Lakanal (Joseph),
homme politique (Serres, Ariège, 1762 - Paris 1845).
Membre de la congrégation de la Doctrine chrétienne dès 1778, Joseph Lacanal est professeur de logique à Moulins lorsque la Révolution éclate. Alors que sa famille défend le pouvoir monarchique, il change l'orthographe de son patronyme et se fait élire sous le nom de Lakanal par le département de l'Ariège à la Convention. Siégeant avec les modérés, il n'en vote pas moins la mort de Louis XVI. Envoyé en mission dans le Sud-Ouest, il organise, entre autres, la levée des chevaux pour les armées et développe la manufacture d'armes de Bergerac.
Homme de terrain, déterminé dans l'action, il reste cependant avant tout l'auteur d'une œuvre de réorganisation de l'enseignement (en particulier dans le cadre du comité d'Instruction publique, qu'il préside) et des institutions culturel-les. En 1793, si Robespierre préfère le projet d'instruction national de Le Peletier à celui que Lakanal (en collaboration avec Sieyès et Daunou) avait élaboré, ce dernier n'en est pas moins à l'origine de la plupart des initiatives culturelles prises par la Convention, telles que la création de grandes écoles (École des langues orientales) et l'organisation scolaire à travers les écoles centrales et les écoles normales. Celles-ci devaient être la poutre maîtresse d'un système de formation d'instituteurs capables de transmettre sur l'ensemble du territoire de la nation les valeurs de la République. Lakanal influence également les orientations scientifiques et techniques de son temps en participant à l'évaluation du projet novateur de télégraphe optique de Chappe et en le soutenant. Soucieux de donner un nouvel élan à l'activité scientifique, il réorganise l'Observatoire de Paris. Il fait aussi adopter les décrets protégeant la propriété littéraire et artistique. Il est réélu à trois reprises au Conseil des Cinq-Cents, et son influence est à son zénith sous le Directoire. Chargé de désigner les 48 premiers membres de l'Institut, il devient lui-même membre de cette illustre assemblée en décembre 1795. Sa fortune politique est cependant contrariée sous le Consulat. Les postes qu'il occupe alors sont modestes. On le trouve successivement enseignant, économe dans un lycée, puis inspecteur du service des Poids et mesures. La Restauration et la promulgation de la loi sur les régicides en 1816 le contraignent à l'exil aux États-Unis. Il y devient président de l'université de Louisiane (1822-1823), puis planteur en Alabama. Membre de droit de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1834, il termine sa carrière dans cette institution après son retour en France en 1837.
Lally-Tollendal (Thomas Arthur, baron de Tollendal, comte de Lally, dit),
commandant général des troupes fran-çaises envoyées en Inde (Romans 1702 - Paris 1766).
D'origine irlandaise, Lally combat dans les armées de Louis XV lors des guerres des Successions de Pologne et d'Autriche. Au début de la guerre de Sept Ans, le roi lui confie la direction de l'expédition en Inde, à la tête de neuf vaisseaux commandés par le chef d'escadre d'Aché. Mais, en 1761, Pondichéry capitule face aux Anglais. Jugé responsable de la défaite, Lally est embastillé (août 1762), condamné à mort par le parle-ment de Paris, et décapité. Voltaire veut alors le réhabiliter (1773) avec l'appui de du propre fils du condamné (1778). En vain. Renvoyée devant les parlements de Rouen et Dijon, la condamnation est confirmée. Certes autoritaire, Lally heurtait souvent ses officiers de terre (Bussy) et de mer (d'Aché). Toutefois, il fut un bon militaire, s'emparant de Gondelour (3 mai 1758) et du fort Saint-David (2 juin). Son échec est surtout lié au repli de l'escadre de d'Aché sur l'île de France, qui le contraint à abandonner le siège de Madras (16 février 1759), à la perte de Surat (mars), puis à celle de Masulipatam (avril). Certes, les onze vaisseaux de d'Aché le ravitaillent à Pondichéry (15 septembre 1759), mais ils l'abandonnent dès le 27 ! Privé de secours, Lally capitule dans Pondichéry (15 janvier 1761) après neuf mois de siège. Lally ne méritait pas d'être exécuté pour trahison sur la place de Grève, et d'Aché pas davantage d'être promu vice-amiral.
Lamarque (Jean Maximilien, comte),
général et homme politique (Saint-Sever, Landes, 1770 - Paris 1832).
Lamarque entreprend une carrière militaire à l'âge de 21 ans. Combattant courageux, stratège habile, il se distingue à Fontarabie (1794), à Austerlitz (1805), puis en Italie, notamment à Gaète (1806) et à Capri, où il s'empare d'un fort réputé imprenable (1808). Nommé général de division en décembre 1807, il rejoint l'armée d'Italie, puis combat trois années durant contre les Espagnols (1811-1813). Après avoir été mis à l'écart par les hommes de la première Restauration (1814), il se lance aux côtés de Napoléon dans l'aventure des Cent-Jours. C'est à lui qu'est alors confiée la délicate mission de pacification de la Vendée (traité de Cholet, juin 1815). Après trois années de proscription au retour de Louis XVIII (1815-1818), il tente de se faire élire député. Il essuie une série d'échecs, avant de parvenir à ses fins en 1828, dans les Landes. Réélu en 1830, il applaudit à la révolution de Juillet, et siège à la Chambre entre la gauche et l'extrême gauche, parmi les libéraux démocrates. Patriote ardent, proche de son glorieux aîné La Fayette, il se fait le défenseur des nationalités opprimées, notamment des Polonais. Il reste en outre fidèle au souvenir impérial et dénonce inlassablement les conditions faites à la France au congrès de Vienne.
À sa mort, qui survient lors de la grande épidémie de choléra de 1832, il jouit en France d'une très grande popularité. Ses funérailles, qui se déroulent à Paris, entraînent les journées insurrectionnelles des 5 et 6 juin 1832.
Lamartine (Alphonse de),
écrivain et homme politique (Mâcon 1790 - Paris 1869).
Né dans une famille très chrétienne et nostalgique de l'Ancien Régime, il est un enfant choyé mais aussi un adolescent inquiet. Ses années de jeunesse sont marquées par une instabilité et des tensions entre le besoin très profond d'écrire et la quête d'une position sociale qui résoudrait des difficultés financières, un réel sens religieux et des amours chaotiques. Mais c'est la rencontre, sur les rives du lac du Bourget, de Julie Charles, jeune femme phtisique, qui sera décisive : sa mort précoce, en 1817, bouleverse Lamartine, lui inspirant les stances élégiaques et mélancoliques des Méditations poétiques (1820). Premier succès fulgurant du poète, cette œuvre très personnelle, bréviaire d'un « romantisme » naissant, dit aussi le trouble et la lassitude d'une société saturée de guerres et de gloire après un quart de siècle traversé de révolutions et de conquêtes impériales. Lamartine se fait ainsi le chantre de ce nouveau courant de sensibilité qui associe l'angoisse de la mort à la présence consolatrice de la nature, les incertitudes de la foi à un idéalisme qui transcende l'existence individuelle.