Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Louis Ier d'Orléans, (suite)

Opposés dans le royaume, Orléans et Bourgogne le sont aussi au-dehors. En 1389, Louis a épousé Valentine Visconti, fille du duc de Milan Jean-Galéas Visconti. Les intérêts de ce dernier sont contraires à ceux de la famille d'Isabeau de Bavière, dont le mariage avec Charles VI a été arrangé par le duc de Bourgogne. En Italie s'affrontent donc deux politiques à l'égard de la France : l'une, menée par Louis d'Orléans, a le soutien du pape Clément VII et prévoit la reconquête de la Péninsule avec l'aide du duc de Milan ; l'autre, mêlant les intérêts bavarois et bourguignons, mais aussi ceux de Florence, est à l'origine de la domination française à Gênes. Il en est de même en Angleterre : aux négociations menées par les conseillers du duc de Bourgogne répondent les tournois chevaleresques provoqués par le duc d'Orléans. Enfin, les visées de Louis sur le Luxembourg nuisent sérieusement aux menées de Philippe le Hardi dans une région où il s'estime maître du jeu. Les relations s'enveniment à la mort de Philippe (1404). Le nouveau duc de Bourgogne, Jean sans Peur, se déclare résolument hostile à son cousin et, de larvé, le conflit devient manifeste. « Ennemi des plaisirs », le duc de Bourgogne l'est également d'Isabeau de Bavière, qui fait alliance avec Louis d'Orléans. Le 23 novembre 1407, c'est en sortant de chez la reine, qui vient d'accoucher, que le duc d'Orléans est assassiné devant la porte Barbette sur l'ordre de Jean sans Peur. Le crime, avoué par le duc de Bourgogne, ouvre une longue guerre civile en France : la querelle entre Armagnacs et Bourguignons.

Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire,

roi d'Aquitaine de 781 à 814, empereur de 814 à 840 (Chasseneuil ou Casseuil, Poitou, 778 - près d'Ingelheim 840).

En tant que successeur de Charlemagne à la tête de l'Empire carolingien, Louis Ier le Pieux, troisième fils de Charlemagne et d'Hildegarde, a la charge difficile de maintenir l'unité de l'Empire. Cette unité, qui est la condition de la réussite carolingienne, se heurte aux pratiques de partage patrimonial du pouvoir. Dans un premier temps, la chance veut que Louis le Pieux, d'abord roi d'Aquitaine dès 781, avant d'être couronné empereur en 816 à Reims, demeure le seul héritier de l'Empire restauré par son père. Mais Louis le Pieux a lui-même trois fils. Les évêques de son entourage le poussent à adopter, dès 817, afin de préserver, à l'avenir, l'unité impériale, un principe de succession, l'Ordinatio imperii, qui constitue un compromis avec la coutume du partage successoral de l'État franc. Ainsi, ce règlement prévoit que seul le fils aîné de l'empereur, Lothaire, pourra succéder à son père, privant les deux autres fils, Pépin et Louis le Germanique, de leurs droits de souveraineté.

La querelle successorale.

• La venue d'un quatrième fils, le futur Charles le Chauve, né en 823 d'un second mariage de Louis le Pieux, avec Judith de Bavière, de la famille des Welf, sert de prétexte à une querelle successorale : les tenants du retour à la coutume franque du partage territorial entre héritiers s'opposent aux partisans de l'unité impériale. Ces derniers tentent de destituer l'empereur en 830. En effet, ils cherchent à placer Lothaire sur le trône, afin d'obvier aux velléités impériales de partage de l'Empire en faveur de Charles. Pour déjouer ce complot, Louis le Pieux s'associe alors à ses fils puînés Pépin et Louis le Germanique, moyennant la promesse d'accroître leurs possessions territoriales. Allant à l'encontre de l'idéologie impériale, une première division de l'Empire carolingien en trois parts égales est réalisée en 831. La décision de l'empereur d'augmenter une nouvelle fois la part d'héritage de Charles provoque une seconde coalition de ses fils et la désertion de l'armée, qui rejoint les princes royaux (à la fin de juin 833, au lieu baptisé « le Champ du mensonge », près de Colmar). Contraint d'abdiquer, Louis le Pieux, accusé de trahison par l'assemblée de Compiègne le 1er octobre 833, prend l'habit de pénitent le 8 octobre.

Vers la désagrégation de l'Empire.

• Après avoir régné une première fois de mai à octobre 830, Lothaire redevient empereur, mais les relations vassaliques jouent encore une fois en faveur de son père. En effet, mécontents de sa politique, les évêques redonnent le pouvoir à l'empereur déchu, qui est de nouveau couronné, à Metz, le 28 février 835. En mai 839, au lendemain de la mort de Pépin (838), l'assemblée de Worms prévoit la division de l'Empire entre Charles et Lothaire. Louis le Pieux meurt en 840, alors qu'il tentait de soumettre Louis le Germanique, écarté de ce partage. Dès lors, les luttes incessantes aboutissent au traité de Verdun (843) et à la division de l'Empire en trois parties : Francie orientale (Louis le Germanique, 843/876), Francie occidentale (Charles II le Chauve, 843/877), Francie médiane et Italie (Lothaire Ier, 840/855).

L'idée impériale s'est enlisée dans les querelles fratricides, avivées par l'appétit des grands (évêques et comtes), lui-même aiguisé par l'extension des relations feudo-vassaliques. Le projet unitaire élaboré par les clercs est condamné. Désormais, dépourvu d'assise territoriale, seul le titre impérial survit, conduisant ainsi la géographie politique à évoluer au gré des successions. Les forces de désagrégation de l'Empire carolingien sont à l'œuvre.

Louis II de Bourbon,

duc de Bourbon et comte de Clermont-en-Beauvaisis en 1356, comte de Forez en 1372, seigneur du Beaujolais en 1400 (1337 - Montluçon 1410).

Louis II de Bourbon est le fils de Pierre Ier de Bourbon et d'Isabelle de Valois. En 1360, il est l'un des otages retenus en Angleterre pour garantir l'exécution du traité de Brétigny-Calais. De retour sur ses terres en 1366, il fonde l'ordre de chevalerie de l'Écu d'or. Il mène une active politique d'expansion territoriale qui se traduit en 1372, à la suite de son mariage avec Anne Dauphine, par l'annexion du Forez. Il acquiert Château-Chinon en 1394, et le Beaujolais en 1400. Enfin, en mariant son fils Jean avec Marie de Berry, il prépare le rattachement futur de l'Auvergne au Bourbonnais, qui interviendra en 1425. Parallèlement, il dote ses territoires d'institutions modernes, à l'image de la chambre des comptes de Moulins, qu'il fonde en 1374. Chambrier de France, Louis II est un fidèle serviteur de Charles V. Dans les années 1370, il participe à la « reconquête du royaume » en Guyenne, Poitou et Auvergne. En 1380, il fait partie du « gouvernement des oncles » pendant la minorité de Charles VI. En 1388, il continue à siéger au Conseil royal aux côtés des marmou-sets, pour lesquels il est le prince idéal des fleurs de lis. La folie de Charles VI en 1392 et les dissensions qui s'ensuivent entre les ducs d'Orléans et de Bourgogne l'affectent grandement. Après l'assassinat de Louis d'Orléans (1407), il se retire dans son duché.