Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Loire (châteaux de la), (suite)

L'influence de l'Italie.

• Un intérêt marqué pour l'architecture et la décoration italiennes se fait jour à partir des expéditions transalpines de Charles VIII, Louis XII et François Ier. Dès 1495, Charles VIII, émerveillé par Naples, ramène des artisans italiens à Amboise. Louis XII fait reconstruire le château de Blois : à l'escalier d'accès direct, typiquement français, il substitue un système de galeries à l'italienne, qui modifie la circulation. Entre 1510 et 1530, ce sont de riches financiers qui font figure de précurseurs en édifiant les premiers châteaux neufs de style italianisant : Florimond Robertet à Bury (1511-1524, aujourd'hui presque détruit), Thomas Bohier à Chenonceaux (dont la construction débute en 1515 et se poursuit jusqu'à la fin du siècle), Gilles Berthelot à Azay-le-Rideau (1518-1529). Les deux premiers introduisent dans l'architecture civile française la symétrie et l'escalier rampe-sur-rampe. Les trois châteaux possèdent une façade rythmée par des pilastres en très faible relief et les étages sont séparés par des bandeaux horizontaux. Trop révolutionnaire à certains égards, leur modernité n'a pu servir immédiatement de source d'inspiration.

Blois et Chambord.

• C'est le château royal de Blois qui a joué le rôle de modèle. François Ier entend en effet rivaliser avec les brillantes cours d'Italie et imposer un cadre à la hauteur du royaume. Dès 1515, il fait élever à Blois l'aile qui porte son nom. L'escalier extérieur octogonal de cette aile fait date, et inspirera désormais les façades du Val de Loire : de structure gothique - il est hérité de la vis médiévale hors œuvre -, il est orné d'une décoration à l'italienne. Sur la façade opposée, les loggias, construites ultérieurement, évoquent les Loges de Bramante, au Vatican. Blois résume l'architecture française du début du XVIe siècle, adaptation de modèles italiens qui aboutit à des constructions au caractère quelque peu hybride. Ce caractère se retrouve également à Chambord, édifié pour François Ier à partir de 1519. Si la structure de l'ensemble suit d'assez près le modèle féodal - un donjon carré flanqué de tours rondes et d'une enceinte rectangulaire -, la conception architecturale et la décoration intérieure témoignent de l'influence italienne : au cœur du donjon, un escalier en vis à double révolution, peut-être inspiré par Léonard de Vinci, dessert quatre appartements et une salle à plan cruciforme. Quant aux parties hautes, elles appartiennent encore au gothique flamboyant. Par la complexité de sa structure, par le système de ses appartements et sa décoration, Blois, tout comme Chambord, servira de référence à bon nombre de châteaux.

Après la défaite de Pavie en 1525, François Ier consolide sa politique de centralisation en résidant de plus en plus fréquemment à Paris. Cessant d'être un lieu de séjour privilégié, le Val de Loire perd quelque peu de sa vitalité. Les constructions ne cessent pas pour autant : celle de Beauregard débute au milieu du siècle, et Chenonceaux est doté d'une galerie qui traverse le Cher, selon le vœu de Catherine de Médicis ; quant à Cheverny (1604-1634), il témoigne d'une volonté de symétrie et d'homogénéité qui s'éloigne de l'esprit de la Renaissance et inaugure la période classique.

lois constitutionnelles de 1875,

lois des 24 et 25 février relatives à l'organisation du Sénat et des pouvoirs publics, et celle du 16 juillet régissant les rapports entre les pouvoirs publics. Cet ensemble de trois lois, plus connu sous le nom de « Constitution de 1875 », codifie le régime en vigueur depuis 1871, à savoir la IIIe République.

Un long intervalle sépare l'élection de l'Assemblée nationale, le 8 février 1871, et le vote des lois constitutionnelles. Le pacte de Bordeaux, conclu le 17 février 1871 entre le chef du pouvoir exécutif Thiers et la majorité monarchiste, ajourne d'abord l'examen de la question de la nature du régime, dans l'intérêt tout à la fois des royalistes, divisés entre légitimistes, partisans du comte de Chambord, et orléanistes, défenseurs du comte de Paris, et des républicains minoritaires, qui contestent par ailleurs le pouvoir constituant de l'Assemblée. Lorsque Thiers propose l'institution d'une République conservatrice (12 novembre 1872), la majorité le renverse (24 mai 1873) mais échoue dans sa tentative de restauration royaliste pendant l'automne 1873 en raison de ses divisions persistantes sur la question du drapeau. Elle se contente de voter la prolongation pour sept ans du mandat du maréchal de Mac-Mahon, successeur de Thiers.

Mais elle doit sortir de cette période transitoire par crainte d'une offensive des bonapartistes, révélés par leurs succès aux élections partielles, et sous la pression d'une opinion publique de plus en plus républicaine et ne se reconnaissant plus dans la majorité parlementaire monarchiste, élue « en un jour de malheur » prioritairement pour décider de la paix ou de la poursuite de la guerre de 1870. Une majorité centriste se dégage alors, comprenant des orléanistes modérés et des républicains conservateurs auxquels se joignent les amis de Gambetta. Le 30 janvier 1875, le vote, à une voix de majorité, de l'amendement Wallon qui prévoit l'élection par les deux Chambres, réunies en Assemblée nationale, du président de la République, fonde le nouveau régime et ouvre la voie au vote des lois constitutionnelles de 1875.

Ces circonstances particulières expliquent l'originalité de la Constitution de 1875, dépourvue de préambule et d'un texte de synthèse, et fruit de compromis laborieux. Les monarchistes ont concédé la forme républicaine des institutions contre la possibilité d'une révision monarchique. La gauche a fini par consentir à l'existence d'une deuxième Chambre à condition que ses membres soient élus, pour un quart d'entre eux, par l'Assemblée nationale de 1871, puis par la future Chambre des députés en fonction des sièges vacants ; pour les autres, par des collèges électoraux composés de conseillers généraux, de conseillers d'arrondissements et des délégués de toutes les communes. Le Sénat ainsi constitué, émanation des campagnes, reçoit des pouvoirs égaux à ceux de la Chambre des députés de façon à contrebalancer le poids du suffrage universel que les monarchistes ont fini par accepter.