Touraine, (suite)
L'extension capétienne et les résistances féodales.
• Au début de l'époque féodale, vers la fin du Xe siècle, les frontières du comté de Touraine, désormais héréditaire, se stabilisent. Pendant plusieurs siècles, et à l'image d'autres territoires, la Touraine, fief dépendant des rois de France, est un enjeu pour les Capétiens, désireux d'unifier leur domaine et de contrôler les grands seigneurs féodaux. Dans la première moitié du XIe siècle, tandis que les maisons de Blois et d'Anjou se disputent la Touraine, qui se hérisse de châteaux forts, Thibaud III de Blois, comte de Touraine, refuse de rendre hommage au roi de France. Aussi, ce dernier donne-t-il le comté à Geoffroi II Martel, comte d'Anjou, qui conquiert la province en 1044. La Touraine, incorporée à l'héritage angevin, fait désormais partie de l'empire des Plantagenêts, qui comprend également le Maine, la Normandie et bientôt l'Aquitaine. Elle devient anglaise lorsque Henri Plantagenêt, comte d'Anjou, accède au trône d'Angleterre, en 1154, sous le nom d'Henri II. Dès lors, les rois de France n'ont de cesse de reprendre cet empire à la dynastie anglaise. Après avoir confisqué les fiefs français du roi anglais Jean sans Terre, sous prétexte de félonie, Philippe Auguste conquiert la Touraine (1205), qui devient une sénéchaussée héréditaire. Jean sans Terre reconnaît cette conquête par le traité de Chinon (1214), confirmé par le traité de Paris (1259), qui rattache la Touraine au domaine royal de France. Cependant, érigée en duché-pairie au XIVe siècle, la province est détachée du domaine royal et donnée en apanage aux princes du sang. Restée fidèle à la couronne de France durant la guerre de Cent Ans, elle accueille Charles VII, qui décide de la rédaction de ses coutumes, établies de 1453 à 1461, avant celles du reste du royaume.
Aux XVe et XVIe siècles, La Touraine devient la résidence favorite des rois de France et le centre politique et intellectuel du royaume, avant d'être éclipsée par la région parisienne. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle forme, avec les duchés d'Alençon, d'Anjou et de Berry, le nouvel apanage d'Alençon constitué en faveur du frère d'Henri III, François d'Anjou. À la mort de ce dernier (1584), l'apanage est donné à Henri de Navarre, dernier grand possesseur de fiefs (qui accédera au trône de France sous le nom d'Henri IV). En 1607, le roi est contraint par les parlements de prendre un édit royal qui fait revenir ses biens patrimoniaux, dont la Touraine, à la couronne.