roi d'Aquitaine de 781 à 814, empereur de 814 à 840 (Chasseneuil ou Casseuil, Poitou, 778 - près d'Ingelheim 840).
En tant que successeur de Charlemagne à la tête de l'Empire carolingien, Louis Ier le Pieux, troisième fils de Charlemagne et d'Hildegarde, a la charge difficile de maintenir l'unité de l'Empire. Cette unité, qui est la condition de la réussite carolingienne, se heurte aux pratiques de partage patrimonial du pouvoir. Dans un premier temps, la chance veut que Louis le Pieux, d'abord roi d'Aquitaine dès 781, avant d'être couronné empereur en 816 à Reims, demeure le seul héritier de l'Empire restauré par son père. Mais Louis le Pieux a lui-même trois fils. Les évêques de son entourage le poussent à adopter, dès 817, afin de préserver, à l'avenir, l'unité impériale, un principe de succession, l'Ordinatio imperii, qui constitue un compromis avec la coutume du partage successoral de l'État franc. Ainsi, ce règlement prévoit que seul le fils aîné de l'empereur, Lothaire, pourra succéder à son père, privant les deux autres fils, Pépin et Louis le Germanique, de leurs droits de souveraineté.
La querelle successorale.
• La venue d'un quatrième fils, le futur Charles le Chauve, né en 823 d'un second mariage de Louis le Pieux, avec Judith de Bavière, de la famille des Welf, sert de prétexte à une querelle successorale : les tenants du retour à la coutume franque du partage territorial entre héritiers s'opposent aux partisans de l'unité impériale. Ces derniers tentent de destituer l'empereur en 830. En effet, ils cherchent à placer Lothaire sur le trône, afin d'obvier aux velléités impériales de partage de l'Empire en faveur de Charles. Pour déjouer ce complot, Louis le Pieux s'associe alors à ses fils puînés Pépin et Louis le Germanique, moyennant la promesse d'accroître leurs possessions territoriales. Allant à l'encontre de l'idéologie impériale, une première division de l'Empire carolingien en trois parts égales est réalisée en 831. La décision de l'empereur d'augmenter une nouvelle fois la part d'héritage de Charles provoque une seconde coalition de ses fils et la désertion de l'armée, qui rejoint les princes royaux (à la fin de juin 833, au lieu baptisé « le Champ du mensonge », près de Colmar). Contraint d'abdiquer, Louis le Pieux, accusé de trahison par l'assemblée de Compiègne le 1er octobre 833, prend l'habit de pénitent le 8 octobre.
Vers la désagrégation de l'Empire.
• Après avoir régné une première fois de mai à octobre 830, Lothaire redevient empereur, mais les relations vassaliques jouent encore une fois en faveur de son père. En effet, mécontents de sa politique, les évêques redonnent le pouvoir à l'empereur déchu, qui est de nouveau couronné, à Metz, le 28 février 835. En mai 839, au lendemain de la mort de Pépin (838), l'assemblée de Worms prévoit la division de l'Empire entre Charles et Lothaire. Louis le Pieux meurt en 840, alors qu'il tentait de soumettre Louis le Germanique, écarté de ce partage. Dès lors, les luttes incessantes aboutissent au traité de Verdun (843) et à la division de l'Empire en trois parties : Francie orientale (Louis le Germanique, 843/876), Francie occidentale (Charles II le Chauve, 843/877), Francie médiane et Italie (Lothaire Ier, 840/855).
L'idée impériale s'est enlisée dans les querelles fratricides, avivées par l'appétit des grands (évêques et comtes), lui-même aiguisé par l'extension des relations feudo-vassaliques. Le projet unitaire élaboré par les clercs est condamné. Désormais, dépourvu d'assise territoriale, seul le titre impérial survit, conduisant ainsi la géographie politique à évoluer au gré des successions. Les forces de désagrégation de l'Empire carolingien sont à l'œuvre.