Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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juin 1940 (appel du 18), (suite)

Enfin, l'appel est prophétique. Dépassant le cadre franco-allemand, de Gaulle a l'intuition d'une « guerre mondiale ». La France conserve des atouts (son empire et sa flotte « intacts ») et « elle n'est pas seule » : « Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique et [...] utiliser sans limite l'immense industrie des États-Unis. » Ainsi, l'espoir demeure : l'Allemagne, aujourd'hui victorieuse grâce à la puissance de ses armes, pourra être vaincue par « une force mécanique supérieure ». Le texte s'achève par un appel aux soldats, ingénieurs et techniciens français, et sera complété par d'autres appels émis - « au nom de la France » - du 19 au 25 juin.

À l'époque, l'appel est un échec : peu nombreux sont les Français qui l'entendent, et les responsables militaires de l'empire ne se rallient pas. S'il ne fonde pas la Résistance - dont les premières manifestations sont spontanées -, il en devient la référence symbolique.

Julien l'Apostat,

en latin Flavius Claudius Julianus, dit l'Apostat, empereur romain de 361 à 363 (Constantinople 331 - Mésopotamie 363).

Ce neveu de Constantin Ier est épargné, en raison de son très jeune âge, lors du massacre de sa famille à la suite de la mort de son oncle, en 337. Il bénéficie d'une éducation soignée, centrée sur la philosophie grecque, l'hellénisme et le mysticisme ; il abjure le christianisme. Appelé en Occident par l'empereur Constance II en 355, il est associé au pouvoir, nommé césar et envoyé en Gaule en 357, où il reçoit le commandement général des troupes.

À cette époque, la Gaule traverse des temps troublés : la guerre contre l'usurpateur Magnence a en effet dégarni le limes, permettant les incursions ravageuses des Alamans dans tout le nord-est du pays. Révélant des qualités militaires inattendues pour un lettré, Julien lance des assauts au-delà du Rhin et capture de nombreux barbares, qu'il emploie à la reconstruction des villes détruites (Saverne, Besançon, Reims...). Le 25 août 357, près de Strasbourg, à la tête de 13 000 hommes seulement, il remporte une brillante victoire contre 30 000 Alamans. Il force tant l'admiration de ses troupes (formées par une très grande majorité de Gaulois) qu'en février 360, il est proclamé auguste, à Paris. Il peut alors quitter la Gaule, en y ayant assuré pour quelques années une paix relative. À la mort de Constance, en novembre 361, il devient le maître de l'Empire. Son règne, très court, est marqué, dans le domaine politique, par un retour à une conception augustinienne de l'Empire, moins despotique et bureaucratique ; sur le plan religieux, par une farouche volonté de restaurer le paganisme.

Junot (Andoche, duc d'Abrantès),

général de division (Bussy-le-Grand, Côte-d'Or, 1771 - Montbard, id., 1813).

Né dans la petite bourgeoisie judiciaire, il est étudiant en droit lorsque éclate la Révolution. En 1792, il s'engage dans un bataillon de volontaires et se fait remarquer par sa bravoure l'année suivante, lors du siège de Toulon : il devient alors l'aide de camp de Bonaparte. Il partage, après le 9 Thermidor (27 juillet 1794), l'infortune de son général, auquel il voue un véritable culte. Il se distingue dans les campagnes d'Italie et d'Égypte, et triomphe notamment à Nazareth. Sous le Consulat, il est nommé commandant de la place de Paris et, en novembre 1801, général de division. Ayant manifesté son mécontentement de n'être pas de la première promotion des maréchaux, il est mis à l'écart dans une ambassade au Portugal en 1805, mais quitte Lisbonne dès la reprise des hostilités avec l'Autriche. Il participe alors brillamment à la bataille d'Austerlitz, puis reçoit le gouvernement des États de Parme et de Plaisance. En 1807, il prend la tête de l'armée lancée à la conquête du Portugal, ce qui lui vaut le titre de duc d'Abrantès et la charge de gouverneur du pays en 1808. Mais, vaincu par les Anglais, il signe la capitulation de Cintra le 30 août. Il tombe dès lors en disgrâce, d'autant que Napoléon ne lui pardonne pas ses dépenses exagérées et ses relations. Il est cependant rappelé pour combattre en Allemagne en 1809, puis en Espagne en 1810. Durant la campagne de Russie, il est accusé de maladresses dans la conduite de ses troupes. Les séquelles de ses blessures jointes à son amertume le font sombrer dans la folie alors qu'il est gouverneur d'Illyrie. Il meurt après s'être défenestré.

Jussieu (Antoine Laurent de),

botaniste (Lyon 1748 - Paris 1836).

Antoine Laurent de Jussieu est le plus illustre représentant d'une éminente famille de botanistes. Après des études à la faculté de médecine de Lyon de 1765 à 1770, il devient l'assistant de Louis Guillaume Le Monnier au Jardin du roi, à Paris. L'histoire naturelle, dominée par Linné et Buffon, apparaît alors comme l'un des pôles majeurs de la pensée scientifique. La primauté que le XVIIIe siècle accorde à l'existence concrète et matérielle sur les essences explique cette position centrale. Dans la foisonnante réalité de la nature, Jussieu choisit les plantes, auxquelles il consacre de longs travaux entre 1774 et 1789. Cette année-là, il publie Genera plantarum : sa classification, qui doit beaucoup aux travaux de son oncle Bernard de Jussieu, s'impose peu à peu auprès des meilleurs botanistes européens. Au cours de la période révolutionnaire, il participe, comme la plupart des savants de son époque, au renouveau des institutions scientifiques. En 1793, il devient ainsi professeur de botanique au Muséum national d'histoire naturelle, au sein duquel il met en place un « herbier national ». En 1800, il succède à Daubenton à la tête du musée. Il s'y maintient, contre vents et marées, jusqu'en 1826, avant de finir ses jours dans une paisible retraite.

Juvénal (

ou Jouvenel) des Ursins, famille champenoise qui, au XVe siècle, a compté parmi ses membres plusieurs officiers royaux et prélats célèbres.

Le fondateur de la dynastie, Jean Ier Jouvenel (Troyes, vers 1360 - Poitiers 1431), avocat dans sa ville natale, puis au parlement de Paris, est ensuite prévôt des marchands (1388), avocat du roi (1400), président de la Chambre des aides (1417). Partisan du dauphin Charles, il fuit Paris avec sa famille en 1418, et devient maître des requêtes, puis président du parlement de Poitiers (1420). Il eut neuf fils. Le deuxième, Jean II (1388-1473), qui se fait nommer Juvénal des Ursins, est docteur en droit civil et canon, avocat du roi au parlement de Poitiers, avant d'être nommé évêque de Beauvais (1432), de Laon (1444), enfin archevêque de Reims (1449). Il joue un rôle politique important sous le règne de Charles VII et laisse de nombreux écrits, parmi lesquels une Chronique de Charles VI en français. Son frère Guillaume (1401-1472) poursuit une carrière d'officier au service du roi. Conseiller au parlement de Poitiers (1423), il est armé chevalier en 1429, désigné lieutenant du Dauphiné (1435), puis chancelier de France (1445) par Charles VII. Au début du règne de Louis XI (1461), il est disgracié, puis réintégré dans sa charge, de même que son frère Michel (1408-1471), bailli de Troyes. L'un des plus jeunes frères, Jacques (1410-1457), mène aussi une double carrière : ayant débuté comme avocat du roi (1436), il est ensuite président de la Chambre des comptes (1443), archevêque de Reims (1444), enfin patriarche d'Antioche (1449).