Fronde (suite)
Les affrontements militaires donnèrent à la Fronde des allures de guerre civile. Au temps de Richelieu, les soldats n'avaient eu à affronter que des paysans lors des révoltes populaires ; pendant la Fronde, au contraire, ce furent des troupes organisées qui s'opposèrent. L'engagement alla très loin, puisque Condé sollicita l'aide de l'ennemi espagnol.
Pourtant, la Fronde ne fut pas une révolution. La monarchie ne fut jamais remise en cause, et aucune transformation institutionnelle ne s'imposa. Mazarin fut le bouc émissaire et ce fut sur lui que portèrent les attaques. Par ses deux exils, Mazarin sut jouer de cette réalité. Il sut également utiliser les uns contre les autres les frondeurs, qui ne furent pas durablement unis, du fait de leurs intérêts très divergents.
Ces divergences empêchèrent l'expression d'un programme clair qui eût pu trouver un soutien plus unanime. En effet, derrière des proclamations audacieuses, il s'agissait surtout de conserver des avantages anciens face aux entreprises de la monarchie administrative. La Fronde regardait en arrière plutôt qu'en avant.
L'absence d'unité et de projet clair explique que le mouvement n'ait jamais touché réellement toute la population. Les campagnes s'étaient révoltées contre les impôts nouveaux, mais elles ne se reconnurent pas longtemps dans l'agitation urbaine des privilégiés. Les parlementaires parisiens ou la grande noblesse ne purent s'appuyer sur des couches sociales susceptibles d'entraîner les Français, à l'instar de la gentry anglaise au temps de Cromwell. Aucune idéologie et aucun idéal ne permirent une mobilisation générale contre la régence, alors que Charles Ier d'Angleterre s'était aliéné une partie des protestants.
Les troubles provoquèrent rapidement la lassitude du plus grand nombre. Les excès, la violence, les affrontements militaires, firent désirer un retour à l'ordre.
La Fronde fut bien une réaction collective à un changement continu de la monarchie, toujours plus autoritaire, plus centralisée, plus administrative. Les frondeurs souhaitaient, pour leur part, le retour à un âge d'or mythique, à une monarchie contrôlée par sa noblesse et ses officiers. L'échec final de la Fronde fut un encouragement pour une monarchie dans laquelle le roi allait dorénavant affirmer plus hautement encore son autorité, imposer ses exigences financières, œuvrer à sa gloire à l'intérieur et à l'extérieur du royaume, demandant à ses sujets d'y travailler avec lui.