accord conclu par l'Allemagne et la France le 22 juin 1940 en vue de la cessation des hostilités.
Au milieu du mois de juin 1940, alors que la bataille de France est perdue, le gouvernement se divise. Paul Reynaud, certains ministres et d'autres personnalités, dont Charles de Gaulle alors sous-secrétaire d'État à la Défense, entendent poursuivre le combat à partir de l'Afrique du Nord, projet qui suppose une simple capitulation militaire, de façon à laisser toute liberté d'action au gouvernement en dehors du territoire métropolitain. La solution opposée, l'armistice, d'abord défendue par le général Weygand, puis par Pétain, finit par l'emporter.
Pétain se place autant sur le plan militaire (l'Allemagne a gagné la guerre, la poursuite du combat à partir de l'empire est chimérique) que politique (empêcher un éventuel coup de force communiste et préparer l'avènement d'une « révolution nationale ») et moral (le gouvernement ne saurait abandonner les Français, la défaite est la sanction d'une décadence, et l'armistice la condition du relèvement). Reynaud, croyant avoir été mis en minorité, démissionne le 16 juin au soir. Pétain lui succède aussitôt et, le 17, alors que des contacts sont noués avec les Allemands, annonce au pays, « le cœur serré », qu'il faut « cesser le combat ». Hitler révèle toute son habileté politique en acceptant l'offre française. Son but est alors d'affaiblir la Grande-Bretagne et d'éviter qu'une attitude trop rigide ne précipite la flotte et l'empire français dans le camp britannique.
À Rethondes, le 21 juin 1940, dans le wagon de Foch, la délégation française reçoit, en présence du Führer, les conditions allemandes. L'armistice, signé le 22 avec l'Allemagne, et le 24 avec l'Italie, entre en application le 25. Ses clauses sont draconiennes. La France est divisée en deux zones : l'une, à l'ouest et au nord, soit près des deux tiers du territoire, est occupée par les Allemands, l'autre, au sud, demeure « libre ». Un gouvernement français est maintenu et conserve toute autorité sur l'empire. L'armée française, limitée à 100 000 hommes environ, privée d'armes lourdes, est réduite à assurer l'ordre intérieur. La flotte n'est pas livrée, mais, désarmée, elle doit demeurer dans ses ports d'attache (ce qui la place sous la menace allemande). Les frais d'entretien des troupes d'occupation sont à la charge de la France. Enfin, 1,8 million de prisonniers français resteront détenus en Allemagne jusqu'à la conclusion d'un traité de paix.
L'acceptation ou le refus de l'armistice dressa entre les Français un fossé politique infranchissable : les pétainistes soutinrent que l'armistice atténuerait les malheurs du pays et préparerait son relèvement ; pour les gaullistes, il n'était rien d'autre qu'un acte de trahison.