Montlosier (François Dominique de Reynaud, comte de), (suite)
À la fois officier militaire, propriétaire et homme de lettres, Montlosier représente, au début de la Révolution, un courant politique méconnu de l'Assemblée constituante, qui se situe entre les « aristocrates purs », partisans de l'absolutisme, et les monarchiens, favorables à une monarchie à l'anglaise. Comme ces derniers, il prône un pouvoir royal fort et le bicamérisme, mais ce lecteur assidu de Montesquieu demeure attaché aux corps intermédiaires (noblesse, clergé, parlements...) et à leurs privilèges honorifiques, et ne cessera de regretter le doublement du tiers état aux états généraux de 1789 et la réunion des trois ordres dans la nouvelle Assemblée nationale. Ami de Cazalès et de Malouet, qu'on le définisse comme un aristocrate libéral ou comme un monarchien conservateur, Montlosier témoigne des divisions au sein de la Contre-Révolution. Lorsqu'il fait son entrée à la Constituante, en septembre 1789 - élu député suppléant, il remplace un démissionnaire -, les monarchiens sont déjà défaits, et ce membre du Club monarchique, où les extrémistes l'emportent, tente - en vain - d'imposer ses vues à l'Assemblée dont il est un orateur important. Après avoir émigré à Coblence et combattu dans l'armée des princes en 1792, il s'installe à Londres, où il se fait journaliste. Rallié au Consulat, il rentre en France en 1802, traverse les régimes successifs en rédigeant divers ouvrages sur la Révolution - mais aussi en attaquant violemment les jésuites à partir de 1825 - et termine son original engagement politique en entrant à la Chambre des pairs (1832).