accord de paix conclu le 21 mai 1420, pendant la guerre de Cent Ans, par lequel le roi de France Charles VI reconnaît comme héritier de la couronne le roi Henri V d'Angleterre.
Ce traité intervient dans un contexte politique très complexe. D'une part, depuis 1415, Henri V d'Angleterre a entrepris la conquête du royaume de France : après avoir remporté la bataille d'Azincourt (25 octobre 1415), il s'empare progressivement de la Normandie, et menace directement Paris (1419). D'autre part, le roi de France, Charles VI, atteint de crises de folie depuis 1392, est incapable de gouverner. Le royaume voit alors s'affronter différents princes, en particulier les ducs d'Orléans et de Bourgogne, dont la lutte se transforme en une violente guerre civile. Lorsque des partisans du dauphin Charles (futur Charles VII) assassinent le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, à Montereau (10 septembre 1419), la France est véritablement coupée en deux camps irréconciliables, laissant les Anglais maîtres du jeu. Henri V, qui revendique la couronne de France, conclut tout d'abord une alliance avec le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, soucieux avant tout de venger le meurtre de son père en s'attaquant au dauphin. Le duc persuade ensuite la reine, Isabeau de Bavière, qui dépend politiquement et financièrement de lui, d'accepter les conditions anglaises.
Le traité de Troyes est donc signé en mai 1420. Il stipule que Charles VI déshérite son fils unique et exclut de la succession royale ce « soi-disant dauphin », justifiant cet acte par le meurtre perpétré à Montereau. Il donne sa fille Catherine en mariage à Henri V, qui devient ainsi son fils, héritier de la couronne à sa mort et, immédiatement, régent du royaume. Les deux pays restent toutefois séparés, conservant chacun leurs coutumes, leurs droits, leurs institutions et leur monnaie. Enfin, les contractants jurent de ne pas traiter séparément de paix avec le dauphin. Peu après, les Parisiens et une assemblée des trois états acceptent le traité. Cependant, cet accord demeure sans effet puisqu'il n'épargne pas au roi d'Angleterre une guerre de conquête contre le dauphin, qui dispose d'institutions et d'un gouvernement viables dans la moitié sud de la France ; de plus, ses partisans ont tout de suite déclaré le traité juridiquement nul, arguant que le roi ne peut disposer de la couronne à sa guise : selon la loi salique, elle doit revenir au fils aîné du souverain ; la légitimité reposant sur le sang, le roi ne peut ainsi déshériter son successeur. Le « honteux traité de Troyes » - ainsi est-il passé dans la mémoire nationale - n'a donc apporté aucune issue politique à la guerre de Cent Ans, ni à la division du royaume, destinée à perdurer encore plus de deux décennies.