Charles X, (suite)
Émigration et ultraroyalisme.
• Dès le 17 juillet 1789, hostile aux réformes, le comte d'Artois donne le signal de l'émigration, et se réfugie en Allemagne, puis en Angleterre, où il rejoint son frère Louis, prétendant au trône, dès 1795, sous le nom de Louis XVIII. Depuis la mort de sa dernière maîtresse, la comtesse de Polastron (1804), il s'est sincèrement converti. La défaite de Napoléon lui permet de regagner la France. Nommé lieutenant général du royaume, il entre dans Paris, accueilli par Talleyrand, le 12 avril 1814, et œuvre au rétablissement des Bourbons. Durant la première Restauration, il se range, avec ses partisans (les verdets), aux côtés des ultraroyalistes, hostiles à la Charte. Au lendemain des Cent-Jours, Monsieur, successeur désigné du roi, conduit une opposition discrète mais constante à la politique de compro-mis menée par Louis XVIII et Decazes, et appuie, après l'assassinat du duc de Berry (1820), le retour des ultraroya-listes au pouvoir - avec Richelieu puis Villèle.
Le trône et la chute.
• Devenu roi à la mort de Louis XVIII, en 1824, Charles X, resté fidèle à l'ancien régime politique et à l'alliance du trône et de l'autel, mène avec fermeté et détermination une œuvre de réaction sociale, politique et religieuse qui témoigne d'une complète mésintelligence des transformations intervenues en France depuis la Révolution ; il se fait oindre et couronner à Reims, le 29 mai 1825. Le ministère Villèle fait voter, en 1825, une loi qui punit de mort le sacrilège, ainsi qu'une loi d'indemnisation des émigrés, puis, en 1826, une loi rétablissant le droit d'aînesse, qui sera repoussée par la Chambre des pairs. Devant la montée de l'opposition libérale et anticléricale, le roi appelle à la tête du ministère, en janvier 1828, l'avocat Martignac, qui entreprend quelques timides réformes (ordonnance sur les petits séminaires, juin 1828 ; loi libérale sur la presse), avant d'être remercié. En août 1829, Charles X forme un ministère de combat entièrement composé d'ultraroyalistes, autour du prince de Polignac, de La Bourdonnais et du maréchal de Bourmont. Le conflit avec la majorité libérale de la Chambre des députés, attachée aux libertés constitutionnelles et au principe de la responsabilité ministérielle (l'« adresse des 221 », mars 1830), est inévitable. Après l'échec de nouvelles élections, au terme d'une dissolution, et malgré le succès de la campagne d'Algérie (prise d'Alger, 5 juillet 1830), Charles X et ses ministres choisissent la voie de l'affrontement : ils promulguent quatre ordonnances, qui dissolvent à nouveau la Chambre, restreignent le nombre des députés et le droit de vote, et limitent la liberté de la presse. Au terme de trois sanglantes journées d'insurrection (les Trois Glorieuses, 27, 28 et 29 juillet 1830), les Parisiens obligent le roi à se retirer à Rambouillet, où il abdique, le 2 août, en faveur de son petit-fils Henri, duc de Bordeaux, avant de prendre à nouveau la route de l'Angleterre. Mais c'est son cousin Louis-Philippe d'Orléans qui lui succède en qualité de « roi des Français », alors que le dernier représentant légitime de la dynastie des Bourbons va mourir en exil, en terre autrichienne.