Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

chroniques médiévales,

« œuvre consciente et élaborée d'un historien qui [...] tente de reconstruire la chronologie du passé », selon l'historien Bernard Guenée. La chronique fait partie des genres historiques du Moyen Âge, au même titre que les annales - simples notations des faits année par année - et les histoires, plus rhétoriques et moins soucieuses d'exactitude.

Mais ces distinctions se discutent et n'apparaissent pas toujours clairement. Le mot même de chronique revêt, à partir des XIIe et XIIIe siècles, un sens large incluant tout récit historique ; une acception reprise aujourd'hui.

Clercs, historiographes officiels, anonymes

• . Aux Xe et XIe siècles, les chroniques sont produites en latin par des institutions religieuses, monastères surtout, et chapitres cathédraux. Reims et l'abbaye de Fleury-sur-Loire s'affirment comme les grands centres de création historique. Les premières histoires dynastiques font leur apparition : au début du XIe siècle, Dudon de Saint-Quentin écrit sa Geste des Normands, travail de propagande pour les ducs de Normandie et première œuvre historique médiévale en vers.

Au XIIe siècle, l'histoire « sort » des monastères, avec l'affirmation des pouvoirs des Plantagenêts et des Capétiens. Benoît de Sainte-Maure rédige pour Henri II Plantagenêt une Chronique des ducs de Normandie rimée (vers 1174), et Guillaume Le Breton, clerc de la chapelle royale, retrace les Gesta Philippi Augusti (1216-1220), véritables célébrations de la victoire de Bouvines. Succédant à Fleury, l'abbaye de Saint-Denis s'impose comme le lieu de l'histoire royale et « nationale ». Les textes en langue vulgaire répondent à la demande d'un public noble qui ne maîtrise pas le latin. Au XIIIe siècle, ils rivalisent avec les chroniques latines. Même si la chronique en vers demeure, la prose devient le vecteur essentiel de la narration historique. L'intérêt des laïcs pour l'histoire nationale croît, et les croisades développent le goût du récit. Saint-Denis, poursuivant sa tradition historiographique, commence à produire ce qui deviendra les Grandes Chroniques de France (XIIIe-XVe siècle). Les ordres mendiants (XIIIe siècle), par leurs travaux collectifs, élaborent des œuvres considérables. Mais, en relation avec le développement urbain, de plus en plus de laïcs rédigent des textes d'histoire.

À la fin du Moyen Âge se multiplient les biographies domestiques mais aussi les journaux, tenus au jour le jour, tel le célèbre Journal d'un bourgeois de Paris (1405-1449). Dans le même temps, l'histoire s'officialise : la charge d'historiographe est créée par Charles VII pour Jean Chartier en 1437, et les ducs de Bourgogne, développant leur propre historiographie, ont aussi, au XVe siècle, leur historien officiel. L'humanisme redonne de la vigueur au latin, tandis que l'imprimerie bouleverse la production et la diffusion des livres. Signe du succès de l'histoire, le premier livre imprimé en français est un exemplaire des Grandes Chroniques de France (1476).

Un genre protéiforme

• . Les chroniques médiévales présentent aussi une grande diversité quant à leur contenu : certaines répondent à des intérêts locaux ; d'autres se veulent chroniques universelles, commençant à la création du monde pour atteindre le temps de l'auteur. Elles sont également très variées par leurs sources, allant de l'œuvre de première main - qui insère des documents de chancellerie dans le cours du récit - jusqu'aux abrégés ou compilations, très répandus.

Au Moyen Âge, l'histoire ne constitue pas un savoir autonome et les chroniques servent la morale, la théologie ou le droit auxquels se mêlent des fonctions politiques : exalter l'ancienneté d'un lignage ou d'une dynastie, affirmer les droits d'un prince ou d'un monastère. Même si le chroniqueur se proclame toujours soucieux de vérité, fiction et réalité se combinent aisément, tant par la description de l'histoire sainte que par la reproduction de stéréotypes évoquant des moments à la geste obligée, telles les batailles ou les cérémonies. Aujourd'hui, les historiens questionnent les chroniques tout autant pour ce qu'elles révèlent des structures sociales et mentales que pour les faits stricto sensu.

cidre.

Le pommier à cidre s'implante dans la campagne de Caen, le Cotentin et le pays d'Auge, au plus tard au XIIe siècle.

Cependant, le véritable succès du cidre ne s'amorce qu'au XVe siècle, quand la boisson commence à gagner la Haute-Normandie, le Maine, et la Bretagne, acquise pour l'essentiel avant la fin du XVIIe siècle. La possibilité de production locale facilite ce succès, surtout dû à un prix moindre que celui du vin : le pommier entre naturellement dans la polyculture, tandis que le cidre acquiert l'image d'un « breuvage pour maçons », distribué en particulier aux moissonneurs et aux batteurs. Sa consommation, populaire dans le Nord-Ouest, atteint son apogée entre le Second Empire et le milieu du XXe siècle. La production de pommes à cidre apporte de substantielles rentrées aux agriculteurs ; son commerce prend de l'ampleur et les cidreries à caractère industriel se développent. Existe alors une véritable culture du cidre, fondée sur un remarquable savoir-faire à chacune des phases essentielles : ramassage des fruits, subtil mélange des variétés, pressage et, après la fermentation, soutirage, un travail qui s'étale entre fin août et début mars. La réputation des fermes dépend dès lors largement de la qualité du cidre domestique. Cette production est toutefois profondément affectée par la réglementation antialcoolique qui, en 1953, limite la commercialisation et, en 1960, interdit la plantation des vergers de pommiers, alors même que la mécanisation de l'agriculture contraint à arracher les pommiers de plein champ. Il faut donc une politique très volontariste pour relancer la consommation d'un produit qui obtient, en 1996, pour le pays d'Auge et la Cornouaille, l'appellation d'origine contrôlée.

cimetière.

Dans l'Antiquité, les vivants ne doivent pas côtoyer les morts. Aussi, en Gaule romaine, les cimetières sont-ils situés à l'extérieur des villes.