Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
S

sans-culottes, (suite)

L'échec de l'insurrection de prairial an III (mai 1795) marque la fin de l'intervention des sans-culottes dans la Révolution. Mais ils subsisteront dans la mémoire du mouvement ouvrier français, longtemps marqué par leur égalitarisme radical.

Sanson,

dynastie d'exécuteurs des hautes œuvres à Paris de 1688 à 1847.

Cadet désargenté, allié par mariage aux Jouënne, exécuteurs de Normandie, Charles Sanson (1635-1707) est à l'origine d'une véritable dynastie de bourreaux, qui comptera six générations. Il fait son apprentissage comme valet d'échafaud auprès de son beau-père avant d'obtenir en 1688 sa lettre de provision d'office pour la charge de Paris, le titulaire ayant été destitué pour faute professionnelle. Exécuteur des « hautes œuvres », c'est-à-dire de la « haute justice », celle qui applique la peine capitale, Sanson manifeste la puissance punitive du roi et la ritualise par le spectacle public de la mise à mort. D'où le statut ambigu de celui dont la charge fait le bras armé de la justice mais dont le métier fait un paria. Cette opprobre sociale, qui voue les bourreaux à se constituer en caste, ainsi que la vénalité et l'hérédité des offices expliquent la transmission de la charge entre les membres d'une même famille : en 1707, Charles Sanson II (1681-1726) succède à son père. Charles Jean-Baptiste (1699-1778) n'a, quant à lui, que 7 ans en 1726, lorsqu'il hérite la charge qu'il transmet de fait, sinon de droit, suite à une paraplégie, en 1754.

De la famille Sanson, Charles Henri (1740-1806) est le plus célèbre. L'évolution de la législation des peines modifie alors fondamentalement l'office du bourreau - la grande réforme de 1790 voit la suppression de la roue, l'uniformisation des peines -, mais c'est toujours le même homme qui l'exerce. Ainsi, celui qui, sous l'Ancien Régime, a décapité le comte de Lally ou le chevalier de La Barre (1766), sera aussi l'exécuteur de la justice révolutionnaire, faisant passer sous la guillotine près de trois mille condamnés, parmi lesquels Louis XVI. Avec l'adoption de la guillotine (1792), le rôle de Sanson se borne désormais sur le théâtre des châtiments à une figuration mécanique sans commune mesure avec l'ancien déploiement de la violence légale. Cet effacement du caractère spectaculaire s'affirmera encore avec l'arrêt de 1832 (l'échafaud devant être désormais placé aux portes des villes et non plus sur la place publique). Aussi Henri (1767-1840), qui reçoit la charge en 1795, ne participe-t-il plus activement aux exécutions et s'enrichit dans la médecine empirique et la petite chirurgie. Lorsque Henri Clément (1799-1889) lui succède en 1840, il délaisse son office, mène une vie dissolue. Incarcéré pour dettes il va jusqu'à gager la guillotine. Bourreau sans vocation ni instrument de travail, il est révoqué en 1847 et disparaît sous un nom d'emprunt. Ses Mémoires apocryphes (1862) contribueront à la légende d'une dynastie née dans le sang et achevée dans le fait divers.

Santerre (Antoine Joseph),

homme politique (Paris, 1752 - id. 1809).

Antoine Joseph Santerre est le fils d'un riche brasseur cambrésien installé à Paris. À l'âge de 20 ans, lui-même s'installe comme brasseur dans le faubourg Saint-Antoine, où ses compétences techniques et son sens des affaires en font un personnage important et reconnu. C'est sans la moindre hésitation qu'il se lance dans l'aventure révolutionnaire.

Bien qu'il soit désigné électeur, ce n'est pas grâce aux urnes que Santerre devient un chef politique, mais grâce à sa notoriété. Il est parmi les principaux meneurs de la prise de la Bastille, puis il fréquente les clubs, celui des jacobins et surtout celui des cordeliers. Officier de la Garde nationale, opposé à La Fayette, il voit sa popularité augmenter au rythme de la révolution populaire. Son action déterminante lors de la chute de la royauté, le 10 août 1792, en fait le commandant général de la Garde nationale. Dès lors, il délaisse ses affaires pour l'action politique. Après avoir été responsable du maintien de l'ordre à Paris, il est promu général et part combattre en Vendée, en mai 1793. Comme bien d'autres généraux sans-culottes, hormis la bravoure, il n'a pas de réelles compétences militaires et essuie de sérieux revers. Arrêté après l'élimination des chefs cordeliers, il est libéré par les thermidoriens. Santerre quitte alors la politique et refait fortune sous le Directoire en spéculant sur les biens nationaux. Mais il meurt ruiné et oublié sous l'Empire.

Sarcelles,

ville du Val d'Oise, située au nord de l'agglomération parisienne, et souvent considérée comme un symbole des constructions standardisées réalisées pendant les « Trente Glorieuses ».

Elle s'est en outre rendue célèbre à partir des années 1960 par la lutte de ses habitants contre les problèmes suscités par la vie dans les grands ensembles, problèmes vites appelés « sarcellitte ».

En 1954, une société immobilière filiale de la Caisse des dépôts et consignations - la SCIC - choisit cette commune rurale de 1 000 habitants pour y construire un programme de 13 000 logements. Le nouveau Sarcelles naît. Les locataires affluent, attirés par le confort et le loyer modique des logements, mais sont vite mécontents de leur environnement : pas de gare (avant 1965) ni de transports en commun, des écoles et des commerces rares et mal situés. L'insatisfaction grandit, et Sarcelles devient le symbole honni des grands ensembles naissants. Le Figaro (14 janvier 1960) parle de « silo à hommes, [...] univers concentrationnaire ». La même année (5 décembre), le Parisien libéré surenchérit : « Sarcelles, merveille des grands ensembles ! Géométrie glacée de blocs livides. Vertige de la technicité. »

Les habitants réagissent. Le maire communiste, élu en 1965, ouvre une négociation avec la SCIC, qui accélère la création d'équipements. La population s'accroît (51 803 habitants, en 1968) et se diversifie, notamment avec l'installation d'une importante communauté de juifs d'Afrique du Nord (aujourd'hui, 15 % de la population), originaires surtout de Tunisie, qui conservent à Sarcelles des réseaux de sociabilité actifs. Dans les années 1970, les grands programmes de logements étant achevés, la population se stabilise (57 121, en 1990), et la ville continue de s'équiper. Aujourd'hui, Sarcelles semble échapper aux problèmes les plus durs que connaissent nombre de banlieues.