Lyon (siège de), (suite)
Dans cette ville industrieuse et marchande - la seconde du royaume par le nombre d'habitants -, modérés et royalistes mais aussi « rolandins » (girondins amis de Roland) s'opposent aux jacobins avancés qui, avec l'extrémiste Joseph Châlier, contrôlent le Club central, réunissant les délégués des populaires clubs sectionnaires. Lorsque, après la chute de la monarchie, la municipalité tombe aux mains des « châliers » (mars 1793), rolandins et royalistes, qui sont en majorité, s'allient pour se dresser contre le Club central et contrecarrer les mesures radicales - « de salut public » - prises par la Commune de Lyon. Les trois quarts des sections rejettent ainsi l'arrêté municipal du 14 mai 1793 - qui prévoit notamment la formation d'une armée révolutionnaire et une contribution forcée de 6 millions de livres sur les riches -, et prennent d'assaut la Commune le 29 mai, journée au terme de laquelle Châlier et ses amis « anarchistes » sont arrêtés. À Paris, on voit dans cet événement, qui est à l'opposé des journées parisiennes des 31 mai et 2 juin contre la Gironde, la marque du fédéralisme girondin. De fait, les autorités lyonnaises prennent contact avec celles des départements voisins et rompent avec la capitale le 5 juillet en décidant de ne plus exécuter les décrets de la Convention. Le 17 juillet, Châlier - futur « martyr de la liberté » - est condamné à mort en réponse aux décrets parisiens qui destituent les dirigeants lyonnais, invitent les individus entrés à Lyon depuis le 29 mai à en sortir et ordonnent à l'armée des Alpes d'y rétablir les « lois de la République ». La ville est isolée, et le département du Rhône-et-Loire, divisé en deux le 12 août. Le siège, terrible, qui a commencé le 8 août, n'est total qu'en septembre et se traduit par un bombardement incessant, tandis que le blocus provoque une grave disette.
Plus terrible encore est la répression qui suit la reddition du 9 octobre, et que laisse augurer le fameux arrêté de la Convention du 12 octobre qui change le nom de Lyon pour celui de « Ville-Affranchie », ordonne la démolition de « tout ce qui fut habité par le riche » et s'achève sur ces termes : « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n'est plus. » Trois commissions, qui se relaient du 11 octobre 1793 au 6 avril 1794, condamnent à mort environ 2 000 personnes, fusillées ou guillotinées. Des exécutions collectives (au moyen de canons chargés à mitraille), qui ont lieu dans la plaine des Brotteaux, et dont seront rendus responsables les représentants en mission Fouché et surtout Collot d'Herbois, frapperont durablement les mémoires. Cette féroce Terreur rouge explique la non moins féroce Terreur blanche qui sévit à Lyon au lendemain de la chute de Robespierre.