Madagascar, (suite)
Le général Gallieni, gouverneur général et commandant en chef de 1896 à 1905, est le véritable fondateur de la colonie : il achève la pacification, crée un institut Pasteur, l'assistance médicale indigène, l'école de médecine, un important réseau scolaire ; il encourage la colonisation et entreprend un programme de grands travaux (aménagement routier, chemin de fer reliant Tananarive à la côte est). Cependant, dès 1915, l'affaire de la « VVS » (société secrète anticoloniale), un simple complot d'étudiants, révèle un malaise dans la population malgache, notamment au sein de la bourgeoisie des hauts plateaux, qui se trouve déclassée par la domination française.
En 1940, la Grande Île reste fidèle au gouvernement de Vichy. En 1942, des troupes britanniques entreprennent donc sa conquête, se heurtant à une vive résistance. Tananarive capitule en décembre, et l'autorité est remise au général Legentilhomme, le représentant de la « France libre ».
Du nouveau statut à l'indépendance.
• En 1946, Madagascar est érigée en territoire d'outre-mer ; l'île est divisée en cinq provinces dotées chacune d'une assemblée, celle-ci élisant les vingt-cinq membres de l'assemblée représentative centrale. Deux partis se développent alors : le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), indépendantiste, influent dans la bourgeoisie du plateau, et le Parti des deshérités de Madagascar (PADESM), plus modéré, implanté dans les régions côtières, et soutenu par l'administration. Les élections législatives au double collège envoient au Palais-Bourbon les députés Raseta et Ravohangy, qui réclament en vain le statut d'État associé indépendant au sein de l'Union française. Un soulèvement éclate alors sur la côte est (mars 1947-fin 1948) ; il est suivi d'une répression qui fait plus de 11 000 morts, selon la liste des victimes établie dans les années 1950 à la demande du gouverneur - alors qu'en 1948 l'état-major a avancé le chiffre de 89 000 victimes, souvent exploité par la suite. De lourdes condamnations frappent les députés. La vie politique, très ralentie, ne reprend qu'avec la loi-cadre de juin 1956, qui établit le suffrage universel et le collège unique, et dote l'île d'un statut de semi-autonomie. Les côtiers sont largement majoritaires parmi les élus, et c'est l'un d'entre eux, l'instituteur Philibert Tsiranana, socialiste très modéré, qui devient vice-président du Conseil de gouvernement. En vertu de la Constitution de 1958, Madagascar opte pour le statut d'État membre de la Communauté, et Tsiranana devient chef du gouvernement puis, en 1959, président de la République malgache. Madagascar accède à l'indépendance le 26 juin 1960.