CGT (Confédération générale du travail), (suite)
Vers de nouvelles scissions.
• Dès octobre 1936, le secrétaire général adjoint, René Belin, lance le journal Syndicats pour endiguer la progression des communistes. La CGT est de plus en plus divisée : les accords de Munich suscitent des débats et l'échec de la grève générale lancée le 30 novembre 1938 aggrave les tensions. Après le pacte germano-soviétique et la dissolution du Parti communiste par le gouvernement Daladier en septembre 1939, de nombreux ex-unitaires sont exclus de la confédération. Celle-ci est dissoute par le régime de Vichy, le 9 novembre 1940, en même temps que les autres syndicats. Durant l'Occupation, alors qu'une minorité des anciens réformistes de la CGT accepte la politique de la Collaboration (René Belin devient ministre du Travail du gouvernement de Vichy), les communistes tentent de regagner le terrain perdu. Le 17 avril 1943, les anciens cégétistes engagés dans la Résistance, réformistes et révolutionnaires confondus, réunifient la confédération (accords du Perreux). Mais, à la Libération, la division de la gauche a une nouvelle fois des conséquences sur l'unité syndicale. Alors que la CGT défend une ligne productiviste entre 1944 et 1947, soutenant l'effort de reconstruction, elle adopte ensuite, dans le contexte de la guerre froide naissante, une politique dure de revendication salariale débouchant sur les grandes grèves de 1947. Cette situation provoque le départ, derrière Léon Jouhaux, d'une minorité anticommuniste (décembre 1947), à l'origine de la création de la CGT-FO en avril 1948.
La CGT incarne désormais un syndicalisme proche du Parti communiste (ses secrétaires généraux successifs, Benoît Frachon, Georges Séguy, Henri Krasucki, Louis Viannet, sont - jusqu'en 1996 - membres de l'appareil dirigeant du PCF). Elle mène des actions revendicatives, et se préoccupe des problèmes de la paix, se démarquant parfois du PCF, comme lors de la guerre d'Algérie, en s'engageant très vite en faveur de l'arrêt des hostilités. Face aux événements de mai 68, la CGT est plus hésitante, même si elle s'engage dans le vaste mouvement de grèves tout en combattant le gauchisme étudiant. Son unité d'action avec la CFDT, scellée en 1966, la sensibilise à des thèmes nouveaux comme la planification démocratique ou le socialisme autogestionnaire. Mais, dans la seconde moitié des années soixante-dix, la désunion syndicale, le chômage, la tertiarisation de l'économie et la désaffection des salariés pour le syndicalisme conduisent à un affaiblissement de la CGT, qui demeure cependant un partenaire important dans le dialogue social.
En 1999 l'arrivée à la tête de la confédération de Bernard Thibault marque un changement. Ce dernier quitte notamment ses fonctions au sein du PCF pour symboliser la nouvelle ligne qui tente de s'engager dans la voie d'un syndicalisme moins contestataire et plus réformiste, ce qui ne va pas sans une certaine opposition interne. Toutefois la CGT, en pointe dans les combats contre la réforme des retraites (2004) et le contrat première embauche, connaît une hausse de ses adhérents et reste encore aujourd'hui le premier syndicat français en terme de voix aux élections prud'homales.