Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Briand (Aristide), (suite)

L'apôtre de la paix.

• C'est en septembre 1921 que Briand, confronté à la question des réparations dues par l'Allemagne au titre du traité de Versailles, abandonne la politique de fermeté et opte pour la négociation. Lors de la conférence de Cannes de janvier 1922, cette attitude, approuvée par les gauches radicale et socialiste, suscite une levée de boucliers à droite, qui contraint Briand à la démission. Son retour aux Affaires étrangères dans le cabinet Painlevé en avril 1925 s'avère décisif. Briand se maintient au Quai d'Orsay jusqu'en janvier 1932 (à l'exception de brèves interruptions), en tant que président du Conseil ou dans différents ministères, dont ceux de Raymond Poincaré (juillet 1926-juillet 1929). Il mène une politique extérieure fondée sur trois principes : détente internationale, sécurité collective et rapprochement franco-allemand. Après les accords de Locarno de 1925, des négociations entre Briand et Gustav Stresemann aboutissent à l'entrée de l'Allemagne à la Société des nations (SDN), le 4 septembre 1926. En 1928, ayant lancé un appel à l'opinion publique américaine en faveur de la paix, Briand est l'initiateur d'un pacte qui met la guerre « hors la loi ». Le pacte Briand-Kellogg marque le triomphe de celui qui, après avoir reçu le prix Nobel en 1926, est surnommé « l'apôtre de la paix ». En septembre 1929, à la tribune de la SDN à Genève, Briand propose de créer « une sorte de lien fédéral » entre pays d'Europe. Ce projet est vite abandonné. Après son échec à l'élection présidentielle en mai 1931, Aristide Briand se retire de la vie politique en janvier 1932 et meurt quelques mois plus tard (7 mars).

Briçonnet (Guillaume),

évêque de Meaux (Paris, vers 1470 - Château d'Esmans, Seine-et-Marne, 1534).

Fils de Guillaume Briçonnet, homme de confiance de Louis XI, et de Raoulette de Beaune, sœur du financier Jacques de Beaune de Semblançay, Guillaume Briçonnet naît dans le milieu des financiers au service du roi de France. Après des études au collège de Navarre, où il a pour professeur Jacques Lefèvre d'Étaples, maître de la Renaissance humaniste, il devient président de la Chambre des comptes en 1495, puis abbé de Saint-Germain-des-Prés en 1507. C'est là qu'il accueille Lefèvre d'Étaples et ses disciples, qui prônent la réforme de l'Église romaine. Lorsqu'il est nommé évêque de Meaux en 1516, ce petit groupe le suit et forme le « cénacle de Meaux ». Sous l'inspiration de ses compagnons, Guillaume Briçonnet diffuse dans son diocèse des traductions de la Bible en français, permet aux laïcs de prêcher et se montre partisan d'une pratique spirituelle plus libre, proche d'un mysticisme personnel. C'est en tout cas ce qui transparaît de sa correspondance avec la sœur du roi François Ier, Marguerite de Navarre, dont il est le directeur de conscience. Mais, à partir de 1525, le cénacle de Meaux se désagrège. Dépassé par l'ampleur d'un mouvement dont il a permis le développement, Guillaume Briçonnet se rallie en 1528 aux thèses de l'Église établie, mettant fin à tout espoir de réforme interne à l'Église catholique, ses protégés trouvant refuge auprès de la cour de Marguerite de Navarre.

Brigades internationales,

unités de volontaires organisées par l'Internationale communiste pour aider la République espagnole contre l'insurrection franquiste, de 1936 à 1938.

En règle générale, les combattants rejoignent l'Espagne par le Roussillon, seule frontière libre. Leur nombre est évalué entre 30 000 et 40 000 hommes, sans compter les étrangers déjà présents en Espagne, ceux qui sont arrivés alors que les partis communistes affirmaient encore que l'Espagne n'avait besoin que de matériel et de spécialistes, ou ceux qui, après la création des brigades en octobre, choisissent des unités proches des anarchistes ou de l'extrême gauche : le total peut s'élever à 75 000 hommes, dont 8 500 à 15 400 Français. En 1936, ceux-ci représentent entre le tiers et la moitié des brigades elles-mêmes, puis baissent jusqu'à 15 % après l'arrivée d'autres volontaires. Une brigade reçoit le nom de « La Marseillaise », et l'on trouve des bataillons appelés « Commune de Paris », « 6 Février » ou « Henri Barbusse ». S'y ajoutent, venus de France, des réfugiés allemands, des émigrés d'Europe centrale et plus de la moitié des 5 000 Italiens recensés. Les délégués de l'Internationale, tel Josip Broz (Tito), centralisent les volontaires à Paris, malgré les protestations de la droite et l'embarras du gouvernement. Enfin, la ligne politique est supervisée par des Français, François Billoux, Lucien Geumann et André Marty, lequel dirige la formation et l'entraînement avec une dureté qui lui vaut le surnom de « boucher d'Albacete » ; les brigadistes sont soumis à une discipline très dure par leur commandement, dominé par les communistes (il y a d'assez nombreux cas d'exécution). Même si l'on ne compte jamais plus de 15 000 « Internationaux » au combat simultanément, leur rôle est capital : soutien moral, apport de troupes de choc dès 1936 pour défendre Madrid, et modèle pour l'armée espagnole, d'autant que les cinq brigades comportent une moitié d'autochtones. Leur épopée est célébrée en particulier par André Malraux, organisateur de l'escadrille España, dans l'Espoir, roman (1937) et film (1938).

Après la dissolution des Brigades internationales en octobre 1938, censée inciter au retrait des Italiens et des Allemands combattant pour Franco, nombre d'étrangers ne peuvent quitter l'Espagne, faute de papiers. Repliés en France en 1939, lors de la victoire franquiste, ils y sont internés avec les républicains espagnols réfugiés dans des camps de concentration (Gurs ou Argelès-sur-Mer). Français ou étrangers, maints volontaires se retrouvent dans la Résistance, tels Pierre Georges (le futur colonel Fabien) ou Rol-Tanguy, les deux engagements marquant la même volonté de lutte, même si l'expérience espagnole, relevant de la guerre conventionnelle, n'a pas directement préparé à la guérilla et à la clandestinité.

Brisson (Henri),

homme politique (Bourges, Cher, 1835 - Paris 1912).

Candidat malheureux à l'élection présidentielle, battu par Jean Casimir-Perier en 1894, puis par Félix Faure en 1895, brièvement président du Conseil en 1885 et en 1898 où il se montre conciliant envers les antidreyfusards, Brisson n'a guère impulsé de réformes, sinon le passage de l'indemnité parlementaire à 15 000 francs, mesure qui eut pour effet non recherché d'alimenter l'antiparlementarisme. Pourtant, il ne mérite pas le mot de Clemenceau, qui voit en lui un « faux col et rien dedans ». Radical, il prône la prudence dans l'application du programme républicain et se rapproche des « opportunistes », mais lance le slogan « Pas d'ennemi à gauche » et demande, dès 1871, l'amnistie des communards. Député de la Seine, du Cher, puis des Bouches-du-Rhône, de 1871 à sa mort, il préside la Chambre à quatre reprises - treize ans et neuf mois en tout - à partir de 1881. Antiboulangiste résolu, très impartial et très intègre président de la commission d'enquête sur le scandale de Panamá, il se rallie au dreyfusisme ; il sauve, en 1899, le cabinet Waldeck-Rousseau lors de sa formation en faisant à la tribune, dit-on, le signe maçonnique de détresse, ralliant ainsi maints députés issus des loges dont il est un haut dignitaire. Anticlérical, ennemi des congrégations, précurseur du combisme, il préside avec Léon Bourgeois et René Goblet le congrès de fondation du Parti radical en 1901. C'est dire que, s'il ne marque pas vraiment la IIIe République d'avant 1914, il en est une incarnation et un symbole.