Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Alençon (François Hercule, duc d'),

chef des « malcontents » (Saint-Germain-en-Laye 1554 - Château-Thierry 1584).

Quatrième et dernier fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, cet « éternel frustré de la famille de Valois » (Janine Garrisson) profite des troubles religieux pour assouvir sa soif de pouvoir politique. Ainsi, en 1573, il prend la tête du parti d'opposition au roi, qui rassemble des nobles catholiques (Montmorency) et protestants (Henri de Condé) : les « malcontents ». Favorables à une politique de tolérance religieuse à l'intérieur du pays, ils sont pour la fermeté à l'extérieur et souhaitent que le roi gouverne avec l'aide des états généraux : toutes idées qui s'opposent à la politique menée par Charles IX puis Henri III, frères du duc d'Alençon, contre lesquels ce dernier ne cesse de lutter. En 1574 commence la « révolte des malcontents » - la cinquième guerre de Religion -, caractérisée par une offensive coordonnée des malcontents et des armées des Pays-Bas. Pris de court, Henri III accepte, en mai 1576, de signer l'édit de Beaulieu, qui donne satisfaction aux protestants et accorde à d'Alençon le titre de duc d'Anjou, que portait son frère Henri III jusqu'à son avènement. Mais d'Alençon ambitionne le trône des Pays-Bas espagnols : s'alliant à Guillaume d'Orange et à Élisabeth Ire d'Angleterre, il entreprend une expédition aux Pays-Bas, qui se solde par un échec. Sa mort, à l'âge de 30 ans, consacre son beau-frère Henri de Navarre comme l'héritier direct du trône de France.

Alès (édit de grâce d'),

pardon accordé par Louis XIII le 28 juin 1629 aux protestants du Midi révoltés.

L'édit de Nantes avait octroyé aux protestants des libertés religieuses, mais aussi des privilèges politiques : des « assemblées politiques » et des places de sûreté fortifiées. La reprise des hostilités contre les huguenots du Midi, en 1620, visant à réduire leur poids politique et à faire respecter partout le culte catholique, s'était achevée par la paix boiteuse de Montpellier (1622).

Dès 1627, la rébellion protestante reprend autour de La Rochelle, dont le long siège ne prend fin qu'en octobre 1628. En Languedoc, l'assemblée d'Uzès (septembre 1627) désigne comme général le duc de Rohan, qui traite avec les Anglais, puis, en mai 1629, avec les Espagnols. Libéré de la guerre de Savoie, Louis XIII décide alors d'en finir, et vient mettre le siège devant Privas, pointe orientale du croissant de villes huguenotes qui va du Vivarais à Montauban. La ville se rend le 26 mai. Mais, à titre d'exemple, elle est livrée au pillage et au massacre. Privés du soutien anglais par la paix conclue entre Charles Ier et Louis XIII, effrayés par l'avancée des troupes royales, les délégués, réunis en assemblée politique à Anduze, poussent Rohan à négocier.

Présenté comme une grâce, et non comme un traité entre le souverain et ses sujets, l'édit d'Alès confirme les clauses religieuses de l'édit de Nantes, mais en supprime les clauses politiques : les assemblées politiques et les places de sûreté disparaissent, et les remparts de ces dernières sont rasés. Henri de Rohan doit quitter la France, mais les révoltés sont amnistiés, et les biens confisqués sont rendus. Le pardon royal met fin au parti protestant, véritable État dans l'État, et marque ainsi un progrès déterminant de l'absolutisme. Richelieu peut écrire au roi : « Tout ploie sous votre nom. » Une à une, les cités huguenotes s'ouvrent au roi et à son ministre, qui y rétablissent le culte catholique. Le Cardinal manifeste ce triomphe symbolique par une entrée solennelle à Montauban, le 20 août 1629, entouré de deux archevêques et de sept évêques. Sans remettre en cause la tolérance et la coexistence de deux religions dans le royaume - un fait unique en Europe -, l'édit d'Alès fragilise cependant le protestantisme en mettant sa survie entre les mains du roi. Par la suite, les sujets protestants firent preuve d'un loyalisme sans faille vis-à-vis de la monarchie. Ils ne profiteront pas des troubles de la Fronde pour revendiquer leurs anciens privilèges politiques.

Alésia,

place forte gauloise où, en 52 avant J.-C., se retrancha Vercingétorix avant d'être assiégé par les armées de César et de s'incliner. Cette reddition marque la fin de l'indépendance de la Gaule.

L'oppidum (« place forte ») d'Alésia était la capitale des Mandubiens, petit peuple gaulois dont le territoire est situé entre celui des Éduens et celui des Lingons. Il était implanté sur une colline, aujourd'hui appelée mont Auxois, à Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or), à 70 kilomètres à l'ouest de Dijon. Cette butte calcaire, naturellement protégée sur une partie de ses flancs par une falaise, domine les cours de l'Oze et de l'Ozerain, qui rejoignent peu après la Brenne. Les Gaulois se sont contentés de renforcer ces défenses naturelles, principalement dans la partie est, pourvue d'un rempart continu où se trouve la porte principale de l'oppidum. Le sommet de la butte, de forme ovale et orientée est-ouest, couvre une centaine d'hectares. Certains vestiges remontent au néolithique, mais l'occupation proprement gauloise, limitée à la seule partie centrale de la zone, semble commencer vers 70 avant J.-C. Elle a laissé des traces d'urbanisme : rues rectilignes, place et enclos, maisons de bois et de torchis, ainsi qu'un quartier d'artisans bronziers et de forgerons.

C'est dans cette place forte mineure que Vercingétorix se retrouve enfermé en 52 avant J.-C. En effet, après sept années de campagnes militaires qui lui ont permis de contrôler presque toute la Gaule, César voit se lever contre lui une grande partie des peuples gaulois coalisés, emmenés par le jeune aristocrate arverne Vercingétorix, qui applique une tactique de « terre brûlée ». La prise de Cenabum (Orléans), puis d'Avaricum (Bourges) permet d'abord à César de ravitailler ses troupes, mais il est battu par Vercingétorix devant Gergovie ; ses derniers alliés, Éduens compris, l'abandonnent, et il doit battre en retraite avec ses dix légions vers le sud. Vercingétorix commet alors l'erreur fatale de l'attaquer en rase campagne. César se défend et enferme à son tour l'armée gauloise dans Alésia. Avec ses 50 000 hommes, il en organise méthodiquement le siège, l'encerclant d'un anneau de 15 kilomètres de fortifications : fossés, rempart en terre surmonté d'une palissade renforcée de créneaux et de tours, pieux à crochets, ou stimuli, trous en entonnoir garnis de pieux pointus, ou lilia, branchages obliques fichés dans le sol, ou cippi. Des pièces d'artillerie, catapultes et balistes, complètent le dispositif. Ces aménagements sont à la fois tournés vers l'intérieur, afin d'interdire toute sortie, et vers l'extérieur, afin d'empêcher le ravitaillement et l'arrivée de renforts. De fait, l'armée de secours, parvenue sur les lieux au bout de quatre semaines, est mise en déroute après plusieurs assauts infructueux, tandis que Vercingétorix échoue dans sa tentative de percer les défenses de César. La garnison, qui avait déjà évacué les non-combattants, morts de faim entre les lignes, doit se rendre. Vercingétorix est livré à César, conduit à Rome et exécuté six ans plus tard. Malgré quelques soulèvements sporadiques ultérieurs, la Gaule est définitivement romaine. Alésia devient une petite ville gallo-romaine avec maisons de pierre, théâtre, forum, basilique et temple.