déportation, (suite)
Les premiers gazages homicides ont eu lieu dès septembre 1941, dans les sous-sols du bloc 11 d'Auschwitz I : des malades jugés incurables et des prisonniers soviétiques qualifiés de « fanatiques » ont été asphyxiés à l'aide de zyklon B. Mais c'est à partir de juillet 1942 que les gazages prennent une tournure systématique. Le 4 juillet, une première « sélection » est opérée sur un convoi de juifs slovaques : les prisonniers déclarés « aptes » au travail sont séparés des « inaptes » - tous les enfants, vieillards, femmes enceintes -, destinés à être exécutés immédiatement. Dès lors, tous les convois de déportés juifs de France seront soumis à cette sélection, un nombre variable, mais toujours faible, de déportés étant admis dans le camp. Sont mis alors en chantier quatre crématoires d'une conception nouvelle puisqu'ils comportent, outre les installations de crémation, une salle de déshabillage et une chambre à gaz ; ils fonctionneront, en totalité ou partiellement, de mars 1943 à novembre 1944, date à laquelle Himmler donne verbalement l'ordre d'arrêter les gazages.
Le 7 octobre 1944, les détenus chargés de faire fonctionner la chambre à gaz-crématoire IV, un des Sonderkommandos (commandos spéciaux), se révoltent et la détruisent. À partir de décembre 1944, les Allemands font procéder au démantèlement des chambres à gaz-crématoires II et III. Le 18 janvier 1945, devant l'avancée de l'Armée rouge, ils jettent sur les routes quelque 60 000 détenus déjà exténués, les dirigeant par un froid polaire, tantôt à pied, tantôt en wagons à bestiaux découverts, vers les camps de concentration de l'Ouest : Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen... Cet épisode est resté dans les mémoires comme la « Marche de la mort ». Le 27 janvier 1945, les avant-gardes soviétiques libèrent les camps du complexe d'Auschwitz. Il ne reste plus alors que 6 000 détenus environ - dont quelques centaines de déportés de France -, ceux qui étaient trop faibles pour se déplacer ou qui avaient réussi à se soustraire aux évacuations. Aussi, l'immense majorité des survivants d'Auschwitz sont-ils libérés dans d'autres camps, en avril ou mai 1945.
Le retour.
• Le rapatriement des déportés, toutes catégories confondues, commence en mars 1945. Il est quasiment terminé en août. La grande majorité d'entre eux arrivent à Paris, à l'hôtel Lutétia, principal centre de rapatriement. Ils sont pour la plupart très diminués et doivent séjourner dans des hôpitaux ou des maisons de repos. Presque tous souffriront, leur vie durant, des séquelles psychiques ou physiques de leur déportation.
Dès leur retour, les déportés témoignent, rédigeant notamment de nombreux récits. Ils se regroupent en associations, pour se retrouver, défendre leurs droits, aider les plus démunis, organiser des cérémonies commémoratives et ériger des mémoriaux. Dans ces années d'après-guerre, la déportation est largement assimilée à la Résistance, et la spécificité du sort des juifs est peu évoquée. Le camp-symbole est alors Buchenwald, celui où la Résistance, organisée principalement par les communistes allemands, fut la plus importante. Le réveil de la mémoire juive s'affirme dans les années soixante. Dès lors, la déportation des juifs de France, effectuée avec la complicité du gouvernement de Vichy, donne lieu à plusieurs affaires judiciaires. Auschwitz a désormais remplacé, dans la mémoire collective, Buchenwald comme symbole des crimes nazis.