Montespan (Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de), (suite)
Fille du duc de Mortemart, premier gentilhomme de la Chambre du roi, cette jeune demoiselle a un physique avantageux, lorsque, à 19 ans, elle sort de son couvent de Saintes. Fille d'honneur de la reine Marie-Thérèse, elle est mariée en 1663 au marquis de Montespan et deux maternités l'épanouissent : gorge généreuse, sensualité chaude, esprit irrésistible. En 1667, entre la reine qui estropie le français et Mme de La Vallière qui songe au Carmel, le roi s'ennuie. Il a 29 ans, elle 26. Elle lui cède, sans doute, pendant la campagne de Flandre. La troupe crée une chanson : « Auprès de ma blonde, qu'il fait bon dormir. » Montespan, « premier cocu de France », fait un esclandre, qui lui vaut d'être emprisonné le 30 septembre 1668. Libéré, exilé en son château, près d'Auch, il fait célébrer les « funérailles » de son épouse qui, à la cour, assiste au « grand divertissement » (1668) donné en son honneur. Pour conserver cet amour naissant, Athénaïs de Montespan rencontre des sorcières : sorts, philtres, envoûtements. En 1668 et 1669, elle donne naissance à deux enfants. En 1670, naît le petit duc du Maine, confié à la veuve Scarron (future Mme de Maintenon). En 1672 et 1673, elle met au monde Vexin et Mlle de Nantes. En 1674, dotée à Versailles d'un appartement plus grand que celui de la reine, couverte de joyaux, elle accouche d'une autre fille, Mlle de Tours.
Au château de Clagny - construit pour elle en 1674 -, la favorite attire les hommes de lettres et les artistes mais aussi la colère de Bossuet et de Bourdaloue. À Pâques 1675, ces derniers triomphent. La « créature » est éloignée. Le Très-Chrétien communie. Mais elle ne lâche pas prise - magie, aphrodisiaques, messes noires -... et revient. Dame du palais, elle donne naissance à deux autres enfants : Mlle de Blois (1677), le comte de Toulouse (1678). Soit huit bâtards royaux en dix ans ! Surintendante de la Maison de la reine avec rang de duchesse (1679), protectrice de son frère, le duc de Vivonne, compromise dans l'affaire des Poisons (1679) - au cours de messes noires, des nouveau-nés auraient été sacrifiés -, elle semble perdue (1680). Mais le roi - infidèle -, La Reynie, Colbert et Louvois calment l'opinion. La marquise ne quitte la cour qu'en 1691, à 50 ans, pour un couvent parisien, avant d'aller mourir au fond de la province.