Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

métropolitain. (suite)

Le développement des conurbations régionales et l'accroissement du trafic automobile ont encouragé nombre de villes ou d'agglomérations à développer des réseaux de métro avec des techniques adaptées et modernisées : Val automatisé à Lille (1983), à Toulouse (1993) et à Rennes (2002), Maggaly à Lyon (1992), rames sur pneumatiques à Marseille (1992), métrobus aérien à Rouen (1994). D'autres villes - Bordeaux, Caen, Grenoble, etc. - ont en projet des réalisations, repoussées en raison de coûts jugés prohibitifs en période de budgets resserrés.

Mexique (expédition du),

aventure militaire engagée sous le Second Empire, en 1861, et qui se solde par un cuisant échec.

La guerre civile entre les conservateurs cléricaux et les libéraux laïques du président Benito Juárez García bloque l'exploitation des riches mines mexicaines. Or, Napoléon III s'y intéresse, d'autant que la France manque d'argent-métal. En outre, Juárez ne reconnaît pas les dettes de l'État mexicain ; des Français sont ainsi lésés, et un banquier suisse, Jecker, réussit à attirer l'attention du duc de Morny pour tenter de recouvrer ses créances. Après la confiscation des biens du clergé par Juárez, une intervention permettrait à la France de se concilier l'Église, malgré la « question romaine ». Un empire catholique, client de la France, équilibrerait l'influence anglo-saxonne sur le continent américain ; en offrir la couronne à un archiduc autrichien scellerait la réconcilation avec Vienne, battue mais ménagée après Solférino, et les États-Unis, plongés dans la guerre de Sécession, ne pourraient s'y opposer. L'expédition associe Londres et Madrid à Paris ; la première n'est toutefois favorable ni à une monarchie ni au clergé ; la seconde soutient la candidature d'un prince espagnol. Le désaccord éclate rapidement et la France reste seule.

Les combats sont durs ; la défense désespérée du fortin de Camerone le 30 avril 1863 en est le symbole, commémoré encore aujourd'hui par la Légion étrangère. Finalement, Mexico est pris le 7 juin ; une « assemblée de notables » place sur le trône Maximilien, frère de l'empereur François-Joseph et gendre du roi des Belges. Mais l'hostilité populaire a été sous-estimée, Juárez tient le nord et le sud du pays et Maximilien s'avère trop libéral pour le clergé. Les 28 000 hommes de Bazaine - le cinquième des armées françaises -, assistés par des unités belges, autrichiennes (et par l'armée locale tant que sa solde est versée), affrontent une guérilla généralisée. En mai 1865, la guerre de Sécession prend fin, et les États-Unis retrouvent toute leur influence. Le retrait des Français est annoncé le 15 janvier 1866. La victoire de Juárez est inéluctable ; Maximilien est fait prisonnier et fusillé à Querétaro le 18 juin 1867, événement immortalisé par un tableau de Manet.

Pour la France, l'argent ayant afflué comme prévu, l'expédition est un revers, non une catastrophe. Reste que le ministre Rouher a clamé qu'elle était « la plus grande pensée du règne », ce que Flaubert, moqueur, intègre au Dictionnaire des idées reçues. Le régime n'a pu expliquer tous les motifs d'une affaire que Jules Favre dit montée « au profit d'un prince étranger et d'un créancier suisse », et l'échec l'affaiblit face à son opinion publique et face à l'Europe.

Michel (Louise),

figure du mouvement révolutionnaire (Vroncourt-la-Côte, Haute-Marne, 1830 - Marseille 1905).

Fille naturelle d'une servante et de l'héritier du lignage aristocratique des de Mahis, elle grandit au château de ces derniers, où elle reçoit une excellente éducation. Elle devient institutrice, en 1853, à Audeloncourt (Haute-Marne). En 1856, elle s'installe à Paris, où elle est engagée dans une pension pour jeunes filles, avant d'ouvrir sa propre école à Montmartre, école libre puisque Louise Michel refuse de prêter serment à l'empereur. Son métier est en effet pour elle le moyen d'offrir aux humbles l'instruction qui doit les aider à se battre contre l'oppression. À cette époque, elle poursuit aussi sa correspondance avec Victor Hugo, inaugurée par l'envoi au maître de ses poésies d'adolescente, et fréquente les milieux utopistes et anarchistes où elle se lie notamment avec Jules Vallès et Henri Rochefort, partageant avec eux l'idéal de la lutte contre l'injustice et la misère. Présente à leurs côtés durant la Commune, ambulancière aussi bien que combattante énergique, elle est surnommée « la Vierge rouge ». Après avoir échappé aux massacres de la Semaine sanglante, elle comparaît devant le tribunal militaire de Versailles, qui la condamne à l'exil perpétuel : en 1873, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie, où elle dénonce l'oppression dont sont victimes les Canaques. Après l'amnistie de 1880, elle regagne l'Europe et s'engage dans une longue suite de conférences et de combats en faveur de la cause anarchiste, ce qui lui vaut trois condamnations (1883, 1886, 1890). Elle meurt à Marseille au cours de l'une de ses tournées, et est inhumée à Levallois-Perret. Elle laisse de nombreux écrits, dont des Mémoires (1886) et la Commune, histoire et souvenirs (1898).

Michelet (Jules),

historien et écrivain (Paris 1798 - Hyères 1874).

L'historien de l'âge romantique par excellence a été toute sa vie hanté par quelques idées-forces : la vie, le peuple, la justice. Fils d'un imprimeur parisien ruiné par la censure impériale, il fait de brillantes études, est reçu à l'agrégation de lettres en 1821, et entame sous la Restauration une carrière d'enseignant : il est professeur de philosophie et d'histoire au collège Sainte-Barbe et à l'École normale supérieure, et précepteur de la petite-fille du roi Charles X. Il appartient au groupe de penseurs libéraux de Victor Cousin et se lie d'une amitié durable avec Edgar Quinet. C'est à travers Cousin qu'il découvre et adapte en 1827 les Principes de la philosophie de l'histoire du Napolitain Giambattista Vico. L'interprétation très personnelle de l'œuvre de Vico par Michelet fonde sa conception et sa pratique d'une « histoire-résurrection », expression générale de l'élan vital d'un peuple entraîné par un « puissant travail de soi sur soi » vers un avenir de justice, de liberté et de progrès.