Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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troupes coloniales, (suite)

Entre les deux guerres, pour pallier les difficultés de recrutement liées au déficit des naissances et à la réduction de la durée du service militaire, un nouveau développement est donné aux troupes coloniales, qui comptent 8 divisions en 1939, composées pour les deux tiers d'indigènes. Ces unités tiennent une grande place dans la Ire armée française, en 1944-1945.

Depuis la décolonisation, l'infanterie coloniale a repris le nom d'« infanterie de marine », sans pour autant retomber sous le contrôle de la Rue Royale. Intégrées dans plusieurs grandes unités, ces troupes sont composées en majorité de soldats professionnels. Fortes de près de 35 000 hommes, elles comptent 16 régiments stationnés en métropole et 7 autres basés outre-mer. Dans le cadre de l'ONU, elles ont participé à des missions humanitaires ou d'interposition au Liban, en Somalie ou en Bosnie.

Troyes (traité de),

accord de paix conclu le 21 mai 1420, pendant la guerre de Cent Ans, par lequel le roi de France Charles VI reconnaît comme héritier de la couronne le roi Henri V d'Angleterre.

Ce traité intervient dans un contexte politique très complexe. D'une part, depuis 1415, Henri V d'Angleterre a entrepris la conquête du royaume de France : après avoir remporté la bataille d'Azincourt (25 octobre 1415), il s'empare progressivement de la Normandie, et menace directement Paris (1419). D'autre part, le roi de France, Charles VI, atteint de crises de folie depuis 1392, est incapable de gouverner. Le royaume voit alors s'affronter différents princes, en particulier les ducs d'Orléans et de Bourgogne, dont la lutte se transforme en une violente guerre civile. Lorsque des partisans du dauphin Charles (futur Charles VII) assassinent le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, à Montereau (10 septembre 1419), la France est véritablement coupée en deux camps irréconciliables, laissant les Anglais maîtres du jeu. Henri V, qui revendique la couronne de France, conclut tout d'abord une alliance avec le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, soucieux avant tout de venger le meurtre de son père en s'attaquant au dauphin. Le duc persuade ensuite la reine, Isabeau de Bavière, qui dépend politiquement et financièrement de lui, d'accepter les conditions anglaises.

Le traité de Troyes est donc signé en mai 1420. Il stipule que Charles VI déshérite son fils unique et exclut de la succession royale ce « soi-disant dauphin », justifiant cet acte par le meurtre perpétré à Montereau. Il donne sa fille Catherine en mariage à Henri V, qui devient ainsi son fils, héritier de la couronne à sa mort et, immédiatement, régent du royaume. Les deux pays restent toutefois séparés, conservant chacun leurs coutumes, leurs droits, leurs institutions et leur monnaie. Enfin, les contractants jurent de ne pas traiter séparément de paix avec le dauphin. Peu après, les Parisiens et une assemblée des trois états acceptent le traité. Cependant, cet accord demeure sans effet puisqu'il n'épargne pas au roi d'Angleterre une guerre de conquête contre le dauphin, qui dispose d'institutions et d'un gouvernement viables dans la moitié sud de la France ; de plus, ses partisans ont tout de suite déclaré le traité juridiquement nul, arguant que le roi ne peut disposer de la couronne à sa guise : selon la loi salique, elle doit revenir au fils aîné du souverain ; la légitimité reposant sur le sang, le roi ne peut ainsi déshériter son successeur. Le « honteux traité de Troyes » - ainsi est-il passé dans la mémoire nationale - n'a donc apporté aucune issue politique à la guerre de Cent Ans, ni à la division du royaume, destinée à perdurer encore plus de deux décennies.

Trudaine (Daniel Charles),

sieur de Montigny et de Champigny, grand administrateur (Paris 1703 - id. 1769).

Fils d'un prévôt des marchands de Paris, il est conseiller au parlement (1721) puis maître des requêtes (1727), rédacteur de textes de loi au sein du Bureau de législation du chancelier d'Aguesseau. Intendant d'Auvergne (1730), bientôt conseiller d'État, il reçoit de Gaumont, l'oncle de son épouse, sa charge d'intendant des Finances (1734). Lorsque s'y ajoutent celles d'intendant du Commerce (1749) et de conseiller au Conseil royal du commerce et au Conseil royal des finances, ce membre honoraire de l'Académie des sciences (1743) devient le maître d'œuvre de la politique économique du Contrôle général des finances. Il dirige l'aménagement routier voulu par Orry en créant un Bureau de cartographes (1744), transformé en une École d'ingénieurs des ponts et chaussées (1747), confiée à l'ingénieur Perronet. Il prévoit aussi l'ouverture d'une École d'ingénieurs des mines (qui ne verra le jour qu'en 1783), crée un Bureau des mines, et conçoit la réglementation de l'exploitation des mines de houille (1744). Il protège encore l'installation de manufactures nouvelles, organise la fondation des premières sociétés d'agriculture (1760), chapeautées par le Comité d'agriculture installé en 1759 au Contrôle général, élabore avec le contrôleur Bertin les édits qui encouragent les défrichements et les partages de terrains communaux (1761-1762), ainsi que la déclaration de mai 1763 libéralisant la circulation des grains dans le royaume. Affaibli par la maladie à partir de 1759, il s'adjoint son fils Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777), qui, à sa mort, lui succède dans ses charges.

tuchins,

paysans révoltés à la fin du XIVe siècle.

Le tuchinat, ou révolte des tuchins, est un mouvement social parti d'Auvergne et du Languedoc, vers 1360. Cette année-là, par le traité de Brétigny, le roi de France Jean le Bon (1350/1364), emprisonné, est obligé d'abandonner à son adversaire le roi Édouard III d'Angleterre une grande partie de l'Auvergne et du Languedoc. Ces provinces entrent dans la nouvelle principauté anglaise gouvernée par le Prince noir et, comme les régions voisines, sont alors occupées, pendant des années, par les compagnies anglaises, groupes de soldats détachés de leurs armées qui vivent « sur le pays » en pillant et en rançonnant ses populations. C'est dans ce contexte que les paysans du Languedoc, excédés, commencent à attaquer dès les années 1360 les châteaux, s'en prenant aux nobles, mais aussi aux clercs et aux plus riches laboureurs. Cette jacquerie exprime le mécontentement des plus pauvres des paysans à l'égard des diverses charges, notamment fiscales, et des exactions qui les affament.