Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
J

Journal de Trévoux, (suite)

Prenant modèle sur le Journal des savants (fondé en 1665) et sur le Mercure galant (1672), des revues culturelles de référence, le mensuel, dont le titre original est Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts, affiche une volonté d'érudition. Il se propose d'atteindre un public cultivé en se faisant l'intermédiaire des savants de France et d'Europe par la publication de comptes rendus d'ouvrages relatifs à tous les domaines de la connaissance : sciences, lettres, beaux-arts. En fait, les jésuites, ardents ultramontains, entendent s'opposer, par le biais du journal, à l'influence du gallicanisme et de toute forme d'« hérésie » ou de doctrine menaçant la religion catholique : protestantisme, jansénisme, quiétisme puis déisme, matérialisme et incrédulité philosophique. Cependant, tout en liant la défense de la religion à celle de la monarchie, les « journalistes de Trévoux » demeurent attachés aux Lumières, partageant avec les Philosophes une foi constante dans le progrès des sciences et des « arts utiles », et conjuguent tradition, modernité et universalité. Les nombreuses polémiques engagées par le journal lui valent quelques déboires, auxquels s'ajoutent les élucubrations de certains de ses auteurs et un manque de direction éditoriale, sans parler des multiples erreurs et retards de publication.

Après un début de réforme en 1734, tout change en janvier 1745 avec la nomination du Père Guillaume François Berthier, qui instaure une homogénéité de ton et d'esprit, bannit la controverse, ouvre davantage le journal aux idées nouvelles et donne plus d'importance à la littérature, afin de répondre au goût du public. L'expulsion des jésuites et la fermeture de Louis-le-Grand en 1762 mettent un terme à la direction du Père Berthier, qui cède la place à des Pères de Sainte-Geneviève. Puis le privilège passe aux mains de Didot le Jeune (1766), qui rebaptise le titre, en janvier 1768, Journal des beaux-arts et des sciences.

Journal officiel de la République française

ou Journal officiel, publication officielle quotidienne destinée à assurer la publicité auprès de chaque citoyen des lois, décrets, arrêtés, actes et documents administratifs, ainsi que des débats parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat.

Pour consolider la démocratie et faire connaître la loi, la Ire République décide, le 24 frimaire an II (14 décembre 1793), de publier et d'envoyer aux Communes le Bulletin des lois de la République, ancêtre du Journal officiel. Ce Bulletin survit à la chute de la République, tandis que le Moniteur universel, qui avait commencé de paraître en novembre 1789, publie, à partir de 1799, les autres textes officiels. En 1869, alors que le Second Empire se démocratise, Eugène Rouher confie à Émile de Girardin la création du Journal officiel, qui se substitue au Bulletin des lois, par décision du gouvernement Thiers, le 5 novembre 1870.

L'installation d'une imprimerie à Versailles, ville où se tiennent alors le gouvernement et le Parlement, et l'allongement des débats parlementaires, qui doivent être dorénavant publiés, creusent les déficits du Journal : l'État garant perd 6 millions de francs en neuf ans, ce qui le pousse à transformer le J.O. La loi du 28 décembre 1880, qui régit encore les publications officielles, met le Journal officiel de la République française en régie : l'État confie composition, impression et expédition à une société ouvrière. En outre, la structure de la publication est modifiée : d'une part, communiqués administratifs, documents semi-officiels, annonces sélectionnées ; d'autre part, textes officiels, rassemblés dans les fascicules « Lois et décrets », « Débats parlementaires », « Associations ». Conformément au principe selon lequel « nul n'est censé ignorer la loi », le J.O. tient lieu de courroie de transmission entre l'État et les citoyens.

Joyenval (abbaye de),

abbaye de l'ordre des chanoines réguliers de Prémontré édifiée en 1221 en forêt de Marly, et devenue un sanctuaire royal et un grand lieu de pèlerinage à la fin du Moyen Âge.

Fondée par Barthélemy de Roye, chambrier de France et conseiller du roi Philippe Auguste (1180/1223), autour des reliques de saint Barthélemy, rapportées de Terre sainte, elle est rapidement favorisée par les rois de France, qui, avec l'aide des moines, la consacrent comme le principal lieu de culte dédié à Clovis. Bien qu'il ne soit pas canonisé, ce souverain mérovingien est en effet l'objet de la dévotion royale, car il est considéré comme le fondateur de la dynastie et du royaume. Au cours des XIIIe et XIVe siècles, les moines de Joyenval tissent ainsi la légende selon laquelle l'abbaye aurait été construite à proximité du lieu où, vers 496, Clovis vainquit les Alamans, grâce au soutien de Dieu, que vint matérialiser un écu marqué de trois fleurs de lys. Cet écu aurait ensuite été confié par Clovis à un ermite et aurait été pieusement recueilli par les moines de Joyenval. Ces derniers le considèrent alors comme une véritable relique, dont la présence dans l'abbaye, autant que celle des reliques de saint Barthélemy, explique les pouvoirs réputés miraculeux de la fontaine de Joyenval pour guérir les maladies de peau.

La légende, cautionnée par les rois Valois, connaît un succès considérable aux XIVe et XVe siècles, et assure l'essor du pèlerinage, en dépit des troubles causés par la guerre de Cent Ans. Dans la seconde moitié du XVe siècle, le soutien apporté par les souverains au pèlerinage du Mont-Saint-Michel entraîne le déclin de Joyenval. La dévastation de l'abbaye au XVIe siècle, sa destruction au XVIIe, effacent toute trace des anciens bâtiments abbatiaux.

Jublains,

commune de la Mayenne où s'élevait une ville gallo-romaine, dont les vestiges, notamment une fortification, sont particulièrement bien conservés.

Le site correspond à la ville de Noviodunum, créée de toutes pièces à un carrefour routier, au début de l'occupation romaine, pour devenir un important centre administratif, chef-lieu des Aulerques Diablintes. Jublains s'étend sur une vingtaine d'hectares, et son plan de même que ses monuments sont typiques de ceux d'une ville nouvelle gallo-romaine. On découvre plusieurs édifices, échelonnés le long de deux larges avenues parallèles : à l'extrémité nord, un vaste temple entouré d'un portique quadrangulaire - peut-être voué à une déesse locale des sources -, puis, plus au sud, un long forum central, des thermes, et, enfin, un théâtre semi-circulaire. À l'écart se trouve le fortin, ou « camp romain », construit vers l'an 200, et dont les ruines restent imposantes : en fait, il s'agit d'une sorte de grenier fortifié muni de quatre tours d'angle, sans doute destiné au stockage du ravitaillement de l'armée et à la collecte des impôts. À la fin du IIIe siècle, il fut renforcé, au moyen d'un rempart de terre, puis d'une véritable enceinte de pierres et de briques, de plan trapézoïdal, avec douze tours et plusieurs portes.