aventure militaire engagée sous le Second Empire, en 1861, et qui se solde par un cuisant échec.
La guerre civile entre les conservateurs cléricaux et les libéraux laïques du président Benito Juárez García bloque l'exploitation des riches mines mexicaines. Or, Napoléon III s'y intéresse, d'autant que la France manque d'argent-métal. En outre, Juárez ne reconnaît pas les dettes de l'État mexicain ; des Français sont ainsi lésés, et un banquier suisse, Jecker, réussit à attirer l'attention du duc de Morny pour tenter de recouvrer ses créances. Après la confiscation des biens du clergé par Juárez, une intervention permettrait à la France de se concilier l'Église, malgré la « question romaine ». Un empire catholique, client de la France, équilibrerait l'influence anglo-saxonne sur le continent américain ; en offrir la couronne à un archiduc autrichien scellerait la réconcilation avec Vienne, battue mais ménagée après Solférino, et les États-Unis, plongés dans la guerre de Sécession, ne pourraient s'y opposer. L'expédition associe Londres et Madrid à Paris ; la première n'est toutefois favorable ni à une monarchie ni au clergé ; la seconde soutient la candidature d'un prince espagnol. Le désaccord éclate rapidement et la France reste seule.
Les combats sont durs ; la défense désespérée du fortin de Camerone le 30 avril 1863 en est le symbole, commémoré encore aujourd'hui par la Légion étrangère. Finalement, Mexico est pris le 7 juin ; une « assemblée de notables » place sur le trône Maximilien, frère de l'empereur François-Joseph et gendre du roi des Belges. Mais l'hostilité populaire a été sous-estimée, Juárez tient le nord et le sud du pays et Maximilien s'avère trop libéral pour le clergé. Les 28 000 hommes de Bazaine - le cinquième des armées françaises -, assistés par des unités belges, autrichiennes (et par l'armée locale tant que sa solde est versée), affrontent une guérilla généralisée. En mai 1865, la guerre de Sécession prend fin, et les États-Unis retrouvent toute leur influence. Le retrait des Français est annoncé le 15 janvier 1866. La victoire de Juárez est inéluctable ; Maximilien est fait prisonnier et fusillé à Querétaro le 18 juin 1867, événement immortalisé par un tableau de Manet.
Pour la France, l'argent ayant afflué comme prévu, l'expédition est un revers, non une catastrophe. Reste que le ministre Rouher a clamé qu'elle était « la plus grande pensée du règne », ce que Flaubert, moqueur, intègre au Dictionnaire des idées reçues. Le régime n'a pu expliquer tous les motifs d'une affaire que Jules Favre dit montée « au profit d'un prince étranger et d'un créancier suisse », et l'échec l'affaiblit face à son opinion publique et face à l'Europe.