Journal de Trévoux, (suite)
Prenant modèle sur le Journal des savants (fondé en 1665) et sur le Mercure galant (1672), des revues culturelles de référence, le mensuel, dont le titre original est Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts, affiche une volonté d'érudition. Il se propose d'atteindre un public cultivé en se faisant l'intermédiaire des savants de France et d'Europe par la publication de comptes rendus d'ouvrages relatifs à tous les domaines de la connaissance : sciences, lettres, beaux-arts. En fait, les jésuites, ardents ultramontains, entendent s'opposer, par le biais du journal, à l'influence du gallicanisme et de toute forme d'« hérésie » ou de doctrine menaçant la religion catholique : protestantisme, jansénisme, quiétisme puis déisme, matérialisme et incrédulité philosophique. Cependant, tout en liant la défense de la religion à celle de la monarchie, les « journalistes de Trévoux » demeurent attachés aux Lumières, partageant avec les Philosophes une foi constante dans le progrès des sciences et des « arts utiles », et conjuguent tradition, modernité et universalité. Les nombreuses polémiques engagées par le journal lui valent quelques déboires, auxquels s'ajoutent les élucubrations de certains de ses auteurs et un manque de direction éditoriale, sans parler des multiples erreurs et retards de publication.
Après un début de réforme en 1734, tout change en janvier 1745 avec la nomination du Père Guillaume François Berthier, qui instaure une homogénéité de ton et d'esprit, bannit la controverse, ouvre davantage le journal aux idées nouvelles et donne plus d'importance à la littérature, afin de répondre au goût du public. L'expulsion des jésuites et la fermeture de Louis-le-Grand en 1762 mettent un terme à la direction du Père Berthier, qui cède la place à des Pères de Sainte-Geneviève. Puis le privilège passe aux mains de Didot le Jeune (1766), qui rebaptise le titre, en janvier 1768, Journal des beaux-arts et des sciences.