Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Polynésie française,

colonie française à partir de 1881, puis territoire d'outre-mer (TOM) depuis 1946, devenu collectivité d'outre-mer (COM) en 2003. En 2004, elle est dotée du statut de pays d'outre-mer qui donne une large autonomie en matière politique et judicaire et reconnaît les autorités coutumières, notamment dans les domaines de la justice et de l'éducation.

En 1842, le marin Dupetit-Thouars acquiert les îles Marquises puis, par un traité conclu avec la reine Pomaré IV, il établit le protectorat français sur le royaume de Tahiti et ses dépendances (île de Moorea, atolls des Tuamotu). En 1881, le roi Pomaré V ayant abdiqué, le protectorat est aboli et l'annexion de Tahiti, prononcée. Est alors constituée la colonie des Établissements français de l'Océanie (EFO), qui regroupe Tahiti et les îles Marquises, les îles Australes (à l'exception de Rurutu et Rimatara, qui seront annexées, respectivement, en 1900 et 1901), Rapa (1881), les Gambier (1882), puis les îles Sous-le-Vent à partir de 1898 (Huahine, Raiatea, Tahaa, Bora Bora et Maupiti). L'atoll désert de Clipperton, seule possession française dans le Pacifique nord, à 6 500 kilomètres de Tahiti, est rattaché administrativement à la colonie. Le coprah, les huîtres perlières et les phosphates (Makatea, site exploité jusqu'aux années 1960) constituent alors les principales ressources des EFO. Mais leur renommée tient d'abord à la place qu'ils conquièrent dans l'imaginaire des Français, à travers notamment l'œuvre picturale de Gauguin, la poésie de Victor Segalen ou les récits de voyage d'Alain Gerbault.

La colonie se rallie à la France libre dès 1940 et, en 1946, les EFO deviennent le territoire d'outre-mer de la Polynésie française, doté d'une assemblée territoriale et d'une représentation parlementaire. En 1957, en application de la loi-cadre dite « loi Defferre », le territoire acquiert une semi-autonomie avec un embryon d'exécutif (conseil de gouvernement). Son statut a été plusieurs fois modifié depuis lors, dans le sens d'un élargissement de son autonomie, notamment en 1977 et 1984. La population (estimée en 1995 à 212 000 habitants, dont les deux tiers sont de souche polynésienne, avec une forte minorité chinoise) tend à se regrouper massivement au chef-lieu : l'agglomération de Papeete rassemble un tiers du total des habitants. Représenté au Parlement par deux députés et un sénateur, le territoire comprend 48 municipalités et 5 districts (Îles Sous-le-Vent, îles du Vent, Tuamotu-Gambier, Australes, Marquises). Les divers archipels - d'une superficie totale de quatre mille kilomètres carrés - sont répartis sur une aire maritime de quatre millions et demi de kilomètres carrés, garantissant à la France une zone de pêche étendue et conférant au territoire une grande importance géopolitique. Les expériences atomiques menées par la France sur certains sites polynésiens ont occasionné des tensions avec les pays de la région (Australie, Nouvelle-Zélande, Fidji, etc.). Le tourisme connaît un développement notable (Marquises, Bora Bora), mais la fermeture prochaine du centre d'expérimentation nucléaire de Mururoa fait peser une menace sur le marché de l'emploi et sur les ressources du territoire.

Tout ceci favorise l'essor du mouvement indépendantiste qui remporte les élections territoriales en 2004.

polysynodie,

système de gouvernement par conseils mis en place au début de la Régence, de 1715 à 1718.

À la mort de Louis XIV, la situation intérieure et extérieure du royaume est difficile. L'autoritarisme de la politique royale a provoqué des rancœurs, en particulier dans les rangs de la haute noblesse, qui accepte mal d'être écartée des affaires et d'être reléguée dans une position honorifique. Dans un contexte de remise en cause de l'absolutisme et alors que le jeune souverain est encore mineur, les prétentions des grands du royaume risquent d'être menaçantes. Afin d'assurer une transition efficace, le Régent reprend l'idée - élaborée dans l'entourage du duc de Bourgogne, et dont le duc de Saint-Simon est l'un des inspirateurs - d'associer au gouvernement l'élite aristocratique et divers courants politico-religieux. Ces groupes sociopolitiques doivent se substituer aux secrétaires d'État et aux ministres, fonctions jusque-là occupées par des personnalités de la noblesse de robe. En faisant appel, dans un cadre de gouvernement « collégial », à l'élite « naturelle » du royaume, il s'agit de tempérer le système de gouvernement louisquatorzien. Par la déclaration de septembre 1715, Philippe d'Orléans institue sept conseils : Conseil général de régence, Conseil général des affaires du dedans, Conseil de conscience, Conseil de guerre, Conseil de marine, Conseil de finance, Conseil des affaires étrangères. En décembre 1715, il crée en outre le Conseil de commerce. Chaque conseil est composé d'une dizaine de personnes, la plupart issues de la haute noblesse (ducs de Bourbon, de Saint-Simon, d'Antin) ; parmi eux, il y a aussi des bâtards légitimés (Maine et Toulouse), des membres d'anciennes dynasties de grands commis (Torcy, Voysin) ou de la noblesse de robe (d'Ormesson), dont les compétences techniques restent nécessaires.

Mais le fonctionnement de ces conseils est entravé par d'incessantes querelles de préséance et par le caractère utopique de leurs aspirations aristocratiques dans la gestion des affaires de l'État. Cette solution transitoire a cependant permis à la Régence, dans une période délicate, de limiter certaines oppositions.

pomme de terre.

Originaire de l'Amérique andine, la pomme de terre est arrivée en Espagne vers 1560.

De là, elle est passée en Italie, en Allemagne et en Belgique, puis en Angleterre. Quant à son introduction en France, Olivier de Serres disait en 1600 qu'elle « est venue de Suisse en Dauphiné, depuis peu de temps ».

Dès 1601, Charles de L'Écluse note qu'elle est « si vulgaire en certains lieux d'Italie que l'on s'y nourrit de ses tubercules cuits avec de la viande de mouton, comme si c'était des raves ou des panais ». En France, Olivier de Serres prétend qu'on la prépare comme la truffe, avec laquelle il lui paraît aisé de la confondre. De fait, pendant plus d'un siècle, il est difficile de savoir si, lorsque les Français parlent de « truffe », ils désignent l'un ou l'autre aliment ; et ils appellent parfois « pomme de terre » le topinambour. Aucun livre de cuisine français ne mentionne la « pomme de terre » avant le milieu du XVIIIe siècle. Et, dans la plupart des régions où on la cultivait, il semble qu'elle ait servi à nourrir les cochons. Il faut attendre 1795 pour qu'un traité culinaire, la Cuisinière républicaine, lui soit consacré ; et le règne de Louis XVI pour que Parmentier, qui en a mangé en Prusse, la mette au goût du jour à Paris. Mais c'est indépendamment de l'action de ce dernier qu'elle est introduite, à la même époque, dans l'alimentation des paysans pauvres de plusieurs provinces de France : Dauphiné, Auvergne, Franche-Comté, Lorraine, Alsace, Pyrénées et côte bretonne. Dans la montagne vivaroise, un observateur écrivait en 1781 : « Depuis quelque temps on mange en hiver beaucoup de pommes de terre. » En Alsace, on les coupe en tranches qu'on fait sécher au four (comme les fruits), pour mieux les conserver. Dans les années 1770, « les laboureurs font du pain en mêlant la pomme de terre avec de l'avoine et des vesces ». Les Alsaciens l'accommodent aussi à la façon des Lorrains, cuites dans l'eau bouillante ou sous la cendre chaude ; ou cuites au lait avec du beurre frais et du lard. Au XIXe siècle, finalement, il n'y a pas une province qui n'ait au moins une spécialité à base de pomme de terre.