Louis II le Bègue,
roi des Francs de 877 à 879 (846 - Compiègne 879).
Unique fils survivant de Charles le Chauve et d'Ermentrude, Louis est en mauvais termes avec son père depuis qu'il a épousé, malgré celui-ci, Ansegarde, qui lui a donné les futurs Louis III et Carloman. Contraint de s'en séparer, il se marie avec Adélaïde, qui sera la mère du futur Charles III le Simple. Avant de partir pour l'Italie à la demande du pape Jean VIII en 877, l'empereur Charles le Chauve prend soin d'entourer son fils d'un Conseil. Malgré cela, Louis le Bègue, sitôt qu'il apprend la mort de son père le 10 octobre 877, redistribue les « honneurs » - comtés, abbayes et autres biens -, enfreignant ainsi le capitulaire de Quierzy de Charles le Chauve, qui préserve les droits de ceux qui l'ont accompagné en Italie et de leurs descendants. Juste après son élection et son couronnement à Compiègne par Hincmar de Reims, le 8 décembre 877, Louis le Bègue affronte donc une coalition des grands du royaume. Il cède immédiatement en promettant de respecter les droits et privilèges de chacun.
Ce règne est marqué par deux événements qui soulignent la faiblesse des Carolingiens. Le premier est le concile de Troyes (juillet 878), où le pape Jean VIII appelle en vain les Carolingiens au secours du Saint-Siège. Le second est l'entrevue de Fouron, entre Louis le Bègue et Louis le Jeune, roi de Germanie, à l'occasion de laquelle est renouvelé le traité de Meerssen (870), qui partage la Lotharingie. Lorsque Louis le Bègue, très malade, meurt au cours d'une expédition en Aquitaine, son fils Louis III, à qui est bientôt adjoint le jeune Carloman, hérite d'un pouvoir royal affaibli par le doute qui pèse sur la légitimité de l'union de ses parents.
Louis III le Victorieux,
roi des Francs de 879 à 882 (vers 863 - Saint-Denis 882).
À la mort de son père, Louis II le Bègue, Louis hérite de la Neustrie et de la Francie, tandis que son frère puîné, Carloman, reçoit la Bourgogne et l'Aquitaine. C'est conjointement qu'ils dirigent le royaume carolingien émietté : Boson, beau-frère de l'empereur Charles le Chauve, se fait élire roi de Bourgogne et de Provence, tandis que la Lotharingie occidentale doit être cédée au roi de Germanie, Louis le Jeune. À la mort de Louis III, Carloman reste l'unique souverain du royaume des Francs occidentaux.
Louis IV d'Outremer,
roi des Francs de 936 à 954 (vers 921 - Reims 954).
Le règne de Louis IV d'Outremer, fils de Charles III le Simple et d'Ogive d'Angleterre, est emblématique de la mainmise des princes sur le pouvoir du roi, à l'approche de l'an mil. Dans le contexte du démembrement territorial de l'ancien Empire carolingien, l'élection de Louis IV est liée à l'autorité d'Hugues le Grand, fils de Robert Ier, et véritable maître du royaume.
Pour avoir négocié le retour d'Angleterre du jeune Louis, alors âgé de 15 ans, qui y était élevé - d'où son surnom - avec les grands princes du nord de la Loire, Hugues le Grand croit tenir le roi sous sa coupe. Sacré à Laon le 19 juin 936, Louis IV possède, en effet, plus un titre qu'un territoire : son royaume s'étend seulement sur une demi-douzaine de domaines. Dès son avènement, il doit également reconnaître à Hugues le titre de duc des Francs. L'autorité royale continue ainsi à être disputée entre Robertiens et descendants de Charlemagne, au détriment de l'unité du royaume. Cependant, Louis IV s'efforce de constituer, à l'instar des princes, son propre réseau de fidélités et sa propre assise territoriale. Dès 937, il essaie également de se défaire de l'emprise d'Hugues le Grand en favorisant le jeu des princes rivaux pour s'emparer des fiefs provenant de l'héritage carolingien. Cependant, l'arbitrage politique d'Otton Ier, roi de Germanie, auquel les succès remportés sur les Saxons assurent une suprématie incontestable, a tôt fait de contrecarrer les prétentions royales sur l'héritage territorial de Charlemagne. Captif d'Hugues le Grand qui le fait tomber aux mains des Normands en 945, Louis IV n'est délivré qu'après avoir remis la ville de Laon, la dernière possession des Carolingiens. En 946, quand il recouvre la liberté, le roi ne possède presque plus rien. En 948, l'alliance d'Otton Ier jouant cette fois en sa faveur, Louis IV peut exercer une autorité réelle sur une partie de la France mineure, après l'excommunication d'Hugues le Grand aux conciles de 947-948. Sa légitimité n'est plus contestée. Il meurt accidentellement en septembre 954, laissant un fils aîné qui lui succède.
Son règne n'a pu faire écran à l'exercice princier des pouvoirs régaliens, ni empêcher la répartition du pouvoir entre les grands féodaux. Néanmoins, Louis IV d'Outremer a réussi à éviter la sécession de la Normandie et à faire renouveler, au moyen de l'hommage, l'aveu public de sa supériorité. Un premier pas vers le retour à l'exercice du pouvoir par le roi.
Louis V le Fainéant,
roi des Francs de 986 à 987 (vers 967 - Compiègne 987).
Dès 979, Louis V est couronné et associé au gouvernement mais n'hérite du royaume qu'en 986. Autoritaire (le surnom de « Fainéant » est tardif), il poursuit la politique antigermanique de son père, Lothaire, en s'opposant à l'archevêque de Reims, Adalbéron, agent des ingérences ottoniennes. Dernier souverain de la dynastie carolingienne, il meurt le 21 mai 987 des suites d'une chute de cheval, laissant le royaume aux mains d'Hugues Capet, proclamé roi le 1er juin 987 et sacré par Adalbéron un mois plus tard.
Louis VI le Gros,
roi des Francs de 1108 à 1137 (Paris, vers 1081 - id. 1137).
Le règne de Louis VI le Gros marque une étape décisive dans l'affermissement de la monarchie capétienne. Fils aîné de Philippe Ier et de Berthe de Hollande, marié en 1115 à Adélaïde de Savoie, Louis VI est associé au gouvernement du royaume de France dès 1100. À la mort de son père, il est sacré en hâte à Orléans, en août 1108, tant reste fragile l'hérédité dynastique, que le sacre ne fait qu'affirmer, mais ne légitime pas. En effet, la faiblesse de la dynastie capétienne au XIIe siècle rend celle-ci étroitement dépendante de l'élaboration de l'idée monarchique. Les fondements de la puissance royale reposent alors sur la monarchie sacrée mais aussi sur la monarchie administrative et sur la consolidation du domaine royal.