis de Parieu est ministre de l'Instruction publique. Le 15 janvier, Victor Hugo prononce contre le texte un de ses plus célèbres discours. La loi est votée le 15 mars par 399 voix contre 237.

Loi cléricale ou loi de compromis ?

• La liberté de l'enseignement est moins réglementée que jamais. Aucun titre n'est exigé des maîtres : ainsi, le brevet de capacité peut être remplacé par la qualité de ministre d'un culte ou par un certificat de stage, ce qui favorise les Frères ; pour l'enseignement féminin, une lettre d'obédience remise aux religieuses par leur supérieure et attestant leur appartenance à une congrégation peut suffire. « Le résultat, résume Charles Seignobos, fut de couper la jeunesse française en deux fractions élevées dans un esprit opposé. » Si elle place l'instituteur sous la surveillance tracassière du curé, la loi n'entraîne pas la fermeture des écoles normales. Elle ne rompt pas davantage avec les fondements du monopole de l'Université, hérité du Premier Empire. En ce qui concerne l'enseignement secondaire, l'article 69 prévoit que « les établissements libres peuvent obtenir des communes, des départements ou de l'État un local et une subvention, sans que cette subvention puisse excéder le dixième des dépenses annuelles de l'établissement ». C'est cette disposition que François Bayrou, ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement d'Édouard Balladur, a en vain tenté d'abroger en 1993, provoquant une grande manifestation des défenseurs de l'école publique, le 16 janvier 1994. Cet épisode (paradoxal, puisque c'est alors le camp laïc qui défend une loi réputée cléricale) permet ainsi de vérifier que la loi Falloux n'est pas un texte absolument réactionnaire, mais le fruit d'un compromis, inacceptable pour les républicains et cependant en deçà des prétentions extrêmes du clergé.

Famille (pacte de),

nom donné au traité, signé en 1761, qui établit une union étroite entre les Bourbons de France (Louis XV), d'Espagne (Charles III), de Naples (Ferdinand IV) et de Parme (Philippe de Bourbon).

Depuis 1756, la guerre de Sept Ans met aux prises les Anglais et les Français. À la mort du roi Ferdinand VI (1759), le demi-frère de ce dernier, Charles III, accède au trône d'Espagne. Le nouveau roi s'inquiète de l'hégémonie anglaise en Amérique du Nord et cherche à se rapprocher de la France. Au printemps de 1761, des négociations s'engagent entre Choiseul et l'envoyé espagnol Grimaldi ; elles aboutissent le 15 août à la signature du pacte de Famille.

Ce texte est plus qu'un simple traité d'alliance : il devient progressivement l'un des axes majeurs de la politique extérieure française. Les deux cours souhaitent s'appuyer sur « les liens du sang » pour faire « subsister à jamais un monument solennel de l'intérêt réciproque ». Le pacte garantit toutes les possessions territoriales des parties contractantes et pose comme principe que tout ennemi de l'une des branches de la maison de Bourbon devient ipso facto l'ennemi de toutes les autres ; les cours de Naples et de Parme sont appelées à se joindre à cette union. L'Espagne s'engage à entrer en guerre contre l'Angleterre, et Louis XV, à soutenir les revendications espagnoles lors des futurs traités de paix avec Londres. Le pacte de Famille prévoit également une série de privilèges économiques réciproques. Il subsistera jusqu'à la Révolution française.