amiral et homme politique (Nérac, Lot-et-Garonne, 1881 - Alger 1942).
Après l'École navale, Darlan s'illustre pendant la Première Guerre mondiale, puis alterne, sous la protection de Georges Leygues, grands commandements et participations aux cabinets ministériels. Il joue un rôle important dans la modernisation de la flotte française. En 1937, il est chef d'état-major de la marine et, en 1939, amiral de la flotte. En juin 1940, commandant la seule arme invaincue, il occupe une position politique stratégique. Prônant d'abord la résistance, il se rallie rapidement à l'armistice et obtient le ministère de la Marine. En février 1941, après le renvoi de Laval, il accède à la vice-présidence du Conseil et devient le successeur désigné du maréchal Pétain. Cumulant plusieurs portefeuilles ministériels (Affaires étrangères, Marine, Information, Intérieur, puis Défense), il poursuit, avec un enthousiasme modéré, l'œuvre de la « révolution nationale ». Par la promotion de jeunes technocrates (Pucheu, Marion, Lehideux), souvent gagnés aux idées planistes, il privilégie la modernisation économique. Son gouvernement renforce les comités d'organisation et crée le service national de la statistique. Dans le même temps, il promulgue le second statut des juifs (juin 1941) et la Charte du travail (octobre 1941), et cautionne le virage répressif du régime en août 1941.
Mais la grande affaire de Darlan reste la Collaboration. Persuadé que l'Allemagne a gagné la guerre et qu'une reprise des hostilités serait catastrophique pour la France, il recherche un accord politique, préalable à une révision de l'armistice. Il signe ainsi les protocoles de Paris (mai 1941), qui ouvrent la voie à une collaboration militaire. Sa politique se solde par un cinglant échec : il assume la responsabilité de la perte du Levant (juin 1941), subit l'hostilité des collaborationnistes parisiens (Doriot, Déat) et des pétainistes patriotes (Weygand), demeure impuissant devant l'inexorable dégradation des conditions de vie et, surtout, constate que les Allemands n'envisagent aucune réelle concession. En avril 1942, il s'efface devant Laval, mais reste à la tête de l'armée de l'armistice. En novembre 1942, il est fortuitement présent à Alger au moment du débarquement anglo-américain. Ayant d'abord donné l'ordre aux forces vichystes de résister, il se rallie aux Américains, qui lui confient l'administration de l'empire libéré. En butte à l'hostilité radicale des gaullistes, il engage alors la politique qui sera celle du premier giraudisme : la reprise de la guerre sans le désaveu du régime de Vichy. Le 24 décembre 1942, il est assassiné par un jeune résistant royaliste, Fernand Bonnier de La Chapelle, dans des circonstances fort troubles.