Jean II le Bon ou le Brave,
roi de France de 1350 à 1364 (château du Gué de Maulny, près du Mans, 1319 - Londres 1364).
Il ne devient héritier de la couronne qu'en 1328, lorsque la branche directe des Capétiens étant éteinte, son père, Philippe de Valois, accède au trône de France sous le nom de Philippe VI. Celui-ci l'initie alors à son futur métier : il le nomme duc de Normandie, le fait participer au Conseil, lui confie l'armée de Bretagne en 1341, et celle de Guyenne en 1346. Le siège d'Aiguillon l'empêche de participer à la bataille de Crécy (26 août 1346), où les Français sont battus. Son père le charge aussi de diverses négociations - notamment celle qui permet l'union du Dauphiné à la couronne, ou celle qui aboutit, en 1347, à une alliance avec l'empereur Charles de Luxembourg, son beau-frère (Jean a épousé, en 1333, Bonne de Luxembourg).
Quand il devient roi de France en août 1350, Jean II possède donc une certaine expérience militaire et diplomatique. On le surnomme « le Bon » en raison de sa générosité, de son goût pour le faste et de sa bravoure aux armes. Roi très instruit, il est, cependant, selon le témoignage de Froissart, trop souvent indécis et facilement influençable. En outre, il peut avoir des réactions brutales : c'est lui qui décide ainsi de faire exécuter Raoul de Brienne, son connétable. Il connaît par ailleurs de nombreux démêlés avec son gendre, le roi de Navarre Charles le Mauvais, qu'il fait incarcérer en 1356.
Son règne, qui s'inscrit dans le contexte de la guerre de Cent Ans, est marqué par la reprise des hostilités avec les Anglais et par la grande peste de 1348. Jean II tente, par par le biais de deux ordonnances, en 1351 et 1353, de mieux organiser l'armée en pratiquant un contrôle permanent des effectifs et de l'armement. Pour s'attacher l'élite de la chevalerie, il crée, le 6 novembre 1351, l'ordre de l'Étoile. Mais, en 1356, lors de la bataille de Poitiers (19 septembre), fait prisonnier par le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre, il est emmené en captivité près de Londres. Il y jouit d'un régime de semi-liberté, pouvant s'adonner à la chasse et participer à des réceptions, alors que son fils (le futur Charles V), régent en France, doit faire face à la révolte parisienne d'Étienne Marcel en 1358. Souhaitant mettre fin rapidement à sa captivité, il négocie en 1359 un traité (les préliminaires de Londres) qui offre à l'Angleterre toute la moitié ouest du royaume. Ces conditions sont refusées par le dauphin et par les états généraux. Finalement, le 8 mai 1360, les préliminaires de paix de Brétigny sont signés : pour sa libération, le roi doit payer une rançon de 3 millions d'écus et accorder à l'Angleterre, en pleine souveraineté, toute la France du Sud-Ouest. Des otages sont envoyés pour garantir le respect du traité, mais, en 1363, Louis d'Anjou, l'un des fils du roi, s'échappe. Considérant cette fuite comme une faute contre l'honneur, Jean le Bon décide de prendre sa place et arrive en janvier 1364 en Angleterre, où il meurt le 8 avril.
Jean IV le Vaillant,
duc de Bretagne de 1345 à 1399 (1339 - Nantes 1399).
Fils de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre, il est élevé à la cour du roi d'Angleterre Édouard III, en raison des troubles qui suivent la mort de son oncle Jean III, duc de Bretagne. En effet, ce dernier a laissé à sa mort, en 1341, deux héritiers possibles : sa nièce Jeanne de Penthièvre, mariée à Charles de Blois (neveu du roi de France Philippe VI), et son demi-frère Jean de Montfort, époux de Jeanne de Flandre. À la guerre entre les deux prétendants succède une « guerre des deux Jeannes », que clôt la trêve de Malestroit, en 1343. Jeanne de Flandre ayant cherché refuge et soutien auprès d'Édouard III contre Charles de Blois, la guerre de la Succession de Bretagne s'insère dans la guerre de Cent Ans.
Pendant vingt ans, des combats opposent les Anglais aux hommes de Jeanne de Penthièvre. La guerre prend un tour nouveau lorsque Jean IV investit le théâtre des hostilités et remporte, le 29 septembre 1364, la bataille d'Auray, où périt Charles de Blois. Quelques mois plus tard, en 1365, le traité de Guérande met fin au conflit : Jean IV de Montfort détient la couronne ducale, tandis que Jeanne de Penthièvre conserve les biens lui venant de ses parents - Penthièvre et Limoges.
Très anglophile, nouant en 1372 une alliance avec Édouard III, Jean IV s'oppose au roi de France Charles V, qui riposte en envoyant en Bretagne, où le duc est impopulaire, une armée conduite par du Guesclin. Jean IV trouve alors refuge en Angleterre ; en 1378, ses terres sont confisquées pour cause de félonie, mais les barons bretons, hostiles à cette ingérence, rappellent Jean IV en 1379. La paix est scellée avec le nouveau roi de France Charles VI au second traité de Guérande, en 1381. Cependant, un conflit oppose le connétable de France Olivier de Clisson et le duc de Bretagne. Élevés ensemble à la cour d'Édouard III, les deux hommes se détestent, Clisson reprochant à Jean IV d'être trop proche des Anglais. Le duc tente de faire assassiner le connétable, ce qui conduit Charles VI à mener contre Jean IV l'expédition punitive au cours de laquelle le roi est frappé d'une première crise de folie, en 1392.
Durant les dernières années de son règne, Jean IV répare des errements anciens : en 1395, il se réconcilie avec Clisson et, en 1397, à la faveur de la paix franco-anglaise, il rachète Brest, qu'il avait vendu aux Anglais en 1378. À sa mort, il transmet à son fils Jean V un duché très puissant.
Jean V,
comte d'Armagnac de 1450 à 1473 (1420 - Lectoure 1473).
Fils de Jean IV d'Armagnac et d'Isabelle de Navarre, il est vicomte de Lomagne - titre porté par les héritiers d'Armagnac -, puis comte d'Armagnac et de Rodez à la mort de son père.
Petit-fils de Bernard VII d'Armagnac, dont le parti a soutenu le dauphin Charles contre les Bourguignons, Jean V jouit d'un certain prestige, rehaussé par ses exploits militaires contre les Anglais dans l'armée de Charles VII. Il incarne aussi les survivances féodales de la fin du XVe siècle : il usurpe des droits régaliens - se prétendant comte « par la grâce de Dieu » - et revendique le comté de Comminges, qui appartient aux comtes de Foix. Tout cela entraîne sa brouille avec Charles VII et lui vaut d'être jugé en parlement. Son mariage avec sa propre sœur Isabelle, au prix de fausses bulles pontificales, aggrave la sanction : Jean V est banni et ses biens sont confisqués en 1460.