Petit-Clamart (attentat du),
action terroriste organisée par un commando de l'OAS, le 22 août 1962, dans le but d'assassiner le général de Gaulle.
Entre 1960 et 1965, les partisans les plus déterminés de l'Algérie française élaborent de nombreux projets d'attentat contre le général de Gaulle : en premier lieu, par volonté d'enrayer la marche de l'Algérie vers son indépendance, jusqu'en juillet 1962 ; par simple désir de vengeance, ensuite. Ces projets n'ont pas été menés jusqu'à leur terme, à l'exception de ceux de Jean-Marie Bastien-Thiry, un ingénieur de l'armement de tradition catholique intégriste. Échappant à l'arrestation après l'échec d'une première opération, le 8 septembre 1961, il peut organiser une nouvelle embuscade : le 22 août 1962, ses complices, dissimulés dans deux véhicules, ouvrent le feu sur la voiture du chef de l'État. Par miracle, aucun des passagers - le général de Gaulle est accompagné de son épouse et de son gendre - n'est touché, et le chauffeur peut poursuivre sa route vers l'aérodrome de Villacoublay. L'attentat, qui scandalise les Français, est revendiqué par le CNR-OAS. Arrêté, Bastien-Thiry est jugé (avec plusieurs autres conjurés) par un tribunal militaire, condamné à mort, et exécuté le 11 mars 1963.
Conséquence inattendue de l'attentat, le général de Gaulle annonce, dès le 20 septembre 1962, son intention de réviser la Constitution pour instaurer l'élection du président de la République au suffrage universel. Les résultats du référendum qui s'ensuit et des élections législatives de l'automne 1962 montrent que les « régicides » de l'OAS, loin d'affaiblir le régime gaulliste, n'ont fait que le consolider.
Petit Journal (le),
quotidien créé en 1863 par Moïse Millaud.
Vendu un sou le numéro grâce à l'apport financier de la publicité, il obtient un succès considérable : les romans-feuilletons de Ponson du Terrail, de Jules Sandeau, d'Émile de Richebourg, les romans policiers de Gaboriau, les chroniques de Timothée Trimm (Léo Lespès) et les multiples faits divers relatés contribuent grandement à ses extraordinaires tirages (150 000 exemplaires en 1864, 300 000 à la fin du Second Empire, 700 000 en 1882 ; un million d'exemplaires chaque jour vers 1895-1900).
Les changements de régime ne font que multiplier le nombre de ses lecteurs et, si le Petit Journal reste bonapartiste jusqu'en 1870, il se convertit aux idées républicaines au lendemain du 4 Septembre. Racheté en 1872 par le publiciste Émile de Girardin et par Hippolyte Marinoni, le Petit Journal est dirigé par des maîtres de la presse populaire. L'opportunisme politique y est souvent de mise, les exagérations du reportage, du feuilleton ou de la chronique sont décuplées à partir de 1889, lorsque paraît le « Supplément illustré » hebdomadaire. Les feuilletons du quotidien y sont repris ; les gravures en couleurs occupent des pleines pages où apparaissent, pêle-mêle, altesses ou ambassadeurs, uniformes des armées françaises ou russes, incendie du Bazar de la Charité, affaire Zola, « oiseaux utiles » et « insectes nuisibles à l'agriculture ». Exemple d'une presse de masse typique du XIXe siècle, le Petit Journal, qui commence à perdre des lecteurs à la veille de la Première Guerre mondiale, survivra jusqu'en 1944.
Petite Entente,
nom donné à un système d'alliance défensive constitué, entre 1920 et 1922, par la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie, et que soutient la France.
Au début des années 1920, ces trois États d'Europe centrale ou balkanique craignent que la Hongrie ne remette en cause les traités d'après-guerre sur le démantèlement de l'Empire austro-hongrois, notamment le traité de Trianon (juin 1920) par lequel Budapest a dû céder des territoires à la Yougoslavie (Croatie, Slavonie), à la Roumanie (Transylvanie) et à la Tchécoslovaquie (Ruthénie, Slovaquie). D'abord tentée par une politique de soutien à la Hongrie, la France décide d'appuyer la Petite Entente en signant des traités avec chacun de ses membres : Tchécoslovaquie (25 janvier 1924 et 16 octobre 1925), Roumanie (10 juin 1926) et Yougoslavie (11 novembre 1927). Cet ensemble, fort de 43 millions d'habitants, constitue une alliance de revers contre l'Allemagne, une zone d'influence politique et de pénétration économique conformes aux responsabilités ambitionnées par la France. Mais il est fragile en raison de sa faible cohésion économique (d'où un projet de « bloc agricole » avec la Pologne, en 1930) et du caractère plus politique que militaire du soutien français. En outre, cette alliance ne vise que la Hongrie, alors que d'autres difficultés se posent avec d'autres pays voisins (différends entre l'Italie et la Yougoslavie sur l'Albanie et Fiume, entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie à propos des Sudètes, entre l'URSS et la Roumanie sur la Bessarabie, par exemple). Toutefois, la Petite Entente résiste au révisionnisme hongrois (1921), aux projets d'Anschluss économique (1931) ou de « pacte à quatre » (1933, elle se dote alors d'un conseil permanent). Après les vains efforts de Barthou pour renforcer la sécurité collective en Europe centrale en tentant d'y rallier l'URSS et l'Italie (1934), ce système se désintègre (1936-1937) puis révèle son impuissance face au démembrement de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne hitlérienne entre septembre 1938 (accords de Munich) et mars 1939.
peur.
Intemporel, le sentiment de la peur revêt naturellement des formes très diverses au fil de l'histoire.
Mais l'essentiel est ailleurs : dans la place que tient la peur dans les esprits, dans le rôle qu'elle joue parfois au cours de notre histoire - qu'on songe par exemple à la Grande Peur de 1789 -, et plus encore peut-être dans les réponses à la peur qu'apporte la culture.
Peurs « naturelles », peurs construites.
• Mort inéluctable, famine, peste, guerre, loups, voleurs, pollution, cancer, sida, fin du monde, subversion sociale,chômage : le catalogue de nos peurs à travers l'histoire serait illimité, et recouvrirait tout simplement l'ensemble des dimensions de la vie individuelle et collective que nous ne contrôlons pas. Certaines peurs ont une existence historique précise, car liées à des réalités conjoncturelles, comme la famine, alors que d'autres, associées en particulier à la mort et à ses diverses formes, traversent les siècles.