nom de la première civilisation d'agriculteurs néolithiques du midi de la France (sixième millénaire), dont la poterie est fréquemment décorée d'impressions de coquillages, notamment de coques (cardium edule).
La civilisation ou culture cardiale appartient, en fait, à un vaste ensemble, nommé parfois « impresso-cardial », qui s'étend le long des côtes de la Méditerranée centrale et occidentale, depuis la Grèce du Nord-Ouest, la Dalmatie, l'Italie, jusqu'en France et en Espagne, avec des implantations au Portugal et en Afrique du Nord. Ce sont les populations appartenant à cet ensemble qui introduisent dans ces régions l'agriculture et l'élevage, de tradition proche-orientale, se mêlant parfois aux indigènes, chasseurs-cueilleurs mésolithiques, dont elles adoptent quelques traditions techniques.
La culture cardiale est connue surtout par la fouille de grottes, mais celles-ci sont en général des abris temporaires ou des haltes de bergers. Il existe aussi de véritables villages aux maisons de bois et de terre. L'économie repose surtout sur l'élevage des moutons et des chèvres ; la chasse est également pratiquée, à l'aide de flèches en silex à extrémité tranchante, ainsi que la pêche en haute mer. La culture cardiale maîtrise de fait la navigation maritime, et toutes les îles de la Méditerranée sont accostées, voire peuplées, dès cette époque. Les poteries, de forme hémisphérique, sont décorées d'impressions de coquillages en zigzag. Au cours du temps s'affirme une tendance à la diminution du décor et à l'apparition d'autres techniques (pastilles, rainures, cordons d'argile) : on parle alors, pour le cinquième millénaire, d'« épi-cardial ». C'est d'ailleurs à cette époque que le cardial s'éloigne progressivement des zones littorales, pour remonter en France vers le nord, à la fois par la vallée du Rhône et le long des côtes de l'Atlantique. Il rencontrera alors l'autre courant d'introduction du néolithique, le « rubané », issu d'Europe centrale.