Nantes (édit de), (suite)
L'édit constitue pour le catholicisme un échec. Le culte réformé est désormais autorisé sur les terres des seigneurs hauts justiciers, tandis que les seigneurs bas justiciers reçoivent un droit de culte privé. Il est reconnu également dans les villes et lieux où il se déroulait publiquement en 1596 et jusqu'à la fin d'août 1597, ainsi que dans les faubourgs de deux villes (ou bourgs) par bailliage. Des restrictions particulières concernent les terres de grands seigneurs ligueurs, Paris, les cimetières...
Sont définis aussi des droits civils, qui placent les calvinistes à égalité avec les catholiques : droit d'accéder à toutes les charges, dignités et magistratures, droit de libre résidence, droit de vendre, acheter, tester, hériter..., droit d'admission dans les universités, collèges, écoles et hôpitaux, droit de créer des collèges et académies, droit d'être jugés par des tribunaux spéciaux (des chambres mi-parties, avec établissement, au parlement de Paris, d'une Chambre de l'édit composée de 6 calvinistes et de 10 catholiques).
La paix repose enfin sur des droits politiques : concession de 144 lieux de refuge pour huit ans et faculté de tenir des assemblées discutant du montant des subventions royales.
L'application de l'édit se heurte à des résistances. Le parlement de Paris en négocie l'enregistrement dans une forme quelque peu remaniée, suivi par les autres cours souveraines, sauf le parlement de Rouen qui résiste jusqu'en 1609. Pour remédier aux difficultés locales dues aux réticences calvinistes comme catholiques, le roi nomme des commissaires dans les ressorts des parlements, l'un catholique, l'autre protestant. Ainsi est instauré en France ce qu'Augustin Renaudet a nommé « un régime nouveau et inconnu jusque-là en Europe », mais dont il faut se demander si, dans l'optique de la monarchie absolue qui se mettait en place, il n'était pas pensé comme transitoire.