Banque de l'Indochine, (suite)
Son capital, versé par le Comptoir d'escompte et le Crédit industriel et commercial (avec la participation des Messageries maritimes et de la Banque de Paris et des Pays-Bas), s'élève alors à 8 millions de francs. Elle obtient le droit d'émettre de la monnaie en Cochinchine et en Inde française. Ce privilège, qui devait expirer en 1885, est étendu à l'ensemble de l'Indochine et à l'Océanie en 1905, puis à la Côte française des Somalis en 1907, et prorogé jusqu'en 1920, puis jusqu'en 1959 ; mais il lui est retiré, le 31 décembre 1951, au profit des instituts d'émission des trois États associés (Cambodge, Laos, Viêt-nam). La Banque de l'Indochine le conserve à Djibouti jusqu'en 1970.
Jusqu'en 1927, elle pratique le crédit agricole en consentant des avances sur fonds ou sur récoltes aux paysans indochinois (au taux de 8 %). Importante banque d'affaires, elle s'assure le contrôle de nombreuses entreprises en Indochine et à Madagascar (Omnium colonial, Distilleries de l'Indochine, Brasseries de l'Indochine, plantations d'hévéas), et ouvre des agences dans la plupart des pays d'Extrême-Orient. Ses dirigeants espèrent longtemps s'implanter en Chine, pays où ils ne pourront jamais acquérir de position influente. Rachetée par la Compagnie financière de Suez en 1972, elle constitue avec celle-ci le groupe Indosuez en 1975. La Banque de l'Indochine fut le plus important groupe capitaliste de l'empire colonial français, et joua un rôle moteur dans la vie de l'Indochine française.