révolutionnaire (Boudry, Suisse, 1743 - Paris 1793).
Pour ses admirateurs aussi bien que pour ses détracteurs, Marat apparaît comme l'une des figures les plus emblématiques de la Révolution. Son influence auprès du mouvement populaire parisien, sa relative indépendance à l'égard des principaux courants politiques de son temps, son assassinat, qui l'a élevé au rang de martyr, en font une personnalité marquante de l'histoire révolutionnaire.
Un médecin éclairé.
• Né en Suisse d'un père d'origine sarde et d'une mère genevoise, Marat étudie au collège de Neuchâtel et se retrouve, à 16 ans, précepteur à Bordeaux. En 1762, il monte à Paris, capitale rayonnante d'une France où s'accroît la mobilité sociale. Il y complète sa formation philosophique et étudie la médecine, avant de gagner l'Angleterre en 1765. Dans ce pays qui s'impose aux esprits éclairés comme un modèle politique, Marat exerce son art et publie ses premiers ouvrages, en anglais. Il rédige notamment un Essay on the Human Soul (1772) et l'un de ses livres les plus célèbres, The Chains of Slavery (1774), dans lequel il énonce une théorie de l'insurrection et légitime la violence politique. Rentré en France en 1777, il devient médecin des gardes du comte d'Artois et poursuit des activités de recherche. Ses mémoires sur le feu (1780), la lumière (id.) ou encore l'électricité (1782) sont au cœur des préoccupations scientifiques du moment. Mais ses travaux et ses résultats, qui entendent mettre fin au système newtonien, sont rejetés par l'Académie des sciences, qui lui ferme sa porte. Les années 1780 sont pour lui une décennie de repli social : Marat cesse en effet d'exercer comme médecin auprès du comte d'Artois, et son existence quotidienne est fragilisée.
Un journaliste engagé.
• L'effervescence qui suit l'annonce de la convocation des États généraux remet Marat en selle. À la réflexion politique qu'il avait continué à mener après son séjour en Angleterre, notamment dans son Plan de législation criminelle (1780), succède l'engagement passionné. Dès le début de l'année 1789, il écrit des pamphlets sur la situation du royaume. La liberté de la presse, nouvellement acquise, lui permet, en septembre, de créer son propre journal, l'Ami du peuple, grâce auquel il fonde sa notoriété dans les mois qui suivent. Tiré à quelque 2 000 exemplaires, l'Ami du peuple , comme l'écrit l'historien Michel Vovelle , « est avant tout un long éditorial » et bénéficie d'un « public fidèle et attentif », sans être pour autant considérable. Tout au long du millier de numéros qu'il fait paraître, Marat en appelle à la vigilance populaire, afin d'éviter la confiscation de la Révolution au profit des nantis. Son propos, souvent violent, lui vaut des déboires, surtout lorsqu'il s'en prend à des personnalités comme Necker, Mirabeau ou La Fayette : à plusieurs reprises, entre 1789 et 1792, il doit fuir ou se cacher. Sa position se renforce considérablement après la journée du 10 août 1792. Élu en septembre à la Convention nationale, il siège avec les montagnards et soutient une ligne républicaine à vocation démocratique. Signe de son influence et de ses aspirations, son journal change de titre, adoptant celui de Journal de la République française. Marat continue d'y exalter les masses populaires, par qui et pour qui doit se construire le mouvement révolutionnaire. Il trouve légitime l'élimination des ennemis de la République et, sans les avoir provoqués, soutient les massacres de Septembre.