Lumière (les frères),
ingénieurs et industriels, inventeurs du Cinématographe. Auguste (Besançon 1862 - Lyon 1954) et Louis (Besançon 1864 - Bandol 1948) sont les fils d'un industriel franc-comtois spécialisé dans la fabrication de matériel photographique, et prennent une grande part dans la gestion de l'entreprise familiale.
Tandis que les intérêts du premier vont plutôt vers la chimie et la recherche médicale - biologiste de renom, il expliquera certains phénomènes comme l'asthme et l'anaphylaxie par des perturbations physiochimiques -, le second se consacrera jusqu'à la fin de ses jours à des travaux sur la photographie et le cinéma. Auguste n'a d'ailleurs jamais caché que l'invention du Cinématographe revenait presque exclusivement à Louis. Il s'agit d'ailleurs moins d'une « invention » que d'une géniale intuition permettant d'intégrer et de dépasser les travaux antérieurs d'Étienne Jules Marey, Georges Demenÿ ou Thomas Edison. En mettant au point un appareil capable à la fois d'enregis-trer, de développer les négatifs et de projeter les films, Louis Lumière synthétise les résultats de ses prédécesseurs et permet l'exploitation industrielle du nouveau procédé.
L'ère du cinéma s'ouvre le 28 décembre 1895, avec la première projection publique au Salon indien du Grand Café, à Paris.Les deux frères présentent alors leur premier film, la Sortie des usines Lumière. Malgré les offres, la société Lumière décide de ne pas vendre l'appareil et d'en assumer elle-même l'exploitation. Après avoir tourné quelques petits films - l'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat, l'Arroseur arrosé, le Repas de bébé -, qui sont pour l'essentiel de courtes bandes prises sur le vif, Louis Lumière, devant le succès inespéré de son invention, forme des opérateurs qui sillonneront le monde entier et en rapporteront des séquences de toutes sortes (cérémonies officielles, paysages grandioses, carnavals). Ainsi naissent les actualités et le reportage.
De 1896 à 1898, la société Lumière produit plus de 800 films. Après 1898, face à une concurrence américaine de plus en plus rude, elle se désengage de la production. Louis Lumière, dès lors, se consacre exclusivement à la recherche, perfectionnant l'écran géant, déposant un brevet pour le cinéma stéréoscopique (1900), mettant au point le premier procédé de photographie en couleurs (1903). En 1935, son procédé de cinéma en relief est communiqué à l'Académie des sciences, et la première a lieu l'année suivante. Chercheur passionné, il aura laissé à d'autres le soin d'exploiter commercialement son invention et d'en explorer les possibilités esthétiques.
Lumières
Le terme « Lumières » désigne à la fois un mouvement d'idées qui s'affirme durant le XVIIIe siècle, et le siècle marqué tout entier par son style.
Il peut s'inscrire aussi dans la dynamique de plus longue durée qui substitue à un monde social et culturel clos fondé sur la répétition, la hiérarchie et l'obéissance, une modernité ouverte au changement, à l'individualité et à l'autonomie.
Cette tendance générale entraîne une crise des valeurs traditionnelles qui prend l'aspect d'une laïcisation des opinions et des modes de vie : d'une part, on assiste à la désacralisation des principes religieux et monarchiques ; de l'autre, à une réhabilitation de l'homme et de l'existence terrestre. Culturellement, elle accélère une transition, de la croyance au savoir, de la transmission orale et du respect des permanences à l'opinion individualisée, au jugement rationnel, à la connaissance livres que et à la confiance dans le progrès. Cette tendance est sensible dans l'ensemble de l'Europe, où l'Angleterre parle d'Enlightenment, l'Allemagne d'Aufklärung, l'Espagne de Siglo de las luces, l'Italie d'Illuminismo, etc., mais elle prend une forme spécifique en France, vieux pays gallican miné par les conflits entre jésuites et jansénistes, entraîné vers l'anticléricalisme ; pays centralisé aussi, où la réforme ne passe finalement que par des bouleversements révolutionnaires.
Principes
Primauté de la raison.
• L'image qui désigne ce mouvement d'idées dans toutes les langues européennes est celle de la raison considérée comme lumière naturelle, par opposition à la foi comme lumière surnaturelle, ou bien celle de l'entendement comme travail d'explicitation, comme dynamique d'éclaircissement. La langue française insiste sur le pluriel et la diversité des conquêtes de la raison ; les langues anglaise et allemande, sur le moteur et le mouvement de cette compréhension rationnelle. Voltaire intitule la Raison par alphabet l'une des éditions de son Dictionnaire philosophique.
Cette raison caractérise la philosophie, qui, de servante de la théologie, devient connaissance autonome du monde et des hommes. Fondée sur l'expérience et le raisonnement, la philosophie continue à désigner, au XVIIIe siècle, l'ensemble des savoirs, mais infléchi dans le sens d'une utilité pratique, d'une action concrète sur la vie des hommes. Elle peut donc se réclamer conjointement de systèmes philosophiques qui sont exclusifs l'un de l'autre du strict point de vue de l'histoire de la philosophie, mais qui se contaminent dans la réalité des textes et des mentalités. Les philosophes des Lumières sont héritiers du rationalisme de Descartes, qui proclame l'autonomie de l'individu doué de sa seule raison et de ses idées innées, et de l'empirisme de Locke, qui fait dépendre la pensée de l'information sensible et de l'expérience. Ils s'affirment par opposition à la tradition reçue sans jugement, aux préjugés acceptés sans discrimination, mais aussi à l'abstraction et aux systèmes, considérés comme pertes de la réalité. Ils se refusent à la métaphysique, incertaine et indécidable, au nom d'une saine physique, positive et tangible. « Philosophe » devient, au XVIIIe siècle synonyme de « partisan des Lumières ». Diderot nomme Pensées philosophiques sa réplique aux Pensées de Pascal, et Sedaine, le Philosophe sans le savoir sa présentation dramatique de l'homme concrètement vertueux, socialement efficace.