Contre-Révolution, (suite)
Après le 10 Thermidor, la confusion est progressivement levée : le noyau des contre-révolutionnaires de la première heure, incarnation de la nostalgie d'une France absolutiste alliée dorénavant à la catholicité et à la ruralité traditionnelles, est définitivement constitué. Dans cette perspective, l'activité proprement idéologique a suivi plutôt que précédé l'action. Le premier représentant du courant contre-révolutionnaire est certainement l'Anglais Edmond Burke, qui, dès 1790, dans ses Réflexions sur la Révolution française, condamne, au nom du respect des traditions, les innovations politiques françaises reposant sur un système - philosophique autant que politique - inédit. À partir de 1797, le Savoyard Joseph de Maistre voit dans la Révolution une punition divine. Ainsi, l'opposition Révolution/Contre-Révolution est perçue comme l'affrontement philosophique et métaphysique de deux entités, au mépris des subtilités de l'histoire. Dans les faits, les principes des contre-révolutionnaires conséquents s'articulent autour de la volonté de revenir à une monarchie respectueuse des corps intermédiaires et des pouvoirs des élites nobiliaires, en refusant totalement toutes les réformes introduites à partir de 1788. Cette intransigeance des chefs - notamment des deux frères du roi - constitue incontestablement l'une des faiblesses du mouvement, qui n'a pas pu ni su rallier à sa cause nombre de déçus de la Révolution. À long terme, cependant, elle façonne le camp contre-révolutionnaire, au point de marquer durablement la vie politique française.