ensemble des officiers domestiques au service du roi.
Aux XIe et XIIe siècles, la cour reste un ensemble assez flou, où les domestiques du souverain côtoient les vassaux qui le conseillent, et où les grands officiers de la couronne - sénéchal, bouteiller, chambellan, connétable et chancelier - continuent à jouer un rôle de premier plan. C'est à partir du XIIIe siècle que l'Hôtel du roi s'individualise plus nettement et prend, dans sa composition aussi bien que dans ses structures, sa forme achevée. Confiés à des spécialistes chevronnés qui y accomplissent toute leur carrière, les offices domestiques constituent autant de métiers : paneterie, échansonnerie (pour le service du vin), cuisine, fruiterie, écurie, fourrière et chambre assurent, sous la conduite du maître d'hôtel et sous le contrôle financier de la Chambre aux deniers, le confort matériel de tous ceux qui entourent le roi. Si le connétable prend la tête des armées, le titre de sénéchal n'est plus porté à partir de 1191, sous le règne de Philippe Auguste, tandis que le bouteiller est appelé plus tard à présider la Chambre des comptes, avant de disparaître à son tour (1449), et que le chambellan reste confiné dans des activités purement domestiques. L'essentiel des fonctions gouvernementales repose donc alors sur le chancelier : responsable de la rédaction des actes royaux, il est aussi le gardien des Sceaux et, à ce titre, dispose d'une mission de contrôle et de conseil qui peut l'amener à adresser des remontrances au souverain. Collaborateur le plus proche de ce dernier, il le remplace durant ses absences.
Mais le nombre sans cesse croissant des affaires qui aboutissent à l'Hôtel du roi nécessite le recours à des techniciens : auprès du monarque et du chancelier se multiplient ainsi des spécialistes de l'écrit, qui, chargés des problèmes les plus brûlants, doivent « le secret taire » (c'est peut-être l'origine du terme « secrétaire »). Les maîtres des requêtes de l'Hôtel du roi reçoivent et tranchent les plaintes et les appels dont, en vertu de sa justice « retenue », le souverain entend bien se saisir. Ainsi s'explique le fait que clercs et chevaliers s'effacent au profit des légistes nourris de droit romain, parmi lesquels le roi choisit les serviteurs dévoués qui peupleront les différents organes de l'administration centrale et locale.
Véritable centre du pouvoir, l'Hôtel du roi compte plusieurs centaines de membres dès la fin du XIIIe siècle ; les effectifs vont s'accroître : les queux, « potagers » et autres sauciers qui composent l'office de cuisine passent de 27 en 1285 à 73 un siècle plus tard, et les secrétaires attachés au roi, qui n'étaient que 3 en 1316, se retrouvent au nombre de 59 sous Louis XI. S'y ajoutent, au moins pour les offices domestiques, les « maisons » particulières qui se constituent peu à peu autour de la reine et des « enfants de France ». Pour s'attacher ces compétences multiples et variées, le roi doit verser des gages qui supposent une ponction notable sur ses revenus : vers 1250, ses débours ne sont encore que de 37 000 livres, que l'on peut aisément tirer du domaine ; mais, en 1329, ils se montent à 310 000 livres, et l'on doit alors recourir aux contributions levées en raison des guerres pour permettre au roi de maintenir son rang.