Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Robert II le Pieux,

roi des Francs de 996 à 1031 (Orléans vers 970 - Melun 1031).

Son règne est marqué par les prémices de la renaissance du pouvoir royal avec l'arrivée des Capétiens. Fils d'Hugues Capet et d'Adélaïde d'Aquitaine, Robert est associé au trône dès 987, année du sacre de son père. Contournant le principe de l'élection, cette précaution assure à la dynastie capétienne sa légitimité. Le roi gouverne cependant comme un prince territorial, même s'il a tenté jusque-là de donner une « façade » carolingienne à son pouvoir. Sa cour, désertée peu à peu par les évêques - soutiens essentiels des Carolingiens -, est constituée en majorité de membres de l'aristocratie du Bassin parisien (châtelains et seigneurs). En effet, les grands vassaux assoient leur puissance en bâtissant des châteaux et en s'emparant des droits seigneuriaux ; ils s'imposent désormais à un pouvoir royal politiquement affaibli.

Tout en essayant d'agrandir son domaine territorial, Robert le Pieux ne peut empêcher son morcellement : la Bourgogne, reconquise sur un usurpateur, le comte de Bourgogne Othe-Guillaume, passe par exemple à une branche cadette de la dynastie capétienne. Le roi ne peut non plus empêcher la séparation de la Touraine, pour laquelle il livre jusqu'en 1016 une guerre permanente contre le comte d'Anjou. En outre, les affaires matrimoniales du roi contribuent à créer une situation territoriale compliquée : Robert s'est marié trois fois, successivement à Rosala Suzanne, à Berthe de Bourgogne et enfin à Constance d'Arles. Le modèle chrétien du mariage (indissolubilité), que l'Église tente d'imposer, remplace alors difficilement le modèle royal et aristocratique, fondé sur l'endogamie et le patrimoine. L'union de Robert avec Berthe de Bourgogne, veuve du comte Eudes de Blois, est condamnée comme incestueuse par l'Église (998). Mais le pouvoir royal reste idéologiquement intact et commence par ailleurs à affiner sa propre dimension spirituelle. Le biographe de Robert le Pieux, le moine Helgaud, qui a donné au roi son surnom de « pieux », mentionne ainsi pour la première fois la capacité du roi à guérir les lépreux. Les bases de la monarchie sacrée, sur laquelle se reconstruit progressivement l'autorité monarchique des XIIe et XIIIe siècles, sont désormais posées.

Robert le Fort,

marquis de Neustrie de 852 à 856, puis d'Auxerre et de Nevers de 856 à 866 ( ? - Brissarthe, près d'Angers, 866).

D'après les sources conservées, Robert, comte franc d'une famille aristocratique neustrienne, n'apparaît au service du Carolingien Charles le Chauve qu'en 852, comme comte de Tours et d'Angers. Dans la marche occidentale du royaume, il reçoit probablement le titre de marchio (« marquis ») et, plus sûrement, celui de missus (« envoyé ») dans les comtés voisins (Maine, Touraine), chargé de défendre la région contre les Bretons et les Normands. Cette forte position fait de lui le maître d'abbayes prestigieuses, telles que Saint-Martin-de-Tours ou Marmoutier.

L'hégémonie de Robert le Fort sur l'ouest du royaume est battue en brèche lorsqu'en 856 Charles le Chauve marie son fils Louis le Bègue avec la fille d'Erispoë, chef des Bretons, et lui attribue le duché du Mans. Robert prend alors la tête d'un parti des grands de Neustrie, qui ne tarde pas à faire appel à la protection de Louis le Germanique (858). Mais Charles le Chauve obtient la soumission du marquis de Neustrie en lui restituant ses titres, puis rétablit Louis le Bègue au Mans tout en dédommageant le marquis, auquel il octroie des terres en Bourgogne. Ainsi, Robert le Fort est rappelé en Neustrie en 866 pour défendre la région contre les Normands, et meurt héroïquement à la bataille de Brissarthe la même année, laissant deux fils, Eudes et Robert (futur Robert Ier). Robert le Fort doit à sa descendance d'être demeuré dans l'histoire comme une figure dominante du IXe siècle : il est en effet le plus ancien ancêtre connu des Capétiens, et l'historiographie capétienne n'aura de cesse de rappeler les exploits du glorieux aïeul.

Robert d'Arbrissel,

ermite fondateur de l'abbaye ligérienne de Fontevraud (Arbrissel, près de Rennes, vers 1045 - prieuré d'Orsan, Berry, 1116).

Fils d'un prêtre rural, auquel il succède, Robert d'Arbrissel est bouleversé par la déposition de l'évêque de Rennes pour simonie, en 1078. Il gagne alors Paris, où il étudie et adopte les idées de la réforme grégorienne.

De retour dans le diocèse de Rennes, il devient le promoteur de la cause réformatrice, en tant qu'archiprêtre, aux côtés de l'évêque Sylvestre de La Guerche, qui a été rétabli. Mais Robert choisit bientôt de se conformer plus rigoureusement à une vie d'ascèse, de pauvreté et d'humilité, et devient ermite dans la forêt de Craon, vers 1095. En 1096, il obtient du pape Urbain II, à Angers, l'autorisation de prêcher. Il commence alors une vie itinérante et parcourt les routes de Bretagne, d'Anjou et de Poitou. Son message pénitentiel s'adresse autant aux laïcs qu'aux clercs et rencontre immédiatement l'adhésion des populations. Mais la sévérité de ses critiques envers les richesses et les abus du clergé, en particulier le concubinage des prêtres, ainsi que la foule nombreuse qui l'accompagne - où se mêlent indistinctement clercs et laïcs, nobles et pauvres, hommes et femmes - inquiètent l'Église. Celle-ci le contraint finalement à se fixer à Fontevraud (1101), non loin de Saumur, sur des terres données par un seigneur du voisinage. Robert établit alors une communauté originale, accueillant à la fois des hommes et des femmes, et qui suit la règle bénédictine, partiellement adaptée. Des bâtiments sont construits pour cinq catégories de personnes : les moniales, les « repenties » - parmi lesquelles on compte beaucoup d'anciennes prostituées ou concubines de prêtres -, les frères (prêtres ou laïcs), les lépreux, les autres malades. Il s'agit de faire son salut en menant ensemble, hommes et femmes, une vie rigoureusement chaste. Cette proximité de vie, ainsi que la soumission de l'ensemble de la communauté à une femme (qui prend le titre de prieure) et non à un abbé, témoignant de la dimension pénitentielle, toute d'humilité et de soumission, de la nouvelle fondation. Le succès de Fontevraud auprès de la noblesse, qui y envoie ses filles en grand nombre, est immédiat et prend place dans le cadre de l'essor du lignage agnatique aux XIe et XIIe siècles. Après 1116, Fontevraud devient ainsi l'abbaye mère d'un ordre éminemment aristocratique, privilégié par Henri II Plantagenêt et Aliénor d'Aquitaine - qui décident d'en faire leur nécropole.